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Musique : Bob Dylan snobe le Nobel

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Vingt-quatre heures après avoir reçu le prix, et malgré un concert à Las Vegas, l’artiste américain n’a pas dit un mot sur sa prestigieuse récompense.

Tout le monde en parle… sauf lui ! Alors qu’il a reçu le prestigieux prix Nobel de littérature le 13 octobre, Bob Dylan reste muet quant à l’événement. Près de vingt-quatre heures après, l’académie suédoise n’avait « toujours pas » parlé vendredi avec la superstar, qui a pourtant donné un concert. « L’académie a parlé avec l’agent de Dylan et aussi le responsable de sa tournée », a expliqué à l’Agence France-Presse son chancelier Odd Zschiedrich. Mais pas moyen d’avoir une conversation avec le lauréat. D’après le Washington Post, qui a contacté des proches, « Dylan est resté silencieux toute la journée au sujet de sa récompense ». Un de ses amis, le chanteur Bob Neuwirth, a déclaré au quotidien américain qu’il « pourrait bien ne jamais même faire de remerciements ». Selon M. Zschiedrich, la situation n’est pas totalement inhabituelle. « C’est arrivé plusieurs fois, même à l’époque moderne, de ne pas avoir réussi à parler immédiatement au lauréat », assure-t-il. Mais le silence de la star pourrait être gênant pour l’académie qui doit défendre un choix audacieux et controversé. L’artiste américain se produisait pourtant le soir même à Las Vegas. Presque pas de titre mythique, pas une seule photo autorisée, pas même un « Bonsoir Vegas ! » : l’artiste est resté fidèle à lui-même, à la hauteur de son mystère. La surprise que lui soit décerné le prix Nobel de littérature a été totale dans le monde entier, mais ce soir il enchaîne les morceaux comme si de rien n’était. De « High Water (for Charley Patton) » au crépusculaire « Soon after Midnight », Bob Dylan, imperturbable, préfère jouer ses derniers albums, sortis au tournant du siècle. Pas de « Mr Tambourine Man », ni « Like a Rolling Stone », ni même « Subterranean Homesick Blues » : le lauréat du prestigieux prix a fait l’impasse sur son répertoire classique. Et ses 3 000 fans réunis dans cette salle du fastueux hôtel Cosmopolitan ont dû attendre le rappel pour entendre « Blowin’ in The Wind » (1963), la chanson peut-être la plus célèbre de tout son vaste répertoire.

Point d’honneur
« Mes trucs, c’était les chansons, vous savez. Ce n’était pas des sermons », a-t-il déclaré dans une rare interview en 2004 à la chaîne américaine CBS. « Si vous examinez les chansons, je ne pense pas que vous trouverez quoi que ce soit qui fasse de moi un porte-parole de qui que ce soit. » L’académie suédoise a déjà dû composer avec d’autres lauréats au caractère difficile. En 1964, le philosophe français Jean-Paul Sartre avait refusé le prix Nobel de littérature, annonçant sa décision dès qu’il avait appris la nouvelle. Il n’avait pas obtenu les 273 000 couronnes attachées à l’époque à la récompense. En 1970, l’académie et le Soviétique Alexandre Soljenitsyne n’avaient pas réussi à se mettre d’accord sur les conditions d’une remise du prix à Moscou, le lauréat refusant de quitter l’URSS de peur de ne pas pouvoir y retourner. Il avait fallu attendre quatre ans pour qu’il vienne à Stockholm. En 2004, la romancière autrichienne Elfriede Jelinek avait renoncé à venir à Stockholm en raison de sa « phobie sociale ». Le prix lui avait été remis à Vienne une semaine après les autres. Les lauréats sont invités chaque année le 10 décembre dans la capitale suédoise pour recevoir leur prix des mains du roi de Suède et donner un discours lors d’un banquet. L’académie suédoise ignore encore si Bob Dylan a l’intention de venir.

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