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Don d’organes : les transplantions sur donneurs décédés en deçà des attentes

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Certes, le don d’organes sur donneurs décédés a enregistré une hausse en Algérie, grâce, notamment, aux efforts consentis par les pouvoirs publics, mais les chiffres ne sont guère réjouissants en comparaison avec le nombre de patients en attente de greffe.

En effet, la situation demeure «en deçà» des attentes. C’est du moins le constat dressé, hier, par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf. Sur les quelque 23 000 patients actuellement dialysés ou en pré-dialyse, seul un tiers est éligible à la greffe rénale, au regard de l’âge avancé du reste des malades. «Cette situation montre les limites de la greffe à partir de donneurs vivants et indique de façon claire que la seule alternative est dans la mise en place d’un cadre organisationnel adéquat assurant le développement de la greffe d’organes, de tissus et de cellules à partir de donneurs en état de mort encéphalique», a affirmé le ministre lors de l’ouverture du Séminaire international sur la «coordination hospitalière pour le prélèvement multi-organes». Ainsi, le premier responsable du département de la santé a déploré que l’activité de transplantation d’organes sur donneurs décédés en Algérie soit «en deçà» des besoins des nombreux malades, en attente de greffes. «En dépit des avancées enregistrées dans le domaine des transplantions d’organes, l’activité demeure en deçà des besoins exprimés par les nombreux malades, en attente de greffes», a-t-il déclaré à la même occasion. Il a cité, à ce propos, les pathologies des insuffisances rénales et des insuffisances hépatiques, pour lesquelles les greffes effectuées, jusque-là, sont essentiellement sur donneurs vivants. Corroborant ses dires par des statistiques, Boudiaf a fait savoir que pour la greffe rénale, la moyenne annuelle tourne, au mieux, autour de 230 greffes, ce qui est « très peu comparativement aux demandes éligibles potentielles », se comptant par plusieurs milliers. S’agissant du volet juridique, qui accuse lui aussi un grand retard de l’avis des spécialistes, le ministre a plaidé pour une « actualisation du cadre juridique régissant l’activité de greffe, et organisant les conditions du prélèvement ». Boudiaf a insisté également sur une coordination hospitalière qui permette « à tous les intervenants de maîtriser les codes et protocoles en la matière ». À ce propos, il a appelé à une « adaptation des urgences hospitalières pour une plus grande efficacité » de sorte à influer « positivement » sur les proches du donneur décédé potentiel, en les amenant à consentir au prélèvement.
Pour ce qui est de la dimension religieuse, le ministre de la Santé a considéré que « contrairement à l’idée répandue, celle-ci ne pose aucun problème », arguant de ce que le Haut-Conseil Islamique (H-CI), ainsi que le fonds documentaire des institutions islamiques de référence « vont dans le sens de la promotion du prélèvement d’organes, se référant en cela à la position encourageante de Cheikh Hamani ».
Notons que si le don d’organes n’est pas, encore, démocratisé, en Algérie, c’est, aussi, en raison d’un «problème de mentalité». Les Algériens n’hésitent plus à faire don d’un organe à un membre de leur famille dans le besoin; mais, lorsqu’il s’agit d’un don anonyme, ils restent définitivement plus frileux. Il reste, encore, difficile de convaincre une famille de prélever un organe, dans le corps d’un proche, en situation de mort encéphalique. Seuls 5 patients algériens, en insuffisance rénale, ont pu bénéficier d’une greffe de rein, prélevé sur des personnes en situation de mort encéphalique, ces 5 dernières années.
Encore faut-il que la volonté politique suive. Il est à rappeler que les demandes de greffes en Algérie ne cessent d’augmenter et ont été estimées à 20 000 demandes durant l’année 2014. S’agissant d’insuffisance rénale, 4 000 cas d’insuffisants rénaux sont recensés chaque année, dont 2 000 seulement suivent des séances d’hémodialyse dans des centres publics et privés, 20 000 insuffisants rénaux sont décédés durant les dix dernières années.
Il est également à noter que notre pays accuse un retard dans l’application des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en matière de greffe d’organes. À titre d’exemple, pour la transplantation de foie, l’OMS recommande une quinzaine de greffes pour un million d’habitants/an, alors que l’Algérie n’a effectué qu’une quinzaine de greffes entre 2007 et 2011.

La mise à retraite des professeurs de CHU n’est pas une sanction
Dans un autre sillage, le ministre a affirmé que la mise à la retraite des professeurs de CHU ayant atteint l’âge légal intervient conformément aux lois en vigueur. Confirmant que la décision ne constituait en aucun cas «une sanction», le ministre a déploré le fait que des professeurs âgés de 65 ans s’accrochent encore à leurs postes, affirmant que si un professeur est sollicité par un service ou un établissement, il doit signer une convention avec le ministère de la Santé pour pouvoir poursuivre son activité en tant qu’activité supplémentaire. Il a affirmé que les professeurs mis à la retraite peuvent poursuivre normalement leur activité pour l’encadrement pédagogique des thèses ou le suivi des projets de la recherche scientifique ou encore se consacrer à l’écriture. S’agissant de ceux qui occupent des postes de chefs de services (165 professeurs), le ministre a précisé que la mise à retraite de ces derniers permettra aux jeunes professeurs d’occuper les postes vacants, appelant les concernés à ne pas considérer cette décision comme une sanction.
Lamia Boufassa

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