Il y a quelques années, le mythe du diamant de Constantine a fait parler de lui. Et puis cette histoire est entrée dans les oubliettes. Seulement, un chercheur amateur en l’occurrence. Bechlem Djamel , n’a pas cessé de traquer ce mythe pour découvrir le véritable secret du diamant de Constantine. Il vient de terminer l’écriture de la deuxième partie de son recueil ayant trait aux recherches qu’il a entreprises depuis une vingtaine d’années afin de dévoiler le mystère qui entoure ce diamant de l’antique Cirta. Cet homme, nous l’avons rencontré, il s’est confié à nous, il nous a parlé de son travail de « fouineur » et les découvertes qu’il a réalisées. C’est en fait une aventure passionnante nous dira d’emblée notre interlocuteur, surtout quand on essaye de percer les mystères de la terre, ou essayer de comprendre ce long processus de transformation, et d’ajouter, vingt ans depuis le premier déclic, une idée folle de chercher un passage qui mène sous terre, l’entrée d’un tunnel, d’une grotte. Une porte qui donne sur un autre univers, et puis un jour un petit orifice apparaît, et c’est le début de l’aventure, une histoire qui commence dans une grotte entièrement ensevelie en passant par Paris et Anvers au pays des diamantaires, une course-poursuite folle après les pierres précieuses (diamant , saphir, émeraude , topaze), un rêve prémonitoire à la frontière d’un monde parallèle avec ses légendes et mystère. Une histoire palpitante comme elle a été vécue, jusqu’au jour où il fut la découverte des fameuses Lamprophyres, la variété de roche recherchée, qui est d’ailleurs objet du sujet de recherche «le diamant de Constantine». Cela dit, notre interlocuteur nous a présenté la 2eme partie de son étude et qui est en soi très intéressante sur le fameux diamant de Constantine où trois petits diamants ont été découverts dans le Rhumel en 1833, ce qui a défrayé la chronique de l’époque. Pour la précision, ce n’est qu’en 1948 qu’une information a été communiquée par Henri Fournel (ingénieur des mines) qui affirmait qu’en 1833, un arabe vint vendre à Alger plusieurs diamants qu’il déclare provenir du lavage des sables aurifères de Oued Rhumel. Trois de ces diamants apportés en France ont été achetés, l’un par l’École des mines , l’autre par le muséum d’histoire naturelle et enfin le troisième par monsieur De Dre. À la suite de quoi Fournel fut chargé d’une vaste opération de prospection de 1843 à 1846 sur les richesses minérales de l’Algérie, se déplaçant toujours sous bonnes escortes. Or, pour une raison ou une autre, ce dernier ne manqua pas de conclure que « Les diamants du Rhumel proviennent du lavage des immondices de la ville et qu’ils avaient appartenu à quelqu’un de ces infortunés qu’on punissait en les jetant du haut des remparts dans le Rhumel. Ce qui est faux bien entendu. L’ingénieur des mines a voulu se montrer très discret sur ce point, car comment expliquer le grand intérêt du dit muséum et de ladite École des mines pour ces diamants ? Certains supposent que ces diamants constantinois ont parcouru des milliers de kilomètres pour finir dans le Rhumel. Cependant, cette hypothèse est vite écartée par l’auteur de l’étude qui démontre que la densité du diamant dépasse celle des minéraux et se dépose bien avant les sables riches en quartz et forme ce qu’on appelle les graviers alluvionnaires. Ce qui fait que sur les grandes distances, la vitesse d’écoulement des oueds n’est pas constante, elle ralentit dans les virages que l’on appelle placers, le diamant minéral lourd a tendance à se déposer alors. Toutefois, l’examen du site de Constantine présente une richesse variée et considérable de minéraux.
