Le Président directeur général de l’Entreprise nationale de transport maritime des voyageurs (ENTMV), Ahcène Graïria, a montré les ambitions de la compagnie en vue du lancement de la saison estivale.
L’occasion pour lui de revenir sur différents points essentiels comme l’amélioration des prestations, la baisse des tarifs, les nouvelles dessertes et le développement du transport maritime urbain pour Alger. Principal objectif : satisfaire au mieux les passagers. Invité du Forum Economie du Moudjahid, Graïria, a exposé avec assurance les perspectives de sa compagnie pour la saison estivale 2016 en annonçant que tout était fait pour donner entière satisfaction aux passagers algériens, notamment ceux résidant à l’étranger et qui viennent passer leurs vacances dans leur pays d’origine. Le rush arrive à grand pas et l’ENTMV se doit de répondre aux attentes des voyageurs, tout en maintenant l’essor de l’entreprise. « Le voyageur doit se sentir chez lui » a précisé Graïria. Et cela commence dès l’étape de réservation. Depuis mars 2015 et sa séparation d’avec la Société nationale Corse Méditerranéenne (SCNM), société concurrente qui assurait les opérations de consignation des navires et le traitement des passagers, l’ENTMV a dû reprendre cette charge et étoffer son réseau commercial. Après des débuts difficiles, le P-dg de l’entreprise se félicite aujourd’hui de la mise en service de plus de 200 agences en Europe (France, Belgique et Italie), un nombre sans précédent pour la compagnie, afin d’être à l’écoute de la communauté algérienne importante outre-mer. Principale mesure prise : des réductions allant jusqu’à 36% sur les tarifs des billets durant la période allant du 15 juin au 15 septembre prochains, période pendant laquelle l’entreprise prévoit 295 traversées vers la France, l’Italie et l’Espagne. Ces dernières seront réparties sur quatre lignes, Alger-Marseille, Skikda-Gênes, Oran-Alicante et Mostaganem-Valence et Alicante. « Réduire pour inciter » a déclaré Graïria. Ces réductions concernent en premier lieu les membres de la communauté nationale à l’étranger et seront applicables aux différentes prestations offertes par l’entreprise. Quelques chiffres : les tarifs classe cabine passent de 513 euros en 2015 à 340 euros (-34%) cette année, ceux de la classe couchette, de 423 euro à 286 euro (-32%) et ceux de la classe fauteuil, de 385 euros à 248 euros (-36%). Les tarifs appliqués aux voitures passent quant à eux de 734 euros à 610 euros, soit une réduction de 20%. Des réductions tarifaires au départ de l’Algérie sont également prévues, de l’ordre de 15%, soit une réduction d’environ 5 000 dinars. Graïria a affirmé que l’application de ces réductions ne mettait pas en péril la sécurité et la trésorerie de l’entreprise. Dans le même ordre d’idées concernant les facilités que met l’ENTMV à la disposition des voyageurs et notamment ceux de la diaspora algérienne, le DG a indiqué que pour empêcher les longues files d’attente au niveau des agences et éviter les phénomènes « d’attroupement » , l’opération d’achat des billets a été lancée sur Internet dès le mois de février dernier. Autre nouveauté: l’introduction cette année des facilités de paiements par un versement initial d’arrhes à hauteur de 30% qui sera complété 45 jours avant la date de départ. La compagnie prévoit également la reconduite de la taxe hauteur pour les véhicules, mais avec une réduction notable, passant de 150€ à 60€. Plus de 220 000 voyageurs sont attendus sur ces lignes, ce qui a nécessité le dégagement de 392 000 installations entres cabines, couchettes et fauteuils.
