Accueil Culture+ Cinéma : «The Father», Anthony Hopkins à en perdre la tête

Cinéma : «The Father», Anthony Hopkins à en perdre la tête

0

Une plongée troublante dans la démence, auréolée de deux Oscars : avec «The Father», qui arrive mercredi en salles, le Français Florian Zeller offre à Anthony Hopkins l’occasion de prouver que le talent ne s’érode pas avec le grand âge. Oscar du meilleur acteur à Hollywood pour Hopkins, du meilleur scénario adapté pour Zeller, Baftas anglais, Goya espagnol… Rarement œuvre d’un réalisateur français aura collecté autant de distinctions internationales… surtout pour un premier film, tourné à Londres, et en anglais. Anthony Hopkins, 83 ans, y joue un Londonien, dont il partage le prénom et la date de naissance : le 31 décembre 1937. L’octogénaire vit depuis 30 ans dans un appartement cossu. Il est couvé par sa fille, Anne (Olivia Colman, qui était Elizabeth II dans la série à succès «The Crown» et a remporté l’Oscar de la meilleure actrice pour «La Favorite» en 2019). Entre eux, beaucoup de tendresse. Mais d’oublis en moments d’absence, l’ombre de la démence sénile plane sur le foyer. Elle menace de tout dévorer : la complicité, les souvenirs et jusqu’à l’amour inconditionnel entre père et fille, qui semble s’épuiser. Le brio de Florian Zeller, dans ce huis clos flirtant parfois avec le thriller, consiste à tourner l’ensemble du point de vue de ce vieil homme qui perd prise. Comme lui, le spectateur oublie peu à peu ses repères, entraîné dans le dédale d’un esprit qui vacille et sombre dans la paranoïa, la colère et le désespoir. Des membres de la famille deviennent méconnaissables tandis que des étrangers apparaissent inexplicablement dans son appartement londonien, qui semble lui-même se transformer sous les yeux du personnage, et ceux du spectateur… Que ressent-on quand l’esprit s’en va ?
«C’est lui que je voulais»
La descente aux enfers est d’autant plus cruelle qu’Anthony conserve des éclairs de lucidité, où il retrouve son humour, flirtant avec les auxiliaires de vie, s’amusant de l’attention qu’on lui porte, et son aplomb. On lit alors sur le visage d’Hopkins le désarroi d’un homme qui prend conscience de la folie qui l’emporte.
«The Father» est l’adaptation sur grand écran de la pièce (un Molière en 2014) du même nom de Florian Zeller, l’auteur français le plus joué dans le monde. «Ce que je ne voulais absolument pas faire, c’est filmer une pièce de théâtre mais faire quelque chose que seul le cinéma peut faire», a-t-il expliqué à l’AFP après les Oscars.
«Je voulais que ce film puisse prolonger ça en une expérience encore plus immersive – ce que permet le langage du cinéma ! – pour être vraiment dans le cerveau de ce personnage». Le film tire aussi sa force de la prestation d’Anthony Hopkins, légende du cinéma pour lequel Florian Zeller dit avoir écrit spécifiquement le scénario : «C’est lui que je voulais et dont je rêvais», dit-il.
Le pari est gagnant. Sa prestation lui a valu un nouvel Oscar du meilleur acteur (il en devient le lauréat le plus âgé) près de trois décennies après son Oscar du meilleur acteur pour sa performance glaçante de tueur en série dans «Le silence des agneaux» de Jonathan Demme, en 1992.
Propulsé par le succès du film, Florian Zeller, lui, est déjà tout entier tourné vers son prochain projet.
Son prochain long-métrage «The Son», une nouvelle fois tiré d’une de ses pièces de théâtre, devrait être tourné cet été à New York. Avec Hugh Jackman et l’actrice oscarisée Laura Dern au casting.

Article précédentLutter contre les incendies de forêts à Khenchela : 18 brigades mobiles et 86 agents mobilisés
Article suivantMenacé de mort pour avoir dit « Vive l’Algérie ! »