L’intérêt des Romains et de la France pour l’Afrique du Nord
Par ailleurs et pour essayer de comprendre l’intérêt particulier des Romains et de la France pour l’Afrique du Nord, l’auteur de la présente étude fait un bref rappel historique de la minéralogie et l’origine des pierres précieuses, le diamant, le saphir, le rubis et l’émeraude qui viennent de l’Inde et du Moyen Orient. Le travail des pierres précieuses se répandit ensuite en Grèce. Là commence ensuite l’importation des pierres précieuses auprès des peuples d’Asie et de l’Afrique du Nord. Le but n’étant pas de réécrire l’histoire mais de répondre à des questions que l’on se pose. Pourquoi à cet endroit et pas ailleurs ? Sur le motif des emplacements des sites romains : De Constantine à Timgad en passant par Alger et Cherchell, les emplacements des positions étant dictés par un choix judicieux de proximité et présentaient un intérêt particulier. L’exemple le plus frappant, c’est la ville de Tiddis au flanc d’une montagne. Cette ville entièrement ensevelie par une forte activité volcanique, cela suppose aussi l’existence d’un ancien volcan qui a été mis à jour durant l’occupation française. En prenant note de chaque position de ces vestiges, l’on peut établir une cartographie précise sur d’éventuels gisements miniers, d’autant plus que les Romains et les Français portèrent une attention particulière à l’Algérie pour la convoitise de ses richesses.
La présence des juifs à Constantine
Il est fort probable que la communauté juive était déjà présente à Constantine bien avant l’arrivée des Français en 1830. Ce qui est surprenant entre autres c’est que l’on trouvait en 1895 énormément de bijoutiers dans cette ville (172 contre 92 à Alger et 81 à Oran). Cette concentration importante à Constantine dénotait (la proximité d’une source de matières première (l’or).
Indication dans la recherche du diamant
Comme chacun le sait, l’existence de ces minéraux se résume à des produits issus de volcans. Ce qui laisse entrevoir un nouvel espoir de découvrir enfin cette cheminée tant recherchée puisque la lave d’origine très profonde (120 à 150 km) pauvre en silice, atteignant la surface des éruptions fortement explosives et charrient la plus estimée des pierres précieuses : le Diamant. Cette cheminée présente en surface une roche argileuse appelée terre jaune, la roche sous-jacente dite terre bleue débouche sur une brèche de péridotite. Par contre dans les gisements secondaires, le diamant est présent dans les sables et graviers (les glissements que l’on nomme « placers ». Reste que le diamant c’est du carbone pur cristallisé à très hautes pressions (80 tonnes /cm2) et une température atteignant les 1500 degrés Celsius. Son nom vient du mot grec « adamas » qui veut dire invisible. C’est la Kimberlite, cette roche primaire qui contient en fait le diamant, c’est une variété de lamprophyre importante dont le chimisme est ultrabasique.
Le diamant de Constantine… Si c’était vrai ?
En tout état de cause, l’étude présentée par Djamel Bechlem sur le diamant de Constantine mérite que l’on sy attarde un moment d’autant plus qu’un ensemble d’archives fut consulté par ses soins. De même qu’un travail d’enquête et de recherches avait été mené sur différents sites. Reste qu’une prospection proprement dite doit obéir à des règles professionnelles et de connaissances confirmées. L’ébauche de son travail n’est qu’une piste à confirmer par les spécialistes nous a encore confié son auteur en toute modestie. D’ailleurs, dira-t-il, c’est sur Internet que nous avons su qu’il existait un sujet de recherches sur le site d’Andru, dépendant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
L’intitulé du sujet : «Diamant, recherche de lamprophyre dans le complexe magmatique constantinois». Le lamprophyre étant une variété de roches noires très dures, pouvant indiquer la proximité d’un éventuel gisement diamantifère. Le diamant de Constantine et si c’était vrai ! Cela est fort probable, puisqu’il intéresse les pouvoirs publics.
Mâalem Abdelyakine
une petite coquille dans le texte lire » invincible » pour le sens de Adamas au lieu de invisible. Djamel Bechlem
A mon avis, il faut chercher ailleurs que dans la géologie du Constantinois, l’origine des diamants, si leur existence était prouvée. En effet, des contraintes géologiques s’imposent pour l’existence de diamants dans une région en particulier l’épaisseur de la lithosphère qui doit être supérieure à 156 km, ce qui n’est pas le cas en Algérie du nord, à lithosphère deux fois moins épaisse. Par ailleurs, la région la plus proche à pipes kimberlitique prouvés se situe dans le bouclier du Man-Léo (Afrique sub-saharienne). Même l’idée d’un placer diamantifère charrié dans les sédiments détritiques d’un gigantesque delta (ex. Continental intercalaire) dont les sources sont supposées se situer dans ce « Craton ouest africain » ne peut tenir la route pour la simple raison que le Continental intercalaire est stoppé dans le nord des Aurès par des édifices récifaux. Les diamants de Constantine paraissent alors comme une simple fable!