Accueil ACTUALITÉ Enseignants contractuels : les Syndicats au chevet des grévistes

Enseignants contractuels : les Syndicats au chevet des grévistes

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Le mouvement de contestation, entamé par les enseignants contractuels du secteur de l’Éducation nationale, n’a pas laissé l’opinion publique indifférente, encore moins les Syndicats autonomes du secteur. À l’unanimité, ils ont exprimé leur solidarité, tout en appelant les autorités concernés à régler le problème d’une façon globale et définitive.

C’est le cas du Syndicat autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (SNAPEST), qui a qualifié hier la problématique des enseignants contractuels et vacataires de «délicate». Son porte-parole, Meziane Meriane, que nous avons joint par téléphone a déclaré que le ministère de l’Éducation doit se hâter pour trouver une solution globale et non pas partielle au problème de cette catégorie, et qui puisse satisfaire les contractuels qui sont en postes et ceux qui sont absents. De plus, le représentant du SNAPEST propose de bonifier toutes les années de service des contractuels. En ce qui concerne la revendication des contestataires, par rapport à l’intégration sans condition et sans concours, il dira que s’il est possible de le faire, «il ne faut pas perdre de temps». Exprimant sa solidarité avec ces enseignants qui ont entamé une grève de la faim depuis lundi, Meriane souligne qu’il est nécessaire d’aller vers la suppression du systeme de contractualisation dans le secteur de l’Éducation nationale, à travers la formation de suffisamment d’enseignants qualifiés qui puissent répondre à la forte demande. Du côté du Conseil des lycées d’Algérie (CLA) même son de cloche. Idir Achour qui a participé à la grève de la faim des contractuels, actuellement regroupés à Boudouaou, a réitéré son appel à l’intégration de ces enseignants. Pour lui, il est malheureux de les voir dans une telle situation, alors qu’il est de leur droit d’être intégrés. Le système de contractualisation doit aussi disparaître dans le secteur, insiste-t-il, puisqu’il est synonyme de précarité. Idir achour précisera, dans ce cadre d’idées, que la grève de la faim se poursuivait toujours et aucun arrangement n’a été encore trouvé avec la tutelle. Les grévistes ont passé deux nuits sous la pluie, mais tiennent toujours le coup, et restent accrochés à leur revendication.

Le SATEF opte pour des actions actives
Du côté du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF), il ne suffit pas d’exprimer sa solidarité, mais de proposer des solutions qui puissent être efficaces et actives. Il avancera à ce propos la possibilité de régler le problème des contractuels, si tous les adhérents des Syndicats du secteur acceptent de se désister des 45 000 postes de promotion prévu pour l’année prochaine, au profit des contractuels. «C’est une proposition faisable que nous avons faite à travers les médias», dira Boualam Amoura, président du Syndicat. Toujours dans ce contexte, notre interlocuteur souligne qu’il y a pas seulement les enseignants qui sont concernés par la contractualisation dans le secteur de l’éducation, mais aussi les corps communs. «Nous avons proposé auparavant leur intégration, mais le gouvernement avait refusé», soutient-il. Amoura évoque également les pré-emplois qui sont exploités et qui n’ont malheureusement pas droit à l’intégration. Pour lui, le système de contractualisation viendra à disparaître une fois que les écoles et les instituts de formation seront aptes à former assez d’enseignants pour couvrir la demande. S’agissant de l’intégration des enseignants vacataires, Amoura rappelle que ce n’est pas du ressort du ministère de l’Éducation, mais celui de la Fonction publique.

