Au moment où les risques d’une main mise de Daesh sur ce qui reste de l’État libyen, des représentants libyens des parties en conflit semblent mesurer le danger réel qui pèse sur leur pays, et ont conclu, dans un «esprit positif», une nouvelle session de pourparlers pour parvenir à un accord politique. ,Après une escalade militaire, mi-décembre 2014, qui a vu les appels à une intervention étrangère se multiplier, l’Émissaire onusien le diplomate espagnol, Bernardino Léon, a engagé, à Genève, une médiation de la dernière chance entre des représentants d’Aube de la Libye, la coalition, dominée par les milices de Misrata et les forces islamistes, qui s’est rendue maître de Tripoli, et des autorités élues, réfugiées à Tobrouk, dans l’est du pays. Léon a estime que l’on peut arriver un accord définitif et empêcher que la Libye ne devienne un foyer du terrorisme international. «Si un accord n’et pas possible, alors il faudra envisager autre chose», a-t-il ajouté, n’excluant pas ainsi, sans le dire, une intervention militaire pour laquelle la France s’est beaucoup démenée. Cependant, et pour le moment, le diplomate espagnol affiche son optimisme. «Les Libyens présents à Genève, comme ceux qui n’ont pas pris part aux discussions, comprennent que le pays est au bord de l’effondrement. L’esprit est très constructif, cordial», se félicite Leon. Les participants, élus loyalistes et boycotteurs du Parlement de Tobrouk, ont établi une liste de mesures de confiance humanitaires, et dessiné les contours d’un accord pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. Ils se sont entendus sur des mécanismes pour le retrait des milices des villes et sites stratégiques, ainsi que l’imposition d’un cessez-le-feu permanent. «Nous avons maintenant établi une ligne très claire, et 90% des acteurs sont favorables aux pourparlers.» Ceux qui s’y opposent s’exposent à des sanctions onusiennes. «Les sanctions viendront rapidement», selon lui. Les discussions se sont poursuivies, hier mercredi, avec les municipalités, et ultérieurement avec les groupes armés. L’Émissaire onusien espère obtenir la participation du Congrès général national (CGN), l’ancien Parlement rétabli par Aube de la Libye, aux prochaines sessions. Après avoir acté, le 18 janvier, sa participation sous conditions, le CGN l’a suspendue à la suite de l’attaque de la Banque centrale de Benghazi par les forces du général Khalifa Haftar, allié aux autorités élues. Le cessez-le-feu décrété mi-janvier par les principales milices d’Aube de la Libye, ainsi que l’armée nationale libyenne (ANL) et le général Haftar, est fragile. «On est toujours dans la phase difficile, avec des incidents graves. Tous les commandants d’Aube de la Libye ne l’appuient pas, mais ils sont une petite minorité. Il y a des exceptions sur lesquelles nous travaillons», reconnaît Leon. L’ANL exclut toute trêve à Benghazi et Derna, où elle combat les groupes djihadistes, comme Ançar Al-Charia. «Nous n’avons pas de contact avec ce groupe, classé organisation terroriste, mais l’on essaie de lui envoyer le message pour un cessez-le-feu total», poursuit-il. Leon espère obtenir bientôt une déclaration formelle de trêve. Toutefois, reconnaît-il, «cela ne suffira pas. Il faut l’appuyer avec un calendrier de redéploiement des milices, un contrôle des armes et une supervision internationale, plus appuyée dans certaines zones». Il plaide auprès de plusieurs pays, dont la France et les États-Unis, pour une surveillance aérienne du cessez-le-feu et la mise en place d’une mission de maintien de la paix. Le premier ministre italien, Matteo Renzi, s’est dit prêt à déployer des Casques Bleus.
M. Bendib