Toujours aux aguets, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, n’a pas mis beaucoup de temps pour répondre aux accusations d’Amar Saâdani, chef du FLN, mais surtout à sa réaction sur la fameuse lettre de vendredi dernier, par laquelle, l’ex-patron du DRS, le général Mohamed Mediène dit Toufik, a rompu son silence légendaire.
Lors d’une rencontre avec les cadres et candidats au Sénat de son parti, tenue avant-hier, Saâdani a estimé que le message de l’ex-premier responsable du service des renseignements n’est que l’indice de la fin d’une époque, pour fustiger le plus énigmatique des hauts gradés de l’Armée nationale.
La réaction, hier, de l’ennemie jurée de l’homme herculéen du FLN relève presque du domaine de l’évidence, et le cycle des déclarations interposées risque de s’inscrire dans la durée. «Merci mon général», n’a cessé de clamer Hanoune, lors d’une conférence précédant la tenue d’une réunion de son bureau politique, pour rendre un hommage des plus honorifiques à son mentor, lequel (Toufik), considère-t-elle, «est un homme d’honneur qui n’est pas lâche, qui s’est comporté de manière responsable et en chef militaire de haut rang digne de ce titre». Passant au-delà de toutes les lectures que l’on puisse le lui permettre, l’auteur a émis le vœu que son message soit un fait se passant de tout commentaire et à mettre le plus vite aux oubliettes. Mais, Hanoune croit lire en les lignes et entrevoit à travers cette déclaration, une mise au point qui renseigne sur les «dérives» de ceux qui prônent la mise en place d’un «état civil», en allusion aux précédents remaniements opérés à la tête des institutions sécuritaires, que la dame de fer du PT arrive à peine à digérer.
Aussi, a-t-elle considéré les propos de Saâdani à ce sujet d’«écœurants», en tenant sans réserve aucune, à défendre bec et ongles l’homme, ayant dénoncé par sa lettre, la condamnation à cinq ans de prison du général Hassan, qui est, du reste, son bras droit et son plus proche collaborateur. «Merci mon général», a encensé Hanoune l’ex-patron du DRS pour «loyaux services» rendus au pays et à son «attachement» aux idéaux du 1er Novembre 54.
Et d’ajouter encore à l’adresse de son protégé que son message a été accueilli cinq sur cinq par le peuple et par elle-même, d’ailleurs, a-t-elle précisé. Pour elle, ce message n’est qu’une mise au point qui s’explique, en d’autres termes, pour dire «basta ! (Assez!, ndlr)» pour dénoncer des «agissements» qu’elle estime être un danger pour la République, allusion aux tiraillements qui prévalent sur la scène nationale. Et à Hanoune d’espérer enfin que ce message soit un grain de sable qui puisse enrailler l’engrenage mortel, pour décrire une situation sans précédent. Et, de s’interroger «Toufik a-t-il commis un crime pour mériter un tel sort?», avant d’indiquer que tout comme le groupe des 19 dont elle est membre, toutes les portes étaient fermées devant lui (Toufik, ndlr).
Il n’y a pas que Saâdani qui a essuyé les critiques de la première responsable du PT. Même le ministre de la Communication, Hamid Grine, n’a pas échappé à la vilipende.
Au lendemain de la publication de la lettre de Toufik, le membre du gouvernement en charge du secteur médiatique a décelé dans le message de l’ex-chef du DRS, des «propos d’une extrême violence». Pour Hanoune, cette déclaration n’est qu’un indice qui explique «la détresse» de ses détracteurs ayant selon elle «grillé toutes leurs cartes», avant de faire appel, toujours selon ses dire, à Grine. Elle veut même lui renvoyer la balle en indiquant que le même ministre a tenu des déclarations «plus violentes» à son encontre. Plus loin encore, Hanoune s’en remet à l’ARAV (Autorité de régulation de l’audio-visuel) qu’elle invite à réagir pour mettre fin à ce qu’elle considère de «dérapages médiatiques».
Farid Guellil