Parce que les hydrocarbures sont une richesse qui appartient à toute la Nation et leur exploitation concerne tous les Algériens, des syndicalistes de plusieurs secteurs ne sont pas restés indifférents quant au projet de loi adopté, dimanche, par le Conseil des ministres. Les réactions n’ont pas tardé à se faire, en effet, alors que des actions se préparent pour exprimer le rejet catégorique des travailleurs à ce projet
N. Bouderba (Ancien dirigeant UGTA) : «Le texte doit être ajourné»
«Une loi sur les hydrocarbures engage la nation pour des décennies. Elle doit garantir, en permanence, la souveraineté de l’État sur les richesses naturelles et préserver les intérêts des générations futures. La rente pétrolière doit servir, et exclusivement servir, les intérêts nationaux pour la satisfaction des besoins du pays en matière de développement économique et social et non pas être captée par les multinationales à l’appétit vorace. C’est pourquoi il est paradoxal et condamnable que l’avant-projet de loi sur les hydrocarbures, au lieu d’être débattu avec les compétences nationales et les forces vives de la nation, a été discuté avec les cinq majors pétrolières. Aujourd’hui il est vital pour l’avenir du pays que cet avant-projet de loi soit ajourné parce que d’un côté il n’a pas fait l’objet d’un débat national et d’un autre côté, il est piloté par un gouvernement en charge de la gestion courante des affaires du pays et ne disposant pas d’une légitimité suffisante pour engager l’avenir du pays.»
B. Amoura (SG du SATEF): «Nous refusons cette loi»
«Le gouvernement Bedoui honni par le peuple, au lieu de démissionner comme l’exige le mouvement populaire, a fini par mettre sur la table le projet de loi sur les hydrocarbures, à deux mois d’une élection controversée et rejetée par les algériennes et les algériens ! Le Conseil de ministres illégitime vient d’adopter cette loi contre la volonté du peuple. Nous prenons acte. Le SATEF refuse cette loi et refuse d’hypothéquer l’avenir des générations futures. Aujourd’hui c’est Sonatrach, demain ce sera Air Algérie et Sonelgaz. Pourquoi faire appel, aussi, à des étrangers pour élaborer notre loi sur les hydrocarbures? N’a-t-on pas des juristes qualifiés, des ingénieurs, des experts, des financiers et des fiscalistes pour le faire? Le SATEF refuse de concéder les terres algériennes pour lesquelles sont morts un million et demi de chouhada. Non! Ils ne sont pas morts pour rien ! Nous allons nous consulter ce jeudi avec nos camarades des autres syndicats et une réaction à la mesure de cette loi sera décidée d’un commun accord. Nous appelons tous les travailleurs et tout le peuple algérien à faire face à cette loi qui hypothéquera l’avenir de nos enfants ».
SNAPAP/CEGATA : «L’avenir de plusieurs générations est en jeu»
Se disant consterné par la décision sur les hydrocarbures prise par un gouvernement « illégitime», le SNAPAP/ CEGATA a affirmé joindre sa voix à celle de la majorité des algériens mobilisés contre ce projet. Le syndicat condamne fermement les mesures qui tendent vers « la liquidation des richesses naturelles avec la complicité des multinationales étrangères qui trouvent tous les privilèges dans le projet de loi sur les hydrocarbures ». Il avertit également contre le bradage des hydrocarbures, principale source économique nationale, en ce moment précis, ou l’avenir de plusieurs générations est en jeu. Le même syndicat estime qu’en cédant avec toutes les facilités annoncées dans ce dit projet, les tenants du pouvoir engagent non seulement l’économie nationale, mais mettent aussi en péril la stabilité nationale en raison des conséquences et risques sur les richesses naturelles, sur l’environnement et sur la société. Considérant ce projet comme forme de «corruption internationale» légalisée par les multinationales, il a appelé tous les syndicats autonomes et travailleurs du secteur des hydrocarbures à travers le territoire national, les partis politiques, les organisations de la société civile, à se mobiliser autour d’une action concrète pour contrecarrer le bradage des richesses et ressources naturelles, empêcher l’aboutissement de cette loi et «déjouer les complots», contre les travailleurs et contre le peuple. Le SNAPAP pense dans ce sens à aller vers une grève générale touchant tous les secteurs dont la date sera fixée prochainement.
Ania Nait Chalal