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SECTEUR INFORMEL : Les conseillers fiscaux appellent à des mesures courageuses

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Le président de l’Association des conseillers fiscaux algériens, Boubekeur Sellami, a, une fois encore, prôné la lutte contre la fraude fiscale et le secteur informel qui gangrènent l’économie nationale.

Dans un entretien accordé à la chaîne 3 de la Radio nationale dont il était l’invité de la rédaction, il appelle, une fois de plus, à renforcer les moyens de l’Administration fiscale pour lui permettre de faire face au marché parallèle qui a pris de l’ampleur, fait-il constater et qui, selon lui,  bloque l’investissement. Il y a des pertes fiscales énormes estimées à quelque 2800 milliards en fiscalité ordinaire et le même montant sur le marché parallèle où la fiscalité est totalement absente, rappelle-t-il. Boubekeur Sellami estime qu’il faut travailler sur ce segment de l’informel avec des mesures courageuses. Pour le président de l’Association des conseillers fiscaux algériens, il faut faire respecter la loi, on ne peut pas autoriser de telles activités. En fait, la domination de l’informel, basé principalement sur les importations et leurs surfacturations, constitue une des séquelles de la libéralisation de l’économie, en particulier dans le secteur du commerce, opérée il y a près d’une quarantaine d’années, accompagnée par la disparition de secteurs industriels productifs. La part énorme prise par l’informel dans la vie de tous les jours, particulièrement dans les activités économiques, est sans doute un des handicaps les plus lourds dans la relance du développement qui a besoin de l’apport de l’argent thésaurisé. Pour rappel, dans son intervention à l’ouverture des travaux de la rencontre Gouvernement-walis, au Palais des nations, le président Abdelmadjid Tebboune est revenu sur la question des fonds thésaurisés en lançant « un dernier appel à ceux qui ont accumulé de l’argent dans les foyers pour qu’ils le déposent dans les banques». Une grande partie de cet argent est générée par des activités menées dans la sphère informelle, en dehors de la loi. Quel est le montant de la masse monétaire qui circule dans le marché informel, en plus de celle qui est thésaurisée, échappant toutes deux au circuit bancaire et aux services fiscaux? Lors de l’installation du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), en septembre 2021, le président Tebboune avait estimé ce montant à 10 000 milliards de dinars, l’équivalent, à l’époque, de 90 milliards de dollars. Il a souligné la nécessité de lutter « avec fermeté contre ces pratiques, à la faveur de la suprématie de la Loi et en consacrant l’Autorité de l’État, avec subtilité loin de l’autoritarisme ». Le secteur informel constitué par la sphère économique privée qui regroupe des activités exercées en marge de la réglementation, échappant au fisc et non enregistrées, constitue encore un énorme problème pour les pouvoirs publics confrontés à l’exigence de relancer le développement. Ce secteur est dominé par les activités de commerce et d’autres activités informelles, peu ou pas exigeantes en personnel instruit et qualifié. Les spécialistes y voient, en plus, le creuset de la sous-culture et du mépris des gens du savoir, qui concourent au rabaissement du niveau d’exigence du système éducatif national et pousse vers ses performances médiocres. Ils caractérisent le secteur informel comme étant peu diversifié, pauvre en technologie et faible au plan managérial, marqué par des activités rudimentaires de service. Son influence est dévastatrice sur la société dans la mesure où il encourage les comportements négatifs dans la population en poussant à la fraude, au non-respect de la loi, dans tous les domaines, et au rejet de valeurs, comme le travail, l’instruction…, ce qui, en retour, renforce les positions du secteur informel en banalisant ses pratiques illégales. À titre d’exemple, la désorganisation du commerce intérieur qui échappe à l’État, est due à sa domination par le segment informel. La solution est dans la numérisation, mais cette exigence qui revient fréquemment dans le discours officiel depuis quelques années, toujours accompagnée d’annonces et de promesses renouvelées, est loin d’être une réalité tangible. La recherche du gain facile dans le secteur informel, le conduit à saboter les dispositifs de contrôle que les pouvoirs publics cherchent à mettre en place.
M’hamed Rebah

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