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Oran : Le ramadhan au temps du confinement

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Le mois sacré du ramadhan a débuté, cette année à Oran, dans une conjoncture particulière marquée par les restrictions liées au confinement. Sans prières collectives, ni repas partagés, nombreux sont peinés de ne pouvoir savourer les soirées ramadanesques autrefois très animées et pleines de convivialité.

Les portes des mosquées closes et manque de réunions et de soirées familiales. Une situation que beaucoup éprouvent des difficultés à assumer. «Sans les tarawih et les soirées familiales, le ramadan manque d’ambiance», regrette Rachid, fraichement retraité, qui arrivait déjà difficilement à remplir ses journées avant le confinement. Se défaire d’une sorte de programme établi depuis des années, rythmé par de gourmandes courses en fin de journée, avant la rupture du jeûne et les soirées entre amis dans les cafés du centre-ville, est quelque chose de «tellement dur» pour Hichem, un jeune célibataire, qui trouve désormais les journées «interminables» et les soirées «monotones». «Il est vrai qu’il s’agit avant tout d’un mois de piété et de prière, mais sans l’ambiance festive de ses soirées, le ramadan perd de son éclat», a-t-il estimé. A l’approche de l’Iftar, les hauts parleurs des mosquées portent les versets du Saint Livre et les douâa jusque dans les maisons. Ami Medjahed, agrippé à sa fenêtre, a du mal à contenir son émotion. Ses yeux disent tout le chagrin et la tristesse qu’il a à abandonner ces rituels. «La mosquée est toute ma vie», dit-il d’une voix vibrante. A 73 ans, cet ancien commerçant est un fidèle de la mosquée de son quartier à Seddikia. «Nous n’avons pas le choix. Nous devons patienter, c’est pour notre bien et celui de toute la société», s’est-il empressé d’ajouter.

Silence sur la ville
Le soir, les rues oranaises, autrefois bondées et illuminées de mille feux en cette période, sont tristes et silencieuses. Le mauvais temps qui a enveloppé la ville ces derniers temps ne fait qu’accentuer cette ambiance, qui donne l’impression aux passants d’errer dans une ville fantôme. Les artères principales sont désertes. Il n’est toutefois pas rare de tomber sur des petits groupes de jeunes lorsqu’on s’aventure dans les quartiers populaires, qui sortent dehors, faisant fi des recommandations du confinement et de la distanciation sociale.
Si la gente masculine peine à conjuguer le ramadhan et le confinement, certaines femmes estiment, quant à elles, qu’il n’est pas aussi difficile de trouver un équilibre avec cette nouvelle équation. «Entre les enfants, la lecture du Coran, la préparation des repas et les tâches ménagères, je n’ai pas vraiment le temps de m’ennuyer», lance Farida, mère au foyer, ajoutant que le soir, après le ftour, elle est effondrée de fatigue. Pour sa part, Nassima une commerciale de 37 ans, tente de trouver du positif, essayant de vivre des moments privilégiés avec ses enfants qu’elle ne voyait pas aussi souvent avant le confinement. «Avant, je me plaignais de n’avoir pas assez de temps pour m’occuper de mes enfants en bas âge à cause de mon travail. Maintenant que je dispose du temps à revendre, je vais en profiter pour partager plus de choses avec eux», avoue-t-elle.
Avec une douzaine de décès, Oran est l’une des villes les plus endeuillées par la pandémie après Blida et Alger. Même si le confinement semble contraignant à subir et à vivre en cette période, il demeure la seule solution pour la prévention contre la propagation du virus, estiment des personnes interviewées.

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