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Afghanistan : La résistance face aux talibans s’organise au Panchir

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Dans la vallée du Panchir, au sommet d’une montagne escarpée qui a résisté à de nombreux envahisseurs, des combattants anti-talibans tirent à la mitrailleuse lourde, s’entraînant en vue de combats à venir.

Ces membres du Front national de résistance (FNR), le principal groupe d’opposition aux talibans qui contrôlent l’Afghanistan depuis bientôt 10 jours, se préparent à lutter à mort face aux nouveaux hommes forts du pays. Dans leurs rangs, des miliciens et d’anciens membres des forces de sécurité afghanes préparent leur défense: des mitrailleuses lourdes, mortiers et postes de surveillance ont été disséminés tout au long de cette profonde vallée. Les combattants, dont beaucoup sont en tenue de camouflage, patrouillent dans la zone à bord de véhicules militaires américains, les fameux Humvees, équipés d’armes lourdes. Beaucoup portent des fusils d’assaut, lance-roquettes et talkie-walkies. Certains posent, avec en arrière-plan les sommets enneigés de la vallée escarpée dont l’entrée, un goulet d’étranglement, se trouve à 80 km à peine au nord-est de Kaboul. « Nous allons leur faire mordre la poussière », lance, bravache, l’un des combattants, citant les victoires passées contre les talibans. Et ses camarades de lever le poing en l’air en hurlant « Allah Akbar » (Dieu est Grand). La vallée du Panchir est un symbole en Afghanistan. Étroite, entourée de cimes escarpées, elle fut le cimetière des ambitions de nombreux envahisseurs. Ses bas-côtés sont ornés de camions de transport de troupe, tanks et autres matériels soviétiques rongés par la rouille. Signe que la puissante Armée rouge, lorsqu’elle a voulu s’emparer de l’Afghanistan entre 1979 et 1989, a vu ses ambitions stoppées nettes par les redoutables Panchiris, d’ethnie tadjike. « Si les chefs de guerre talibans lancent un assaut, ils rencontreront bien sûr une résistance acharnée de notre part », a averti la semaine dernière Ahmad Massoud, l’un des leaders du FNR, dans une tribune publiée par le Washington Post. Ahmad Massoud est le fils du légendaire commandant Ahmad Shah Massoud, révéré par nombre de Tadjiks pour avoir résisté sans jamais mettre genou à terre aux Soviétiques, puis aux talibans. Pendant les cinq années où ces derniers ont tenu l’Afghanistan, entre 1996 et 2001, le Panchir fut également l’un des rares territoires que les « étudiants en religion » ne contrôlèrent jamais. Le commandant Massoud fut finalement assassiné le 9 septembre 2001 par des kamikazes d’Al-Qaïda s’étant fait passer pour des journalistes, deux jours à peine avant les attentats du 11 septembre aux États-Unis. Ce week-end, un porte-parole du FNR a indiqué à l’AFP que son mouvement était prêt à résister à toute agression des talibans, mais aussi à négocier avec ces derniers sur la formation d’un gouvernement inclusif.

Siège taliban
Les talibans disent aussi vouloir parlementer… Même s’ils ont envoyé des centaines d’hommes pour encercler la vallée de trois côtés, selon leur porte-parole Zabihullah Mujahid. L’ancien vice-président afghan Amrullah Saleh, ennemi intime des talibans, qui ont tenté de l’assassiner à plusieurs reprises, s’est également réfugié dans la Panchir. Un désastre humanitaire y est imminent, affirme-t-il. « Les talibans ne permettent pas le ravitaillement en nourriture et en essence de la vallée d’Andarab », a-t-il tweeté, en référence à une zone frontalière du Panchir. « Des milliers de femmes et d’enfants ont fui vers les montagnes. » Andarab est sous le contrôle des talibans, assurent ces derniers.
Plusieurs escarmouches ont été recensées ces derniers jours, présentées diversement par les deux parties et impossibles à vérifier. L’ONG italienne Emergency avait signalé la semaine dernière un « nombre croissant de blessés de guerre » dans son hôpital du Panchir. La questions de la préparation et de l’approvisionnement du FNR se pose également. Si le Front a stocké des armes et munitions depuis un certain temps, « nous savons que nos forces militaires et logistiques ne suffiront pas » si la vallée est assiégée de longs mois, reconnaissait Ahmad Massoud dans le Washington Post.
« Elles seront rapidement épuisées, à moins que nos amis occidentaux ne trouvent un moyen de nous approvisionner sans délai », ajoutait-il. Des barbes grises du Panchir auraient rencontré des responsables talibans à Kaboul. Mais les discussions entre les deux parties n’ont pour l’instant accouché d’aucun résultat.

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