Accueil CULTURE Musique : « Cowboy Carter », l’hommage personnel de Beyoncé à la country

Musique : « Cowboy Carter », l’hommage personnel de Beyoncé à la country

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Jamais un album country n’avait été autant attendu à travers le monde: avec « Cowboy Carter », Beyoncé, star planétaire de la musique, rend hommage à ses racines texanes en 27 morceaux qui font la part belle à la dance, la soul et le hip-hop. Ce deuxième acte de sa trilogie musicale « Renaissance » est devenu disponible à 00H00 vendredi, selon le fuseau horaire de chaque pays. A 42 ans, la native du Texas, dans le sud des Etats-Unis, a fait grand bruit depuis l’annonce d’un album country. Ce genre musical très populaire aux Etats-Unis est généralement associé, malgré ses origines afro-américaines, aux artistes blancs. Mondialement connue pour ses chorégraphies calibrées comme pour sa patte unique pop, R’n’B et hip-hop, des tubes « Crazy In Love » à « Formation », Beyoncé livre avec « Cowboy Carter » une ode personnelle à la country. « Texas Hold ‘Em », le premier single de l’album, est une collaboration avec Rhiannon Giddens, une artiste qui porte haut les racines afro-américaines de la country, au banjo comme à l’alto. Avec ce titre, Beyoncé est devenue fin février la première chanteuse noire à classer un tube en tête des palmarès de la country. Elle reprend entre autres le classique « Jolene » de la star absolue de la country Dolly Parton ainsi que « Blackbiird » de Paul McCartney, une chanson des années 1960 sur neuf adolescents noirs devenus des icônes du mouvement des droits civiques en intégrant un lycée réservé aux élèves blancs, à l’ère de la ségrégation dans le sud des Etats-Unis. Clin d’oeil aux sceptiques qui voient la country comme le domaine réservé des artistes blancs? Car Beyoncé semble aimer bousculer les traditionalistes du genre, en jouant les cartes hip-hop et house sur le titre « Sweet Honey Buckiin' », rappelant le premier acte de « Renaissance », lui aussi un pied de nez aux puristes, célébrant l’influence afro-américaine dans l’électro.

« Dépasser mes propres limites » 

Dans le journal britannique The Guardian, la musicienne américaine Rhiannon Giddens a récemment dénoncé « des gens qui tentent de préserver la nostalgie d’une tradition (country) purement blanche qui n’a jamais existé ». Le succès de « Texas Hold ‘Em » comme de l’autre extrait « 16 Carriages » a pourtant fait naître l’espoir d’une mise en lumière inédite sur les artistes noires de country. Le banjo, instrument fétiche du genre, trouve d’ailleurs ses racines chez les esclaves noirs aux Caraïbes au XVIIe siècle. C’est plus tard qu’il a été repris par les populations blanches des Appalaches, aux Etats-Unis. Beyoncé avait déjà été la cible des conservateurs en 2016 après avoir chanté son tube country « Daddy Lessons », lors des récompenses de l’association de ce genre musical. « Les critiques qui m’ont visée quand j’ai mis le pied dans (la country) m’ont forcée à dépasser mes propres limites », a-t-elle écrit récemment sur Instagram. Ce nouvel album « est le résultat des défis que je me suis lancés et du temps que j’ai pris à tordre et à mélanger les genres pour cette oeuvre ».

Polémique aux Grammy Awards 

« Les genres sont un drôle de petit concept, n’est-ce pas? », dit l’introduction à la chanson « Spaghettii ». « En théorie, ils ont une définition simple et facile à comprendre, mais en pratique, certains peuvent se sentir confinés. » Depuis l’époque des Destiny’s Child, groupe féminin de R’n’B culte des années 1990 et 2000, Beyoncé alias « Queen Bey » est devenue une icône mondiale. Chanteuse, autrice, danseuse, productrice, actrice, elle est aujourd’hui l’artiste la plus couronnée de l’histoire des Grammy Awards, récompenses de l’industrie musicale américaine. Mais paradoxe, sur ses 32 récompenses, elle n’a jamais décroché celui du meilleur album. Une polémique sur le manque de diversité que son mari, le rappeur Jay-Z (dont le nom de famille est Carter), a réalimentée en critiquant le milieu de la musique lors des derniers Grammy Awards en février. En 2019, l’une des chansons de l’année, « Old Town Road » du rappeur Lil Nas X, aux accents hip-hop et country, avait été retirée des classements country du magazine Billboard, officiellement parce qu’elle ne comprenait pas suffisamment d’éléments de ce style. Une autre polémique. Ces dernières années, des artistes noirs ont tout de même réussi à percer dans la country, comme Tanner Adell, Willie Jones, Mickey Guyton et Brittney Spencer. Signe de cette reconnaissance tardive, le célèbre morceau de Tracy Chapman « Fast Car », sorti en 1988, a reçu le prix de la meilleure chanson 2023 aux Country Music Awards, mais c’était après que le chanteur blanc Luke Combs en fit une reprise.

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