Accueil MONDE Grèce : face aux Cassandre, les Grecs gardent leur calme

Grèce : face aux Cassandre, les Grecs gardent leur calme

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Serait-ce un hommage à leurs ancêtres stoïciens ? Face aux Cassandre qui, dans la presse mondiale, s’affolent de la «panique» qui pourrait précéder la «catastrophe» – comprendre un défaut de paiement de la Grèce, précipitant une sortie du pays de la zone euro –, les Athéniens rencontrés opposent jusqu’ici un calme… olympien. Inquiets, oui. Paniqués, non. «Bien sûr qu’on est angoissés : sortir de l’euro, nous n’avons aucune idée d’à quoi cela pourrait ressembler. Mais cela fait déjà sept ans que l’on vit cette crise, on a fini par s’habituer », explique Stefanos Gidaris, graphiste de 31 ans qui cherche du travail. La moitié de sa petite allocation-chômage part dans son loyer, mais il peut compter sur l’argent qu’il avait mis prudemment de côté avant d’être licencié. Tout est à la banque, il n’a rien retiré. Jusqu’ici, les Athéniens ne se ruent pas vers les distributeurs pour sauver leur épargne. Ils ne stockent pas des denrées pour tenir un siège. Ils ne restent pas non plus prostrés chez eux, en espérant échapper à la foudre. Comme beaucoup d’Européens, ils ont fait ce week-end quelques courses au marché, se sont assis en terrasse pour boire leur boisson favorite, un café «frappé». En soirée, rouge à lèvres et longue chevelure noire bien peignée, les jeunes filles gloussent toujours aux œillades des garçons. La vie ne s’est pas arrêtée. «C’est la crise économique d’accord, mais ce n’est pas pour ça qu’on doit mourir à petit feu, sourit le vieux Thassos Anastasiadris. On n’a rien à manger et on devrait rester enfermés, sans aller à la mer, au café ? Mais, ici, on pense, au contraire, qu’il faut être plus gai encore face aux difficultés»
Les Grecs aiment à rappeler qu’ils en ont vu d’autres. « Ma grand-mère, qui a connu la guerre civile et la dictature, me dit souvent de ne pas m’inquiéter, que les choses vont s’arranger», confie Ira, 31 ans, psychologue. Beaucoup disent aussi que la vie est déjà tellement dure, qu’on n’a plus grand-chose à redouter. « Je ne sais pas quoi penser de ce qui se trame.

«Je recommencerai à ne manger que des pâtes et du riz»
Ce que je sais, c’est que j’ai été au chômage des mois, j’ai été expulsé deux fois de mon logement. Pire y a quoi ? J’aurai plus à manger ? Eh bien, je recommencerai à ne manger que des pâtes, du riz et des lentilles», annonce tranquillement Claude, cuisinier de 22 ans. «Catastrophe ? Un tremblement de terre, ça, c’est une catastrophe. Là, je n’en suis pas sûre, estime Katarina Iatropoulou, professeure à la retraite qui a vu sa pension amputée par le plan de 2010.
Depuis sept ans, elle est aussi bénévole dans une association d’aide aux familles en difficulté dans son quartier de Keramikos. Rester dans la zone euro au prix de nouvelles mesures d’austérité ou en sortir, je ne sais pas ce qui est pire.»
D’une classe plus aisée, Stergios, 53 ans, qui travaille dans la surveillance des marchés financiers, ne se laisse pas non plus gagner par la tension. «J’ai pris mes dispositions depuis longtemps pour l’essentiel de mon argent. Ceux qui avaient vraiment quelque chose à perdre n’ont plus rien à craindre des prochains jours : leur argent est déjà à l’abri.»

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