L’enseignant universitaire et chercheur, Hadj Meliani, est décédé hier à Oran. Tous ceux qui l’ont connu ont regretté l’extinction d’une lumière qui éclairait la scène culturelle nationale, notamment durant la décennie noire quand il animait des conférences sur la musique raï, ses origines et sur la chanson oranaise.
Durant cette époque, alors que la peur avait gagné toutes les chaumières, lui n’hésitait pas à parcourir le pays p our parler du raï, de la musique et de sujets qui pouvaient faire de lui un apostat que pouvait cibler n’importe quel sanguinaire. Je me rappelle, à cette époque, j’avais longuement discuté avec lui en marge d’un festival de raï organisé par l’association Apico. C’était quelques mois après l’assassinat d’Abdelkader Alloula. Il avait affirmé que les ténèbres ne pouvaient triompher de la vie et de son éclat et que Alloula, Hasni et Rachid Baba Ahmed sont devenus les symboles de l’Algérie qui refuse de céder. « Aujourd’hui nous parlons de raï, demain nous évoquerons le théâtre et la littérature, mais nous ne nous tairons pas car se taire serait trahir le sacrifice de ceux qui sont morts pour que la vie prenne toute sa grandeur », avait-il indiqué dans une de ses réponses à mes nombreuses questions. Je l’avais connu durant au milieu des années quatre-vingt à la faveur d’un article que lui avait consacré notre confrère Ahmed Cheniki sur le défunt Algérie actualité. Quelques mois plus tard, un autre confrère, Cherif El ouezani, lui avait ouvert les colonnes du même hebdomadaire pour évoquer le raï et la chanson oranaise. Une amie qui préparait une recherche sur le sujet m’avait demandé de lui organiser une rencontre avec lui. Ce qui fut fait puisque on s’était donné rendez-vous à l’ex-salon de thé Lotus à la rue Didouche Mourad, en compagnie du parolier Angar Mohamed que Dieu ait son âme.
Discuter des origines du raï, la musique du back-ground était un véritable régal. Connaitre l’origine de la chanson Bakhta, un tube de Khaled de l’époque ou encore égrener les noms des pionniers de ce genre de musique était un exercice qu’il maitrisait à merveille.
Enseignant à l’université de Mostaganem et chercheur au CRASC, il était infatigable et ne ratait aucune occasion pour parler de ses deux passions, la chanson oranaise et le théâtre. Ses travaux sont aujourd’hui une référence pour un grand nombre d’étudiants et de chercheurs. La mort l’a ravi aux siens et à la scène culturelle. Il a été enterré hier au cimetière de Aïn El-Beida à Oran et une grande foule l’a accompagné à sa dernière demeure.
Slimane B.