Si la CAPC (Confédération algérienne du patronat citoyen) salue les dernières décisions du président de la République dans le domaine économique, notamment le Plan de relance socio-économique. L’organisation patronale s’est toutefois offusquée de l’absence de mesures en faveur des entreprises dans le PLF 2021.
En appelant à l’adhésion de tous les patrons en son sein afin de « mettre la main dans la main » et « prouver que nous sommes un partenaire fiable », c’est que le patronat algérien se sent aujourd’hui « déboussolé » face à la « confusion » des indicateurs économiques, avec la panique de se retrouver complètement out de l’équation économique ». La CAPC réclame un « Pacte de confiance » entre le Patronat et les autorités publiques, pour sauver les entreprises nationales et vaincre les lenteurs bureaucratiques, qui sont une principale source de stress sur le dos des patrons. Mais aussi, et pourquoi ne pas même proposer d’imposer des barrières tarifaires comme cela se passe ailleurs, pour préférencier et protéger la production nationale. « Ce que nous recherchons est de faire avancer l’économie algérienne. Le Patronat doit s’inscrire dans la nouvelle dynamique de l’Algérie nouvelle (…) On a toujours voulu faire du patronat un citoyen à part entière dans la société. Il faut aujourd’hui faire la part des choses et nous accepter comme une force citoyenne de proposition qui protége avant tout l’intérêt national », a indiqué, lors d’une conférence de presse hier, Naît Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien, l’un des quatre patronats qui forment la CAPC, héritière du défunt FCE. « Le signal qui nous a été donné par le Président de la République a été très fort, clair et encourageant. Mais dans le bas, il n’y a rien. Dans le PLF 2021, le budget de fonctionnement a été revu en hausse, mais très peu pour les investissements et le soutien des entreprises », a abondé, pour sa part, Abdelwahab Ziani, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA). Pour lui, le plus grand problème réside dans les « mentalités héritées de l’ancien système » qui sont derrière les lenteurs bureaucratiques, qui représentent un véritable frein devant toute initiative des nouvelles autorités du pays, qui, selon lui, en disposent réellement de « la volonté politique » pour faire bouger les choses. Abdelwahab Ziani plaide alors pour la libération des investissements et des initiatives dans le secteur économique. « L’économie doit se dessiner avec nous. Je suggère que l’État nous accompagne pour traverser ensemble cette crise économique que nous traversons. L’État doit nous faire confiance », a-t-il insisté, évoquant l’exemple des industries pharmaceutique et agroalimentaire qui, malgré les restrictions de déplacements et la fermeture des frontières internationales en raison de la crise de Covid-19, « n’ont jamais cessé d’approvisionner les consommateurs nationaux. Mais les entreprises nationales sont-elle à la hauteur de répondre aux besoins de l’économie et du marché algériens ? L’entreprise algérienne
« Réhabilitée » après 20 ans de …
« Les entreprises algériennes sont en train de reconquérir le marché national », a estimé Ziani, qui, tout en mettant en cause « une ouverture économique sauvage » dans les années 1990 et le choix porté toujours pendant ces 20 dernières années en faveur des opérateurs économiques étrangers, il dit que les industriels nationaux peuvent relever le défi. « Il n’y a que 30 % des matières premières qui sont importés. Il y a tout dans notre pays, pour peu qu’on nous laisse travailler », a-t-il fait observer. Il a insisté également sur la nécessité pour l’État de protéger les entreprises nationales, en étant les véritables piliers de toute économie nationale, évoquant l’exemple de la France, qui, malgré son ouverture sur les marchés internationaux, instaure des barrières tarifaires à travers des mesures préférentielles pour ses entreprises locales. Pour Mouloud Kheloufi, président de l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), l’heure est à l’adhésion et le rassemblement de tous les chefs d’entreprises nationaux, avec l’adhésion aussi des pouvoirs publics, afin de sauvegarder l’économie, préserver les entreprises privées, et par ricochet les emplois, car ce secteur fait employer près de 3 millions de travailleurs. « Il faut multiplier les efforts et trouver des solutions au plus vite face aux nouveaux défis économiques », a-t-il suggéré, tout en regrettant, d’autre part, que même « pour les solutions qui ont été prises, il y a beaucoup de retard dans leur application ». C’est au niveau des administrations d’impôts et des banques que résident le plus gros des problèmes liés à la bureaucratie, a estimé Sami Agli, président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC). À la question « les blocages bureaucratiques sont-ils d’ordre politique ? », il dit : « je ne peux pas répondre ». « Pour moi, les sources de ces blocages viennent de certaines personnes dans les administrations qui luttent contre tout changement. Car, le vrai danger pour la bureaucratie est bien l’Entereprise », a-t-il indiqué. « La nouvelle Algérie est en marche. Mais nous rencontrons beaucoup de difficultés pour faire démarrer sa locomotive parce que beaucoup de gens tirent vers l’arrière. Des résidus du système continuent encore à empêcher les choses à avancer », a soutenu Naît Abdelaziz.
« Nous n’avons pas été associés dans l’élaboration du PLF »
Sur un autre volet, il a estimé que la crise économique actuelle, aggravée par la crise sanitaire de coronavirus, font courir au pays « le risque de perdre des pans entiers de son économie » du fait que aujourd’hui « beaucoup de secteurs sont sinistrés ». « Le Plan de relance pour une économie nouvelle [lancé par le président Tebboune en août dernier] est notre ultime secours. Il faut tout faire pour le réussir », a-t-il déclaré. Le patronat algérien a-t-il été associé dans l’élaboration de la loi de finances 2021 ? « Non, nous n’avons pas été consultés dans son élaboration », regrette Sami Agli, qui ajoute que « nous découvrons les lois à travers la presse », plaidant, lui aussi, pour un véritable Pacte de confiance entre le Patronat et l’État. Sur le référendum de 1er novembre, le patron des patrons estime que cette échéance est « une étape importante pour le pays », mais, il se garde de se prononcer d’avantage car l’organisation qu’il préside est « apolitique », et de ce fait, ajoute-il, « nous n’avons pas à appeler à voter OUI, car le choix est personnel pour chaque adhérent ».
Hamid Mecheri