Les travailleurs du réseau d’exploitation de la Setram observant un débrayage depuis mardi dernier, ne comptent pas lâcher prise. Le mouvement de contestation perdurera dans le temps jusqu’à la prise en charge concrète des revendications, menacent les grévistes. Service minimum toutefois assuré, le tram se faisait, hier encore, rare. De Ruisseaux jusqu’à la station Mimouni Hamoud, les rails et les guichets étaient désertés faisant le désespoir de quelques voyageurs ayant quand même pris le risque d’attendre de longues bonnes heures afin de pouvoir faire leur déplacement. La grève ayant été entamée mardi, n’est pourtant pas prête de connaitre son épilogue à en croire les travailleurs qui exigent du sérieux et de la rigueur dans le traitement de leur plateforme de revendications réclamés à plusieurs reprises auprès des responsables. Rencontrés devant leur direction générale à Bordj El Kifan, une quarantaine de contestataires étaient unanimes à dire : « STOP » aux conditions de travail déplorables. Interpelé sur place, un conducteur de tram gréviste a souligné que de fausses informations concernant le motif de la grève seraient entrain de circuler trompant ainsi l’opinion publique. « Nous ne faisons pas de grève pour qu’on nous réduise les horaires de travail », dit-il avant d’ajouter qu’il y a d’autres raisons beaucoup plus importantes. Il s’agit, explique-t-il dans ce cadre, d’une plateforme de revendication comportant la mise en application de la convention collective, la mise en place d’une grille des salaires en concertation avec les représentants des travailleurs, et l’amélioration des conditions de travail en général. Le volet sécurité est notamment abordé puisque les grévistes font état d’un manque flagrant de cette dernière dans le tram. « La sécurité des travailleurs n’est pas assurée, ni celle des voyageurs, d’ailleurs », déplore notre source. D’autre part, elle a assuré que depuis le début de la grève, aucune réunion n’a été tenue avec les responsables de la Setram, «contrairement à ce qui se dit dans certains médias ». Notre source a tenue toutefois à lancer un appel au ministre des Transports Boujemaa Talai afin d’intervenir et mettre fin aux problèmes qui secouent l’entreprise et auxquels font face les travailleurs. « Nous n’arrêterons pas la grève jusqu’à ce qu’on rencontre un haut responsable », a-t-elle lancé d’emblée. Pour ce qui, d’autre part, du débrayage déclenché sans pré- avis, notre interlocuteur souligne qu’une réunion s’est tenue quelques jours avant et suite à laquelle une note avait été adressée à la direction générale et dans laquelle il a été clairement mentionné que les travailleurs de la Setram iront vers une grève ouverte si la grille des salaires n’est pas définie dans le délai fixé au 4 octobre dernier. Il convient de noter, par ailleurs, que le service minimum assuré durant ces journées de grève a été organisé par la direction générale et concerne seulement la ligne les Fusillés-Mimouni Hamoud. À cet effet, les travailleurs grévistes se sont indignés et ont dénoncé une irresponsabilité des dirigeants de la direction qui ont pris le risque d’engager un personnel n’ayant pas d’expérience dans la conduite des tramways mettant ainsi en danger la vie des voyageurs. De son côté, le directeur général de (Setram) d’Alger avait rassuré les travailleurs que la convention collective répondant à une série de revendications, dont la grille des salaires, sera présentée le 31 octobre prochain. La grille des salaires qui fait l’objet de négociations actuellement permettra de revaloriser les salaires de l’ensemble des travailleurs de la société (8000 dans la wilaya d’Alger) à hauteur de 10% et de 16% pour les conducteurs sous réserve de l’augmentation de leurs heures de travail pour les porter à 5 heures 45 minutes contre moins de 5 heures actuellement, avait également précisé le responsable dans une déclaration à l’APS. Il avait appelé les travailleurs de la Setram à rejoindre leurs postes sans conditions. Le responsable avait également déclaré que la justice avait été saisie pour constater l’illégalité de la grève, précisant que des mises en demeure avaient été envoyées aux grévistes les sommant de rejoindre leurs postes, faute de quoi des mesures disciplinaires pouvant allé jusqu’au licenciement seraient prises à leur encontre. Le responsable avait en outre affirmé que la Setram ne négocie pas actuellement avec les grévistes, mais elle est à l’écoute de leurs préoccupations et revendications, estimant que cette grève est illégale étant observée sans préavis.
Ania Nait Chalal