Accueil ACTUALITÉ CISJORDANIE OCCUPÉE : Attaques et incursions israéliennes intensives

CISJORDANIE OCCUPÉE : Attaques et incursions israéliennes intensives

0

Malgré la colère grandissante au sein de la population palestinienne et les appels internationaux à la désescalade, la Cisjordanie occupée continue de subir une vague d’agressions coordonnées entre colons israéliens et armée d’occupation. Ces derniers jours, plusieurs villes et villages palestiniens ont été la cible d’attaques, de destructions et de nouvelles annonces de projets de colonisation, confirmant la volonté israélienne d’imposer un fait accompli sur le terrain.
Dans la matinée de lundi, des sources locales ont rapporté que des colons israéliens ont attaqué des agriculteurs et des propriétaires de serres dans la région de Beit Dajan, à l’est de Naplouse. Les colons ont tenté d’empêcher les paysans palestiniens d’accéder à leurs terres, sous la protection silencieuse des forces d’occupation. Parallèlement, l’armée israélienne a mené une incursion dans la localité d’al-Yamoun, à l’ouest de Jénine, provoquant des affrontements avec des habitants. Ces violences s’inscrivent dans un contexte d’escalade continue en Cisjordanie occupée, où l’armée et les colons multiplient les attaques contre les citoyens palestiniens et leurs biens dans le but manifeste d’étendre la colonisation. À Bethléem, des colons ont attaqué lundi soir des véhicules palestiniens près de la ville de Teqoa, après avoir bloqué le principal carrefour menant à l’entrée ouest de la localité. Des affrontements ont ensuite éclaté lorsque les forces d’occupation sont intervenues pour protéger les agresseurs. Dans le nord du territoire, l’armée israélienne a pénétré dans la ville de Tubas depuis son entrée nord, déployant plusieurs véhicules militaires dans les quartiers résidentiels et perquisitionnant des maisons. Des incursions similaires ont été signalées dans plusieurs localités de la province de Qalqilya, notamment à Azzoun, Kafr Laqif, Amatin et Hajja, où les soldats ont tiré des grenades assourdissantes, fouillé des habitations et érigé des barrages militaires. À Turmus Ayya, au nord-est de Ramallah, les forces sionistes ont envahi les rues avant d’installer un poste de contrôle à l’entrée principale du village. Dans le nord d’El-Qods occupée, le camp de réfugiés de Shuafat a également subi une attaque des forces israéliennes, qui ont tiré des grenades lacrymogènes sur les habitants et leurs maisons, sans qu’aucune blessure ne soit signalée.

Un nouveau plan de colonisation à El-Khalil
Alors que les violences se multiplient, les autorités israéliennes ont officialisé un nouveau plan de colonisation à El-Khalil. Selon la municipalité palestinienne de la ville, la « commission d’aménagement et de construction » relevant de l’administration civile de l’armée d’occupation a validé un projet visant à construire deux immeubles sur le terrain du marché central des légumes — la « houbsa » — relevant de la municipalité d’El-Khalil. Le projet prévoit l’édification de 63 unités de logement réparties sur deux bâtiments de six étages, ainsi qu’un troisième édifice de trois niveaux qui abriterait des salles de classe, une bibliothèque et une synagogue, pour une superficie totale estimée à 12 500 mètres carrés. Le marché, qui servait autrefois de centre névralgique du commerce local, avait été fermé aux Palestiniens après le massacre du Tombeau des Patriarches perpétré le 25 février 1994 par le colon extrémiste Baruch Goldstein, causant la mort de 29 Palestiniens et plus de 125 blessés. La municipalité d’Elkhalil a qualifié ce projet d’« atteinte flagrante à ses compétences » et de violation grave du droit international humanitaire, qui interdit la confiscation ou l’exploitation des propriétés d’un peuple sous occupation. Elle a annoncé qu’elle déposerait un recours officiel pour contester cette décision et a exhorté la communauté internationale, les organisations de défense des droits humains et l’UNESCO à intervenir d’urgence pour stopper ces violations répétées contre les biens et le patrimoine palestiniens.

Arrestations, destructions et expropriations
Dans la nuit de lundi à mardi, l’armée israélienne a mené une vaste campagne d’arrestations dans plusieurs régions de la Cisjordanie occupée, arrêtant 16 Palestiniens, dont plusieurs anciens prisonniers, à Naplouse, Qalqilya, Tulkarem, Ramallah et El-khalil. Des témoins ont également signalé que des bulldozers israéliens ont détruit un atelier de réparation automobile dans la ville de Dura, au sud d’El-khalil, sous prétexte d’absence de documents administratifs. En parallèle, des colons ont confisqué des terres agricoles à l’ouest d’El-khalil, tandis que les forces d’occupation ont démoli deux maisons habitées dans la région ouest de Bethléem.

Des violations documentées à El-Qods
Le rapport mensuel publié par la province d’El-Qods a révélé que 40 Palestiniens ont été blessés et 87 arrêtés au cours du seul mois d’octobre 2025. Les forces israéliennes ont procédé à 15 opérations de démolition et de nivellement, tandis que les colons ont mené 68 attaques documentées, et 10 822 colons ont pénétré dans l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa sous protection policière. Ces chiffres traduisent l’intensification des violations israéliennes dans la ville sainte, où les restrictions de déplacement et les raids se sont multipliés.

Le colonialisme persiste au mépris du droit international
Depuis des décennies, les Nations unies réaffirment que la colonisation dans les territoires palestiniens occupés est illégale et met en péril toute solution à deux États. Pourtant, Israël poursuit son expansion coloniale en toute impunité, encouragée par le silence de la communauté internationale. El-khalil, ville martyre divisée depuis les accords de 1997 entre zones H1 (administration palestinienne) et H2 (contrôle israélien), demeure l’un des symboles les plus douloureux de cette occupation prolongée. En 2017, la vieille ville d’El-khalil et le Tombeau des Patriarches ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO, une reconnaissance internationale du danger que représente la politique israélienne pour le patrimoine et la population palestinienne.
La Cisjordanie occupée, elle, continue d’être étranglée entre les murs, les checkpoints et les colonies, transformée peu à peu en un archipel de cantons sous occupation — un système d’apartheid que ni les trêves, ni les résolutions onusiennes n’ont jusqu’à présent réussi à briser.
M. S.

Article précédentContrefaçon : plus de 385.000 articles saisis par les Douanes à fin septembre
Article suivantCONSEIL DE SÉCURITÉ DE L’ONU : Agenda de novembre très chargé