L’aviation russe a, pour la première fois, visé la province de Raqa en Syrie, principal fief du groupe jihadiste Etat islamique (EI), tuant au moins 12 combattants de l’organisation extrémiste, selon une ONG vendredi. Le ministère russe a annoncé avoir frappé jeudi soir Raqa (est), lors de bombardements qui ont également visé les provinces d’Alep (nord), d’Idleb (nord-ouest) et de Hama (centre). C’est la première fois que l’aviation russe dit avoir frappé l’EI à Raqa, dont le chef-lieu éponyme est considéré comme la capitale du groupe ultraradical.
D’après le communiqué du ministère russe, des bombardiers tactiques Soukhoï-34 ont visé notamment un poste de commandement qui était camouflé à Kasrat Faraj, au sud-ouest de la ville de Raqa. Ils ont également bombardé un camp d’entraînement du groupe près du village de Maadane Jadid, à 70 km plus à l’est. Les frappes russes ont visé jeudi soir la périphérie ouest de la ville de Raqa et la région où se trouve l’aéroport militaire de Tabqa, plus au sud-ouest, tuant au moins 12 jihadistes, a dit à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Les corps des jihadistes ont été transportés à un hôpital de la province, selon lui.
Les frappes russes vont durer trois à quatre mois et s’intensifier
La campagne de frappes aériennes russes en Syrie va durer trois à quatre mois et s’intensifier, a déclaré vendredi le président de la Commission des Affaires étrangères de la Douma (chambre basse du Parlement russe), Alexeï Pouchkov. Il y a toujours un risque d’enlisement mais à Moscou on parle de trois à quatre mois d’opérations, a affirmé M. Pouchkov à la radio française Europe 1. Interrogé sur une intensification à venir des frappes, il a répondu : Absolument. M. Pouchkov a ajouté que les frappes de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis n’étaient pas assez efficaces et qu’il fallait passer à une autre étape dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie. Je pense que c’est l’intensité qui est importante. La coalition américaine a fait semblant de bombarder Daech (acronyme arable de l’EI) pendant une année, il n’y a pas de résultat. Si vous le faites d’une manière plus efficace, je pense que les résultats vont se faire connaître, a estimé le responsable parlementaire. Seulement 20% des opérations (de la coalition internationale) ont eu des résultats. Dans 80% (des cas), ils n’ont même pas bombardé, a affirmé M. Pouchkov. Le responsable parlementaire a également réfuté les accusations occidentales selon lesquelles les chasseurs ruses ne frappent pas prioritairement ou pas seulement l’EI. Le but pricipal ce sont les groupes de Daech qui sont le plus proche de Damas, a précisé M. Pouchkov, alors que les Occidentaux soulignent que la Russie frappe loin des bases du groupe Etat islamique, situées dans l’est de la Syrie. Il faut régler les affaires avec Daech, faire éliminer (ce groupe) ou le neutraliser et après on va voir (ce qu’il en est du) sort de la Syrie, a insisté le responsable parlementaire. Une conférence internationale associant le président Bachar el-Assad et l’Iran serait alors une idée raisonnable, a ajouté M. Pouchkov. Pendant quatre ans, le gouvernement de Assad a tenu le coup et aujourd’hui c’est la seule force militaire sur le terrain qui combat Daech, a-t-il dit. Nous ne pensons pas que Assad soit le seul coupable du chaos syrien et de son cortège de morts depuis quatre ans, a-t-il ajouté. Les pays du Moyen-Orient et partiellement les pays de l’Occident qui ont soutenu l’insurrection armée sont aussi responsables de cette situation.