Les parents d’élèves appellent au respect de la réglementation
Même si l’Association des parents d’élèves exprime sa solidarité avec les grévistes, en ce qui concerne la valorisation de l’expérience, elle reste toutefois réticente en ce qui concerne la revendication d’intégration. Pour le président de l’Association, Khaled Ahmed, la réglementation de la Fonction publique est claire, et les contractuels doivent la respecter. «Il faut être logique et objectif», dira-t-il. Selon lui, si la Fonction publique accorde l’intégration aux enseignants contractuels, cela va créer de la discorde dans d’autres secteurs comme la Justice la Santé ou la Formation professionnelle qui comptent aussi un nombre important de contractuels. «Les autres mouvements vont également se réveiller», prévient-il avant de conclure.
Ania Nait Chalal

Le Cnapeste charge le ministère
Le porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’Éducation (Cnapeste) ne mâche pas ses mots pour porter la responsabilité du ministère de l’Éducation nationale (MEN), dans la contestation des enseignants contractuels. Il vient de l’affirmer, lors du Forum du journal arabophone «El-Wassat», le pendant arabe du « Chiffre d’Affaires», organisé ce mercredi en son siège. La décision, unilatérale et brusque, prise en janvier de l’année en cours, concernant le recrutement des enseignants contractuels non sur la base du concours sur titre, comme cela se faisait auparavant, mais sur les résultats d’un examen écrit. Elle a été, selon l’invité du jour, l’une des causes de la colère des enseignants, traduite sur terrain, depuis quelques jours, par une marche dénommée “marche de la dignité, entamée à partir de Béjaïa et empruntant Bouira et Boumerdès. (Au moment où nous mettons sous presse, les protestataires sont à Boudouaou), pour se terminer avec les risques de répression attendue, dans la wilaya d’Alger, de surcroît renforcée par une grève de la faim ne devant être suspendue que si le MEN daigne satisfaire leur principale revendication, à savoir la réintégration sans concours mais en prenant en considération leurs années d’expérience professionnelle. Boudiba évite, en dépit de la charge incriminante à l’encontre du ministère de tutelle, de personnaliser l’affaire ou d’en porter le chapeau au seul détenteur du portefeuille. « Nous n’avons rien contre la ministre, Nouria Benghebrit, mais nous incriminons une institution étatique avec ses services compétents et habilités à examiner le dossier avant toute prise de décision. Depuis 2011, nous avons travaillé avec les ministres, successivement Benbouzid et Baba-Ahmed, avec lesquels aussi bien les convergences et les divergences de vue nous liaient, mais sans jamais toucher à leur personne, et ce en dépit des étiquettes qu’on a voulu nous coller », tient-il à rappeler. Pour argument réglementaire à la défection du ministère et au dépassement dont ont fait l’objet les enseignants contractuels, il y tient à l’Arrêté interministériel du 4 mai 2014 stipulant que le recrutement direct doit se baser sur la liste additive, et ce conformément également à l’instruction 01 datée du 20 avril 2013 en application du Décret exécutif 12-194 du 25 avril 2012 fixant les modalités d’organisation et de déroulement des concours, examens et tests professionnels au sein des institutions et administrations publiques. Au sujet de la promesse de la ministre de procéder à la notation (1 point pour chaque année d’expérience) des potentiels candidats aux examens écrit et oral, en y ajoutant les résultats de ceux-ci, le porte-parole de la Cnapeste s’interroge, à juste titre, sur la référence légale de cette décision, tant que le MEN dit tout procéder légalement. Le conférencier tente, allusivement, de mettre en doute, se basant sur des pratiques passées, les résultats des examens écrits, surtout avant l’association des commissions paritaires dans l’étude des dossiers de candidatures aux concours d’accès aux postes dans le secteur de l’éducation. Enfin, Boudiba Messaoud déclare que la protestation des enseignants est indépendante malgré le fait qu’elle bénéficie du soutien financier et moral du Syndicat qu’il représente. La prochaine tenue du Conseil national du Cnapeste devra, lui, déterminer la position officielle à prendre, bien que le soutien à la protestation soit inconditionnel, loin de toute idée de récupération ou de parrainage, ait été déjà manifestée. L’invité d’honneur de cette journée est Bouchireb Aissa, enseignant contractuel de la wilaya de M’sila, venu prendre part à la marche de la dignité. Épuisé des effets de la grève, il a, quand même, déclaré, en insistant qu’il le fait à titre personnel, que ses confrères maintiennent leur protestation tant que leur réintégration ne s’est pas faite sans condition et sans examen écrit.
Zaid Zoheir

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