Sur l’escalade marocaine contre l’Institution des Nations unies (ONU), les attaques contre son Secrétaire général Ban Ki-moon et son Envoyé personnel au Sahara occidental, Christopher Ross, jusqu’à l’expulsion du Sahara occidental du personnel du segment politique de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), le Royaume chérifien adopte la posture israélienne, dans son refus de se plier à la Légalité et au Droit internationaux.
L’espace, maghrébin en particulier et africain en général, risque de voir se développer un modèle israélien, par les dernières positions adoptées par Rabat, contre le processus onusien de décolonisation du Sahara occidental, lesquelles décisions sont «un précédent grave», porteur de risques majeurs sur la stabilité et la sécurité pour la région et l’Afrique. Pour le professeur à l’université d’Alger 3, le politologue Ahmed Kateb, par la décision unilatérale marocaine de mettre un terme, dans les territoires occupés du Sahara occidental, à la mission du personnel du segment politique de la Minurso, Rabat s’oppose «d’une manière frontale au Conseil de sécurité de l’ONU», a-t-il souligné. Et à son collègue, le professeur à l’université de Tizi-Ouzou, spécialiste du droit international, de s’interroger sur les raisons à l’origine de la décision des autorités coloniales marocaines de «se désengager du processus onusien, à travers, a-t-il souligné «le demantèlement de la Minurso» dans les territoires occupés. Les professeurs universitaires ont animé, hier à Alger, une conférence-débat sous le thème «La Volonté du Maroc pour mettre fin au processus de paix au Sahara occidental, à travers le demantèlement de la Minurso», au Centre culturel, Larbi-Ben-M’hidi, à l’initiative du collectif des journalistes algériens, solidaires avec le peuple sahraoui, en collaboration avec l’APC d’Alger-Centre, laquelle est en accord de jumelage avec la ville sahraouie, El-Ayoun. Après avoir fait un rappel sur l’historique du sahara occidental, concernant son inscription à l’ONU, en 1966, sur le registre des territoires non-autonomes, et donc soumise (l’inscription, ndlr) à processus de décolonisation, Ahmed Kateb a mis en avant les différentes missions assignées à la Minurso, selon la Résolution 690, adoptée par le Conseil de sécurité en 1991, dans le cadre du cessez-le-feu sous les auspices de l’ONU, entre le Front Polisario et le Maroc, pour la tenue du référendum d’autodetermination. Pour notre interlocuteur, déjà que la Mission de l’ONU, au Sahara occidental, avait pour mission premiere «d’organiser le référendum» pour que le peuple sahraoui décide, par lui-même, de son destin, selon la Résolution 1514, la Mission, depuis 1991, s’est limitée, principalement «à la surveillance du cessez-le-feu». Ce qui est, pour notre interlocuteur, un non-respect de la teneur et de l’énoncé de la Résolution 690 sur la Minurso. Soulignant, plus loin, que les autorités coloniales marocaines persistent à aller au contre sens de l’histoire de la colonisation, qui enseigne amplement sur l’échec de toute occupation qu’ont vécue les peuples, Rabat opte pour une position frontale avec la communaute et l’opinion internationales, et s’acheminant sur la voie d’un État «hors-la-loi», à l’exemple de l’entité sioniste. Sa posture considerée comme «un précédent grave», concernant la Légalite internationale, par la décision de Rabat de rompre unilatéralement ses «engagements» avec l’ONU et son Conseil de sécurité, en «ne se conformant plus à la Résolution 690», mais aussi jugée «très dangereuse», car elle menace la paix et la stabilité dans la région, et donc dans le monde.
De plus en plus acculée, par l’ancrage de la Cause sahraouie et ses échos, à travers le monde, au sien des institutions, des Cours de justice, de l’opinion, d’ONGs des droits de l’homme, de retrait des entreprises étrangères des territoires sahraouis occupés, car leurs activites economiques étaient en violation du Droit international, c’est parce que la nature et le caractère du conflit qu’il l’oppose au Front Polisario gagne de l’audience à plus d’un titre. Et c’est la Minurso qui a été la cible visée par le Maroc, au terme de ses attaques contre le SG de l’ONU, car la Résolution 690 definit sa mission fondamentale, qui est portée et visible dans la nomination de cette Mission, à travers la lettre «R», le référendum d’autodetermination, et donc un rappel que le Sahara occidental est sous colonisation marocaine.
Le Maroc n’agit pas seul…
De son côté, dans son intervention, le professeur Ammiri Tahereddine expliquant que le respect et l’application du Droit international est garant de la stabilité et de la paix dans le monde ; le Maroc «ne pouvait aller seul» dans son opposition au SG de l’ONU, puis le Conseil de sécurité, si celui-ci, poursuit-il, «n’avait pas le soutien, sans faille, de la France», pays, a-t-il rappelé, qui «défend ses interêts dans la région et en Afrique, en soutenant, ouvertement, la colonisation marocaine au Sahara occidental», a-t-il precisé. Indiquant que les entreprises françaises, près de 140, avance-t-il, activent «illégalement» au Sahara occidental, lequel territoire est inscrit, a-t-il rappelé, dans un processus de decolonisation. Pour notre interlocuteur, face aux appels et recommandations récurrents d’institutions, Union africaine, le Parlement européen, des organismes et des responsables de l’ONU, pour l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, Rabat, outre qu’elle est pointée du doigt, est rappelée à l’ordre sur ses pratiques coloniales, dans les territoires sahraouis occupés. Ce qui amène le professeur Ammiri de rappeler que les Conventions de Genève, sur les conflits, mettent le Maroc devant ses responsabilites en tant que force occupante, et donc comptable de ses violations du Droit international et humanitaire, selon notre interlocuteur. Étaient présents à cette conférence-débat, le chargé d’affaires à l’ambassade de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) M’hamed Echeikh, le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) Saïd Layachi, des professionnels des médias, d’historiens et d’ex-responsables à l’Institution militaire algérienne.
Pour le responsable sahraoui, si le Maroc persiste dans sa fuite en avant, dans son non-respect de la Légalite internationale et de son désengagement de ce qu’il est convenu dans la Résolution 690, M’hamed Echeikh réaffirme que «le peuple sahraoui est déterminé, plus qu’avant, à arracher son indépendance, et il est prêt au combat». Indiquant que les positions adoptées par le Maroc «c’est une déclaration de guerre», a-t-il relevé. Pour le président du CNASPS, «l’heure est grave», a-t-il lancé, avant d’avertir que «le Maroc et ses soutiens, dont la France, opère un complot», non seulement contre la Légalité internationale, mais aussi contre la paix et la stabilité dans le monde.
Karima Bennour