Accueil ACTUALITÉ CARTE POLITIQUE POST-REFERENDUM : La bataille des législatives a-t-elle commencé ?

CARTE POLITIQUE POST-REFERENDUM : La bataille des législatives a-t-elle commencé ?

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À peine les résultats du référendum sur l’amendement de la Constitution proclamés, les partis politiques se projettent déjà sur une éventuelle reconfiguration de la carte politique. Les législatives anticipées, a priori annoncées pour la fin de l’année, dans le viseur.
Une bataille cruciale où les partis de la défunte Alliance présidentielle espèrent se refaire une nouvelle virginité et une descente aux enfers. De l’autre, les islamistes souhaitant un retour au gouvernement et prendre une revanche sur les « démocrates-laïcs » pour une entrée en force au Parlement. Les résultats du référendum du 1er novembre, accrédité avec un taux de participation du 23,72 %, ont constitué un choc majeur pour les partis qui ont été pendant ces 20 dernières années au pouvoir (FLN, RND, MPA, TAJ, …). Des observateurs prédisent une élimination de ces partis dans toute hégémonie sur la carte politique dans l’avenir, vu que les enjeux ne tolèrent pas plus de fragilité pour l’Exécutif dans la mise en place de son agenda politique et économique. N’en déplaise aux chefs de ces partis qui ont jeté de tout leur poids lors de la campagne référendaire. Mais la stratégie n’a pas fonctionné, semble-t-il. Mis au ban de la classe politique depuis le début de la révolte populaire du 22 Février 2019, les partis adossés à l’ancien pouvoir ont profité de la campagne référendaire pour tenter de revenir au-devant de la scène. Plus que d’autres formations politiques, le FLN, le RND et TAJ, notamment, ont eu droit à un traitement de faveur de la part de l’administration.
En l’espace de quelques jours, ils ont réussi à organiser des congrès qui leur ont permis de désigner de nouveaux responsables, participer ainsi à la campagne référendaire et jouer la carte de « L’Algérie nouvelle ». Durant le déroulement de la campagne référendaire, Baâdji Abou-El-Fadhl, Tayeb Zitouni, respectivement chefs du FLN et du RND, et d’autres figures de ces partis politiques, ont poussé le zèle jusqu’à renier les positions des anciens dirigeants de leurs formations, dont le soutien au Président déchu était pourtant clair et limpide.
Ils ont animé des meetings et des rencontres dans des lieux interdits pour l’opposition. Ils ont tenu des discours dithyrambiques appelant les Algériens à « voter » pour « rompre » avec un passé dans lequel ils ont pourtant joué un rôle majeur. D’aucuns estiment que, justement, c’est la participation de ces partis dans la campagne référendaire qui a été pour partie responsable du faible taux de participation des électeurs, qui incarnent, pour beaucoup d’entre eux, l’ancienne Algérie qu’a longtemps représenté le régime corrompu de Bouteflika. Mais le Pouvoir pourra-il continuer à compter sur le soutien de ces partis ? Les jours à venir vont apporter sûrement des réponses. Et si ces forces politiques jadis majoritaires dans le pays et au gouvernement seront éloignées, comment le paysage politique va-t-il se recomposer après le 1er novembre ?

Les islamistes en déroute, mais à l’affut
Abderrazak Makri est le premier leader politique à s’interroger sur la question, en appelant clairement le pouvoir à « faire la bonne lecture des résultats du référendum du 1er novembre ». Mais le président de la formation islamiste, le MSP, et avec lui toute la mouvance, n’est plus dans une position confortable, car son appel à voter « non » n’a pas apporté grand-chose : près d’un million d’électeurs seulement ont voté « non », ne recueillant que 33,20 % des voix. Ce chiffre pose d’emblée la question du poids politique réel de Makri, de Djaballah et des islamistes en général. Le MSP d’Abderrezak Makri, le Front de la justice et du développement d’Abdallah Djaballah, le mouvement Ennahda de Yazid Benaïcha, principaux partis islamistes, ont appelé, en effet, dès le début à s’opposer au projet d’amendement de la loi fondamentale, après avoir exprimé leur rejet de certains articles comme la consécration du statut intangible pour  tamazight en tant langue nationale et officielle aux côtés de l’arabe.
Ils se sont lancés dans la bataille timidement, amputés d’une frange de leur famille politique qui, en dépit de quelques réserves exprimées, a décidé de voter favorablement. Toutefois les partis se revendiquant du camp des « démocrates » se retrouvent largement confortés dans leur position, eux qui ont appelé dès le début au boycott du ce scrutin, grandement facilité par le large taux d’abstention des votants. Cela ferait d’eux la force majoritaire, par défaut. Mais cela est-il suffisant ? Sauront-ils comment transformer la défaite de leurs concurrents en victoire ? Difficile à envisager cette option vu les divisions qui minent ce bloc. « Le pouvoir de fait a échoué, y compris dans sa tentative de réunir les adeptes du partage de la rente autour de sa démarche », a commenté le RCD. Pour Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, « c’est la première fois que nous avons les chiffres réels d’un scrutin. Le taux de participation est extrêmement faible, tout comme ceux qui l’ont précédé sauf que ces derniers étaient trafiqués ». Il poursuit plus loin : « C’est une Constitution légale, mais reflète-t-elle un consensus dans la Nation ? La réponse est non ». Pour Zoubida Assoul, présidente du parti de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), « les résultats obtenus lors de cette consultation sont un verdict sans appel de près de 80 % des Algériens qui ont rejeté ce processus ».
Ramdane Taâzibt, du Parti des travailleurs, soutient que le résultat de ce scrutin « est un désaveu populaire du système ». Pour  Hakim Belahcel, membre de l’instance présidentielle du Front des forces socialistes (FFS), le peuple algérien « a magistralement et pacifiquement tourné le dos » à cette Constitution. De son côté, le premier responsable du Mouvement démocratique et social (MDS), Fethi Ghares, a estimé que « le peuple, en ce 1er novembre, s’est non seulement  prononcé, mais il a également décidé d’installer l’Algérie dans une nouvelle étape qu’est l’Algérie libre et démocratique ».
Hamid Mecheri

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