Accueil MONDE Présidentielle aux États-Unis : et si Donald Trump gagnait ?

Présidentielle aux États-Unis : et si Donald Trump gagnait ?

0

À moins de 100 jours de l’élection présidentielle, non seulement Donald Trump ne s’annonce pas vaincu, mais il marque des points.
Le 31 août restera peut-être dans l’histoire de la présidentielle américaine comme celui où Donald Trump a réussi un surprenant coup médiatique. Lui qui depuis des mois ne cesse de vilipender les Mexicains et leurs immigrés illégaux comme de dangereux brigands, dealers ou violeurs. Lui qui se fait acclamer, depuis les primaires de janvier, pour sa promesse, s’il est élu, de faire construire un mur de plus de 3 000 kilomètres pour empêcher les sans-papiers venant du Sud de franchir la frontière. Lui encore qui parie que ce sont les Mexicains eux-mêmes qui paieront la construction de ce nouvel « ouvrage de la honte ». Lui enfin qui promet de renvoyer dans leur pays les 11 millions de sans-papiers qui vivent aux États-Unis, parfois même depuis longtemps, a montré aux téléspectateurs américains une scène surréaliste.
Sur le sol mexicain, aux côtés du président Enrique Peña Nieto, qui, tourné vers lui, paraissait attentif à là moindre inflexion de ses propos, il a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il n’a pas ménagé ses efforts pour dire tout le bien qu’il pensait de son hôte et de son « magnifique pays ». Sans toutefois abandonner son habituelle rhétorique sur les hors-la-loi du Mexique qui franchissent la frontière et font du tort autant aux États-Unis qu’à leur pays d’origine. Il a juste remis à plus tard le problème de savoir qui paierait le mur qu’il veut malgré tout ériger.

Brève parenthèse
En somme, l’espace d’un bref voyage à Mexico, le bateleur s’est acquis la stature présidentielle d’un homme capable de parler d’égal à égal avec un chef d’État. Tellement bien dans son rôle qu’il s’est laissé aller à la familiarité d’appeler par leurs prénoms les journalistes qui l’interrogeaient pendant la conférence de presse, comme le font couramment les présidents dans la salle de briefing de la Maison-Blanche avec les correspondants accrédités.
Mais ce moment d’empathie n’était qu’une très brève parenthèse, car le soir même, dans un discours à Phœnix dans l’Arizona consacré à l’immigration, Donald Trump a repris ses thèmes habituels sur les étrangers voleurs et violeurs. Ses partisans les plus sanguins ont poussé un ouf de soulagement. Et quelques-uns de ses rares soutiens latinos ont conclu qu’il était indécrottable et l’ont abandonné. Mais l’opération pour lui était réussie : il avait montré qu’il pouvait sans difficulté endosser des habits de président.
Il est vrai qu’il recommence à y croire après avoir eu un passage à vide après la convention démocrate qui avait couronné sa rivale. Car étrangement cette période de flottement pendant laquelle il a à nouveau bouleversé son équipe et changé de directeur de campagne l’a plutôt servi. Hillary Clinton, qui le 9 août avait 7,6 points d’avance sur Trump, a vu fondre au fil des semaines son avantage. Au point de n’avoir plus aujourd’hui que 4,3 points de mieux que son adversaire républicain, selon le même institut de sondage Real Clear Politics, qui fait autorité dans ce domaine. La marge d’erreur étant de 3 points, ces résultats sont évidemment mauvais pour Hillary Clinton. Même si elle fait toujours la course en tête.

Critiques et casseroles
En réalité, il semble que ce soit moins Donald Trump qui regagne des électeurs qu’Hillary Clinton qui en perde. Face à un adversaire qui ne marche qu’à l’instinct et se refuse de plonger dans les dossiers dès qu’ils sont un peu complexes, l’ancienne secrétaire d’État joue l’expertise, le sérieux, le professionnalisme.
Mais l’expérience dont elle peut se prévaloir à juste titre a son revers : les critiques. Les casseroles accumulées pendant qu’elle était au gouvernement ressortent – d’abord l’affaire des e-mails où elle a mélangé public et privé sans bien tenir compte des impératifs de confidentialité lorsqu’on est en charge de la politique étrangère d’un pays. Ensuite, le soupçon que pendant cette période elle a parfois favorisé la fondation de Bill, son mari, en acceptant imprudemment d’avoir des contacts avec des personnalités étrangères simplement parce qu’elles figuraient parmi les donateurs de la fondation Clinton.
Elle s’en défend évidemment, mais on peut déjà parier que lors de leur première confrontation télévisée, le 26 septembre, Donald Trump ne manquera pas de remuer ces affaires.
L’entourage d’Hillary Clinton a déjà averti qu’elle n’hésiterait pas dans ce cas à souligner que les objectifs de la fondation Clinton sont purement humanitaires – même s’ils ont contribué indirectement à la fortune des Clinton. Ce n’est évidemment pas le cas des liaisons dangereuses de Trump et de ses sociétés, dont le but était clairement lucratif, avec des gouvernements peu recommandables et dont certains peuvent même être considérés comme des ennemis potentiels des États-Unis. Le débat du 26 septembre risque de ne pas voler très haut pour une confrontation entre deux personnes aspirant à présider la première puissance du monde.

Article précédentAïn-Defla : Plus de 167 000 élèves reprennent aujourd’hui le chemin des classes
Article suivantLe président de la FAF justifie son choix du serbe : «Le vécu de Rajevac en Afrique m’a convaincu à l’engager»