Une nouvelle visite diplomatique d’envergure se prépare dans la capitale russe : un responsable proche du dossier a confirmé, ce dimanche, qu’une délégation du Hamas, conduite par Moussa Abou Marzouk, vice-président du bureau politique du mouvement, est attendue ce lundi 16 juin à Moscou.
Ce déplacement s’inscrit dans le cadre d’un dialogue politique régulier entre la Russie et la résistance palestinienne, à l’heure où la guerre à Ghaza atteint des niveaux de violence sans précédent. Ce n’est pas la première fois que le Hamas est accueilli dans la capitale russe. Dès janvier 2024, une première série de consultations s’était tenue avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. Le Hamas y avait exprimé sa volonté d’aboutir à un cessez-le-feu face à l’agression de l’entité sioniste, tout en défendant la légitimité de sa lutte et en clarifiant sa position sur les prisonniers de guerre. À l’époque, un communiqué, publié sur la chaîne Telegram du mouvement, soulignait la convergence des vues entre le Hamas et la diplomatie russe concernant la nécessité de mettre fin à l’escalade militaire et de défendre les droits fondamentaux du peuple palestinien. Moscou avait alors réaffirmé son soutien au droit du peuple palestinien à la liberté et à l’autodétermination, tout en saluant la résistance comme un acteur politique légitime. Cette nouvelle visite intervient alors que la guerre menée contre Ghaza a déjà fait plus de 183 000 victimes palestiniennes, dans un contexte de famine, de blocus et de destruction systématique des infrastructures civiles. Dans ce chaos, la Russie cherche à consolider son rôle comme puissance médiatrice dans le monde arabo-musulman, à contre-courant d’un axe occidental largement décrié pour son soutien inconditionnel à Israël. Les observateurs soulignent que cette initiative russe marque une dynamique diplomatique alternative, en particulier auprès des mouvements de résistance du sud global. Contrairement à Washington, dont les propositions de cessez-le-feu se heurtent à la méfiance voire au rejet des populations concernées, Moscou tente de fédérer un front de contestation contre ce qu’elle qualifie de politique d’apartheid et de génocide soutenue par l’Occident.
Une seule bataille, une seule cause, une seule riposte
En parallèle, les factions palestiniennes de la résistance ont publié ce dimanche une déclaration conjointe saluant la riposte iranienne contre Israël, dans le cadre de l’opération « al-Waad al-Sadiq 3 » (« la promesse sincère 3»). Elles ont affirmé que ce « coup écrasant » de l’Iran représentait une réponse à toutes les gouttes de sang versées à Ghaza, au Liban et au Yémen depuis le 7 octobre. Ces factions ont également condamné, avec force, l’agression israélienne contre le territoire iranien, qu’elles qualifient de « crime révélateur de la nature sanguinaire de l’ennemi sioniste ». Dans leur communiqué, elles rendent hommage aux martyrs de la République islamique, parmi lesquels les commandants Husseïn Salamé et Mohammad Bagheri, des scientifiques, des civils et des cadres militaires tombés lors des dernières frappes israéliennes. Elles ont affirmé que «leurs sangs purs resteront une malédiction sur le front des sionistes et de leurs alliés américains », dénonçant la complicité des régimes arabes normalisateurs. Le communiqué salue également le courage et la puissance de la République islamique d’Iran, saluant une riposte qui a « brisé le mythe de la supériorité militaire sioniste » et inauguré, selon leurs mots, « la fin d’une ère d’impunité ». Dans ce contexte, les factions appellent les peuples de la région et les libres du monde entier à « s’unir, dépasser les divergences et se ranger derrière les forces armées iraniennes, qui mènent cette bataille au nom de toute la Oumma ». De son côté, le chef du mouvement yéménite, Ansar Allah, Abdel-Malek Al-Houthi, a déclaré que la victoire iranienne dans cette confrontation représente « un acquis stratégique pour la cause palestinienne et pour la stabilité future de la région ». Ces multiples prises de position dessinent les contours d’un nouveau front régional d’alliances, fondé sur la solidarité entre mouvements de résistance et États souverains défiant l’ordre hégémonique occidental. La visite à Moscou de la délégation du Hamas pourrait ainsi s’inscrire dans une stratégie plus large : celle d’un repositionnement géopolitique où les causes populaires retrouvent un écho au sein des grandes puissances non-alignées.
M. Seghilani
