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«Un avenir en pointillés pour le football algérien», assène l’ancien boss de l’USM Alger : Les vérités de Said Allik

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Il ne va pas par quatre chemins ni ne prend des raccourcis douteux pour s’exprimer sur un sujet sérieux. Sans calculs, objectivement, l’ex-président usmiste dit ce qu’il pense de la situation, à la limite du catastrophique, que vit le football algérien. Les maux qui le rongent et les mentalités rétrogrades qui le minent de l’intérieur. Un avis à écouter. Où se mêlent sérieux.

Dire vrai…
Une sortie de poids mais passée malheureusement inaperçue. Très peu commentée. Étrange, lorsqu’on remarquera que les propos, tout de justesse sur la situation en dégradation constante du football algérien, ont été tenus par un de ses acteurs les plus influents de ces deux dernières décennies pour avoir tenu, durant toute sa période dont il fera bénéficier son club (le club de Soustara, l’USM Alger, dont la domination, titres nombreux entre Coupes d’Algérie et couronnes de champion à l’appui, ne passera pas inaperçue sous son règne) d’une grande expérience. D’une vista jamais démentie à l’épreuve du terrain. Lui, c’est Saïd Allik, l’inamovible président qui, pris dès lors en guise d’exemple et avec la réussite qui a suivi sa gestion avec l’arrivée au plus haut sommet des «Rouge et Noir», s’est imposé comme un dirigeant incontournable. Respecté et, surtout, écouté. Le genre de patron que toute formation rêverait de bénéficier de son immense registre au vu de la faillite quasi-totale et du marasme dans lequel se débat la discipline, sans possibilité, du moins pour le moment dans une conjoncture allant se dégradant, de reprendre les durs chemins de la raison. Un gestionnaire affûté, venu du monde du football et qui en connaît sur le bout des doigts les arcanes. Ayant la particularité de savoir ce qu’il dit. A raison, lui qui a su, avec le bonheur que l’on sait, redonner des couleurs aux usmistes algérois. Dont la moindre est de revêtir, pour plusieurs raisons, celle d’incontestable N°1 d’un championnat national habitué au rouge et noir pour, et c’est le moindre des mérites, est de signer la période la plus faste de son histoire en alignant les distinctions. Allik, qui parle rarement pour rien, lui qui semble bien vivre sa retraite en se retirant des affaires dans un monde à part, pris en otage par des opportunistes de tout bords et ne connaissant rien au domaine, a su se faire oublier en réduisant au maximum ses sorties médiatiques. Et il vient de parler en tenant des propos sans ambages. Lourds de sens. Sortis du cœur (on sent, à chaque fois, l’amour que l’ancien joueur, devenu président à succès, voue à un ballon qui, à son grand désappointement, ne tourne plus aussi rond que ne le souhaite une opinion désabusée) et ne laissant pas de place aux faux-fuyants. Ne veut pas se mentir.

Entre envie de bien faire et excès de précipitation
Encore moins mentir au large public qui, en dépit des scandales à répétition qui agitent un personnel tout aussi à part fait encore le déplacement à la recherche de la moindre petite émotion, en nommant un chat un chat. Balance des vérités, ses vérités qu’il doit savoir amères, mais rendant compte d’une faillite loin d’avoir livré ses secrets, le football national se dirigeant droit dans le mur car incapable, par la faute de mentalités rétrogrades, de prendre le train de la mondialisation. Reste, et il le regrette, loin des standards internationaux régissant la gestion du sport le plus populaire de la planète. Morceaux choisis. Droit au but, sans prendre de gants au risque de froisser bien des susceptibilités parmi un personnel dirigeant en majorité pas à sa place : Le problème du football algérien ? «Un problème d’hommes». Comprendra qui voudra. Et il précise le fond de sa pensée pour résumer le problème en cet «An 6» d’une professionnalisation toujours à faire, les choses n’ayant pas évolué d’un iota. Pour asséner que « peu ou pratiquement rien n’a changé», ce qui veut dire (pour lui comme pour tous les observateurs ainsi que le personnel impliqué dans cette aventure unique par ses dévoiements et ses mauvais côtés) que l’amateurisme, dans toute sa dimension, reste le maître absolus de lieux devenus presque malsains. Exit le développement «harmonieux» du jeu à onze national, rebonjour les travers et les problèmes quotidiens qui n’en finissent pas d’ébranler toujours plus un édifice bâti sur du sable. Du vent. Qu’est-ce qui a changé en six ans ? Rien, sinon que tout le monde tourne indéfiniment en rond. Toujours au stade des balbutiements, le professionnalisme a «tourné court, les clubs sont en situation de faillite et la loi devrait être appliquée dans toute sa rigueur et implique l’arrêt pur et simple des compétitions (les Ligues 1 et 2 dans leur fonctionnement actuel, ndlr) propose par exemple Allik qui énumère les raisons qui ont «mené à l’impasse (…) A «un échec sur toute la ligne» qui ne dit pas son nom. En tête, la «précipitation dans la décision de procéder au changement du statut sans la préparation du terrain selon des bases bien étudiées», la meilleure manière de rectifier le tir, pour celui qui «appelle les responsables en charge de la discipline, en plus d’en revoir nombre de dispositions, à s’armer du courage nécessaire et reconnaître la situation de blocage qui est aujourd’hui de rigueur.»

On arrête les frais
Que, tout simplement, les «clubs algériens, qui n’ont rien de pros, sont en faillite et ne répondent pas aux normes de ce côté-ci de la gestion courante.» Celui par qui bien des sacres sont arrivés du côté de Soustara, celui qui a permis à l’USMA de grandir et de se mettre souvent dans le costume de champion a, quant à lui, le courage de s’arrêter sur «les tares qui gangrènent le football national», en citant pêle-mêle, l’«ambiance délétère et la dégradation, le pourrissement d’un environnement sportif dans son ensemble grandement ouvert à l’arrivisme.» Un Allik dépité et qui rappelle avoir «prévenu, dès la mise en branle de la caravane en 2010, des risques encourus, mettre la charrue avant les bœufs n’était pas, et le temps, la suite des évènements, m’ont donné raison, le bon choix.» Bien vu. Une situation ambigüe qui appelle d’autres questionnements. Pourquoi, par exemple, et il avance des «considérations extra-sportives» (qu’il ne précise pas mais on peut deviner), «on n’applique pas le code du commerce qui recommande la mise en faillite générale et, par ricochet, même si cela reste imprévisible, le renvoi de tout le monde aux vestiaires. C’est-à-dire arrêter carrément les compétitions affublées de l’appellation pro.» Quel avenir donc pour le ballon rond national ? «Vraiment en pointillés. La preuve par les dérives que connaissent pratiquement tous nos clubs, les histoires de corruption et de dopage qui touchent le milieu, sans parler d’un marché des transferts qui ne répond à aucune règle (il met l’accent sur les salaires faramineux en cours et en appelle directement aux pouvoirs publics pour «limiter, pourquoi pas carrément bannir, les trop généreuses subventions publiques dans l’espoir de contraindre les dirigeants de clubs à faire l’effort de chercher d’autres sources de financement») et du phénomène de la violence dans les stades.» Un constat sans appel et l’appréciation d’un homme de terrain dont l’apport au débat en cours peut servir. Dans le mille. Justesse d’un point de vue et un débat relancé de plus belle : peut-on encore, décemment parler de professionnalisme dans le football algérien ? La réponse coule de source. Aussi sûrement que le ballon rebondit très mal…
Azouaou Aghilas

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