«La France soutient politiquement des acteurs qui n’ont aucun pouvoir » a déclaré le général Khalifa Haftar, avant d’ajouter «mais ça nous ira si nous recevons de l’aide en termes d’information et de renseignement» a-t-il souligné dans un entretien paru hier, dans l’hebdomadaire français, le JDD. À l’adresse de la communauté internationale le maréchal Haftar leur dira que « c’est aux Libyens de décider ce qui est bon pour eux et la communauté internationale ne devrait que soutenir ces décisions».
Le chef de l’armée libyenne, Khalifa Haftar qui contrôle l’est de la Libye, a annoncé, dans cet entretien, qu’il était prêt à sceller une alliance avec la Russie et les États-Unis pour lutter contre le terrorisme. Demandant à la communauté internationale de laisser les Libyens gérer seuls leurs affaires, le maréchal Haftar se dit prêt à rencontrer son rival, le Premier ministre Fayez Serraj, à une condition, en précisant que les soutiens de ce dernier «n’aient rien à dire». Après avoir eu une rencontre avec le général Haftar, qui a effectué une visite, janvier dernier, sur le porte-avions russe Amiral Kouznetsov, Moscou prévoit de recevoir, le mois courant, le chef du gouvernement libyen Fayez Seraj. C’est ce qu’a annoncé, vendredi passé, le ministère des Affaires étrangères de Sergüei Lavrov. Sa porte-parole, Maria Zakharova a de son côté déclaré, ce même jour, que son pays souhaitait «le maintien de l’intégrité territoriale de la Libye et un accord entre les différents groupes qui se disputent le pouvoir » en Libye, lors d’un point de presse. Rappelons que le général Khalifa Haftar s’est rendu en Russie l’an dernier. Par ailleurs, la responsable russe Zakharova avait également indiqué que son pays « mène un travail intensif avec les deux centres du pouvoir en Libye» avant d’ajouter que, « nous essayons de les encourager à surmonter leurs divergences et à chercher des compromis sur tous les contentieux.» Il est à rappeler que le responsable du gouvernement libyen d’union nationale, Serraj avait annoncé, de son côté, qu’une rencontre devait, fin janvier dernier, le réunir avec Haftar, au Caire en Egypte. Les propos de Haftar, parus, hier, au JDD, interviennent, faut-il le noter, dans un moment particulier, marqué par les efforts en cours pour aider les Libyens à régler la crise qui secoue le pays, depuis plus de six ans. Il s’agit notamment de l’initiative entreprise par Alger, le Caire et Tunis, visant à aider les acteurs libyens à mener un dialogue inter-libyen, en vue de dégager un consensus national, à même de préserver la Libye et son peuple du pire scénario qui la guette, principalement celui de son morcellement. Pour l’interviewé, la communauté internationale «ne comprend pas la réalité de la situation» en Libye, affirmant qu’elle «dispose d’informations erronées et s’appuie dessus pour prendre des décisions inapplicables et mauvaises» a précisé le général Haftar. Affirmant que Paris, «soutient politiquement des acteurs qui n’ont aucun pouvoir» en Libye, le général Haftar dira à l’adresse des responsables français, «mais ça nous ira si nous recevons de l’aide en termes d’information et de renseignement». La France, qui soutient le gouvernement de Serraj Sarraj, a déployé un groupe de ses militaires, à Benghazi, à l’est de Libye, outre ses avions de reconnaissance «survolant régulièrement» le pays, rapportent des médias français et étrangers, ce qui a amené, le général Khalifa Haftar à demander une coopération avec Paris en matières de renseignements, dans sa déclaration précitée. Ayant pris le contrôle d’une partie importante de Benghazi, au terme d’intenses combats, l’armée que dirige le maréchal Haftar peine à ce jour, à imposer le contrôle et la sécurisation de cette ville, secouée d’une manière récurrente en plus des attentats terroristes.
Karima Bennour
