Accueil ACTUALITÉ CONSEIL DES MINISTRES : Qu’est-ce qui bloque les décisions ?

CONSEIL DES MINISTRES : Qu’est-ce qui bloque les décisions ?

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Nommé il y a moins de deux mois, directeur de cabinet à la présidence de la République, Abdelaziz Khellaf, vient d’être chargé par le président Abdelmadjid Tebboune, « d’évaluer les décisions émanant du Conseil des ministres déjà mises en œuvre et d’assurer le suivi de celles non encore exécutées ».

C’est une lourde tâche quand on sait que le Conseil des ministres s’est réuni en moyenne une fois par quinze jours depuis près de deux ans. Chaque réunion a été conclue par des décisions importantes pour la vie du pays, dans tous les domaines, avec des échéances pour leur concrétisation. La plupart des Algériens sont surtout attentifs à ce qui répond à leurs préoccupations directes, en particulier dans la vie quotidienne, pour lesquelles ils attendent des solutions immédiates. C’est le cas des situations de la hausse des prix de produits de base, comme, par exemple, depuis quelques semaines, pour la pomme de terre et le poulet. L’opinion publique est informée par un communiqué du contenu des réunions du Conseil des ministres et des décisions qu’il prend, appelées évidemment à être appliquées. L’efficacité de l’action du gouvernement est alors mise à l’épreuve. La crédibilité des pouvoirs publics est à ce prix.
La mission confiée à Abdelaziz Khellaf consistera, sans doute, d’abord, à vérifier si dans l’agenda des ministères, figure en bonne place et en priorité, le relevé des décisions du Conseil des ministres qui les concernent, chacun dans son domaine précis, avec les instruments de mise en œuvre comme le plan de travail, le tableau de suivi,…
On sait que les administrations centrales ont été affaiblies particulièrement durant les dernières années du pouvoir précédent, du fait des interférences de ce qui a été appelé «forces extraconstitutionnelles». Les ministères étaient déjà amoindris par les départs précoces à la retraite de cadres supérieurs, entraînant une hémorragie de compétences. Le rôle, lui-même, des ministères a fini par perdre de son importance, à cause de la démarche libérale fondée sur la conception du «moins d’Etat» donc moins de contrôle et, fatalement, plus de laisser-aller.
Très souvent, l’obligation de résultats a fini, insensiblement, par disparaître des méthodes de travail. Abdelaziz Khellaf, qui a accumulé une grande expérience durant les années 1970, dans le ministère de l’Industrie et de l’Energie, à un moment où l’administration était forte et le contrôle tatillon, est visiblement bien placé pour redonner plus d’efficacité à l’action du gouvernement. Fait significatif: au début de cette année, le chef de l’État en donnant son appréciation sur le travail du gouvernement y a relevé « du négatif et du positif». L’action du gouvernement devra être caractérisée par plus de «positif», si la mission confiée à Abdelaziz Khellaf est menée à bien. Cela signifie, pousser les secteurs concernés à aller sur une dynamique plus soutenue et accélérée, combler les lacunes et se débarrasser des lourdeurs administratives, ainsi que des anciens réflexes et habitudes qui semblent avoir la peau dure. Les évaluations mettront en avant les points forts ayant permis la traduction effective des décisions et projets et, plus important encore, identifieront les facteurs freinant l’application des directives ou la réalisation des projets, à la fois ceux qui relèvent de l’obstruction délibérée, pour divers motifs, ceux qui découlent de l’incompétence, et ceux qui sont liés aux conditions du terrain. Dans tous les cas, Abdelaziz Khellaf aura à réhabiliter et enraciner de nouveau la culture des bilans et des évaluations, pour corriger et améliorer le travail des personnes impliquées dans la concrétisation des décisions du Conseil des ministres. Enfin, il s’agit surtout de mettre en lumière ceux et celles, responsables, qui par leur gestion performante permettent d’atteindre des résultats concrets. Le travail et le mérite doivent reprendre le dessus.
M’hamed Rebah

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