Le responsable a tenu à préciser que 80% des produits consommés à bord sont de fabrication algérienne. Le début de la saison estivale coïncidant avec le mois de Ramadhan, des menus spécial Ramadhan sont proposés à bord des navires, quatre au total dont un affrété, un car-ferry d’une capacité d’accueil de 1600 passagers et de plus de 600 véhicules. Un projet d’animation de soirées « ramadanesques » est en cours de finalisation. Ces nouveautés semblent servir l’entreprise. En effet, entre 2014 et 2015, la compagnie a connu une augmentation de ses revenus de 136% passant de 4,9 millions d’euros à plus de 10 millions d’euros. Concernant les plaintes de certains voyageurs sur les conditions à bord, notamment d’hygiène, Graïria a souligné que « le passager avait droit à tous les égards ». À cet effet, en termes d’hygiène par exemple, la compagnie introduit une nouvelle formule, celle de la literie jetable à usage unique. Sur le volet de l’accueil au niveau des ports, notamment des services de contrôle et de douanes, le DG a assuré qu’une meilleure coordination entre tous les intervenants à ce niveau a été mise en place. Par exemple, le titre de passage en douane (TPD) sera dorénavant fait à bord des navires et non au niveau des quais pour éviter les retards et permettre un gain de temps. Des projets de gares maritimes sont envisagés avec séparation des passagers véhiculés et des passagers piétons. Concernant l’aspect sécuritaire, Graïria ne fait état d’aucun incident majeur à ce jour précisant que les navires étaient soumis régulièrement à des contrôles stricts et minutieux. Les navires ne répondant pas aux normes ont interdiction de quitter le port. Au sujet des nouvelles dessertes, l’ENTMV a bénéficié de deux nouvelles lignes, l’une reliant Skikda à Gênes en Italie avec neuf dessertes programmées afin d’éviter aux Algériens résidant en Allemagne ou en Suisse de transiter par Marseille. Une autre reliant Mostaganem à Valence vise quant à elle, à diminuer la pression sur les lignes de Valence, Oran et Alicante. Concernant la ligne Mostaganem-Valence, Grairia a indiqué qu’elle s’inscrivait dans le plan de développement adopté par l’entreprise pour dynamiser davantage ses activités et améliorer son offre. Le même responsable a fait savoir que l’ENTMV prévoyait l’ouverture d’autres lignes à partir de Mostaganem notamment vers Sète et Marseille après les résultats des études de faisabilité relatives à ces futures lignes. Néanmoins, la ligne Alger-Marseille reste la plus importante.
Questionné sur l’approvisionnement en fuel, Graïria a annoncé que la société Naftal et l’ENTMV étaient arrivées à un accord satisfaisant pour les deux parties et qui ne mettait pas à mal la santé financière de l’entreprise. En cette période de crise du pétrole et de dévaluation du dinar, la compagnie avait pris la décision de s’approvisionner à Marseille car le fuel était trois fois moins cher. Il faut savoir qu’un Alger-Marseille nécessite 190 tonnes de carburant. À 50 000 da, voire 60 000 da la tonne, la traversée coûte environ 1 milliards de centimes de dinars.
Développement du transport maritime urbain
Concernant les lignes de transports maritimes urbains, Graïria, a annoncé l’ouverture dès le début du mois de juin, au plus tard le 15 du mois, de la ligne Alger- Jijel via Azeffoun et Béjaïa ainsi que de la ligne Oran-Aïn Turck. La ligne Alger-Tipaza ne sera mise en place qu’à partir de la saison prochaine, le port de Tipaza ne possédant pas encore les infrastructures d’accostage adéquates. À cela s’ajoute la reprise de la ligne Alger-Aïn Benian (la Madrague), mais avec des tarifs légèrement en hausse. Des chapiteaux avec toutes les commodités pour l’accueil des passagers ont été installés au niveau de ces ports. Une ligne Alger-Cherchell est aussi lancée, mais uniquement le week-end pour éviter les longues heures de circulation lors des retours des vacanciers. Ces dessertes seront effectuées pratiquement de manière quotidienne, mais uniquement pendant l’été, les conditions de navigation en hiver étant difficiles et risquées. L’objectif de ces lignes est de désengorger les routes en période de vacances scolaires. Les tarifs varient entre 500 da et 1 600 da l’aller simple en fonction de la destination. Par exemple, il faut compter 800 da pour un Alger-Azzefoun, idem pour Azzefoun-Jijel et Alger-Cherchell, 500 da pour un Azzefoun-Béjaïa, 1 200 da pour un Alger-Béjaïa ou encore 1 600 da pour un Alger-Jijel. Commodités, rafraîchissements, en cas et surtout Wifi gratuit seront disponibles à bord. Sur la question des projets de croisières, le DG de l’ENTMV a précisé que les navires en sa possession qui ne sont qu’au nombre de quatre ne permettaient pas encore d’offrir ce genre de services. Les croisières nécessitent de véritables paquebots d’une capacité de 2 000 passagers et 700 voitures dont l’exploitation serait un véritable coût pour l’entreprise. Néanmoins, l’ENTMV a pour ambition d’étoffer sa flotte avec la construction d’un autre navire. Un cahier des charges et un appel d’offres après saisie des ambassades pour le choix des chantiers de construction seront mis en place en septembre et octobre prochains.
Anissa Benkhelifa
