Accueil MONDE Grèce : une victoire large mais sans chanter pour Syriza

Grèce : une victoire large mais sans chanter pour Syriza

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La victoire de Syriza est étonnamment large, la soirée de septembre est particulièrement douce, mais les supporteurs de la gauche radicale ne sont qu’une poignée à être descendus dans la rue pour célébrer un succès «sans romantisme». Syriza autour du kiosque électoral de Syriza, au centre d’Athènes, la musique poussée à fond, masque difficilement que les troupes sont ce dimanche, infiniment plus clairsemées que sept mois plus tôt, lorsqu’Alexis Tsipras mettait fin à quarante ans de bipartisme socialiste/conservateurs en portant la gauche radicale au pouvoir.

«Nous savons que les gens sont fatigués, nous savons que les mesures qui nous attendent demain seront difficiles, que les gens ne veulent plus d’élections, ce n’est pas un soir pour les célébrations», reconnaît Vicky Naneri, une électrice de Syriza qui a rallié l’assistance de moins de 500 personnes qui peine à interrompre la circulation sur la grande avenue du cœur de la capitale où la gauche a tenté d’animer une campagne électorale morose. Avec 36% des voix pour Syriza le 25 janvier, l’ambiance était alors grave, mais heureuse, portée par quelque 8 000 supporteurs en liesse dans Athènes, dont de nombreux militants de la gauche européenne pour lesquels la Grèce incarnait l’espoir d’un changement.

«Bella Ciao, c’est fini»
La victoire restait large dimanche,35,5% et près de 7,5 points d’avance sur 80% des bulletins mais «il n’y a plus de romantisme. +Bella Ciao+ (le chant de révolte italien incontournable dans les rassemblements de gauche, NDLR), c’est fini. Nous sommes dans le système, dans l’Europe, le peu de marge de manoeuvre qui reste, c’est Syriza qui l’utilisera le mieux», veut croire Mme Naneri.
Assis sur des marches, à l’écart de la tente du parti, bermuda et nu-pieds dans la tiédeur de cet été grec à rallonge, Haris Giorgiadis et Maria Thomaidou sont venus saluer «une victoire qu’on n’attendait pas». «Syriza méritait cette deuxième chance, ils n’ont pas eu le temps de gouverner, juste de négocier», explique Haris, 33 ans, «employé du secteur privé». «Et ce sera maintenant plus simple, les choses sont claires au sein du parti, ceux qui n’étaient pas d’accord avec la ligne européenne de Syriza sont partis», complète Maria, 27 ans, ni «fanatique, ni membre de Syriza», mais «convaincue qu’on ne pouvait pas laisser l’ancien système des partis revenir au pouvoir». La droite pointe en seconde position à 28,05%, les socialistes du Pasok en quatrième place.
Ces frondeurs qui n’étaient pas d’accord avec l’accord européen du 13 juillet, ouvrant la voie à un troisième plan d’austérité en cinq ans, ont aussi la gueule de bois. à quelques centaines de mètres du stand de Syriza, les militants de l’Unité populaire la formation née de la scission de Syriza encaissent leur défaite: avec moins de 3% des voix, ils ne devraient pas entrer au Parlement.
«Je ne comprends pas, s’interroge à haute voix Kostas, 19 ans, je pense que les gens ont eu peur, car tout le monde est opposé à ces nouvelles mesures qui vont désintégrer la société». Pour Angela Papageorgiou qui attend son bus, indifférente aux lointains échos des stands des partis, il n’y a rien à comprendre: «Je suis professeur de gym, je suis rémunérée à l’heure, six à huit heures par semaine dans une école primaire et je n’ai pas été payée depuis un an. Là je rentre chez moi après le deuxième travail qui me fait vivre: serveuse. Je n’ai voté pour aucun de ces partis qui sont au Parlement».

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