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MOULOUD HAMROUCHE : «Le changement du système n’est pas le problème, mais la solution»

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Dans une tribune publiée hier à El-Watan (en français) et à El-Khabar (en arabe), l’ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, a fustigé sévèrement ceux qui «veulent préserver coûte que coûte»   le système en place, lequel est «un rempart et un obstacle devant l’édification d’un État de droit». Mouloud Hamrouche estime que «le changement du système n’est pas le problème, mais la solution» a-t-il affirmé, hier.
Hamrouhe reproche aux tenants du Pouvoir de vouloir rejeter leur échec sur le soulèvement populaire pacifique en marche depuis le 22 février en le considérant comme l’origine de la crise dans le pays, alors, que ce n’est qu’un signal d’alerte sur les menaces qui pèsent sur le pays et sur la pérennité de l’État . «Beaucoup d’écrits et d’analyses présentent le hirak comme une crise ou la crise» écrit Hamrouche, alors que le mouvement du 22 Février, poursuit-il « est venu mettre un terme à l’expansion des difficultés, des impasses et des menaces engendrées, accumulées et non résolues par le système», affirme l’ex-chef du gouvernement, qui voit dans la mobilisation des Algériens depuis six mois, un refus de voir que leur pays «chute ou cède au chaos». À ceux qui avancent que la mobilisation populaire pacifique pour le changement est une source de problèmes et d’instabilité pour le pays, Mouloud HAmrouche leur dit «  non, le peuple n’a pas créé de nouvelles difficultés, ni une nouvelle déstabilisation, ni de nouveau dysfonctionnement» y compris, poursuit-il «sur le plan économique et social». Insistant sur un peuple qui sort par millions à travers le pays, depuis le 22 février dernier, pour le changement du système politique en place et l’édification d’un État de Droit, Mouloud Hamrouche, que ce peuple «n’a créé ni perturbation ni violence supplémentaire au pouvoir ou à l’armée» d’où les slogans, des millions de manifestants «Sylmia pacifique : NDLR» et «Djeïch chaâb khawa khawa Peuple et armée, des frères NDLR)» qui sont affirme Mouloud HAmrouche «des mots d’ordre, francs et puissants».

«La mobilisation populaire a haussé le prestige de l’Algérie »
Dans sa tribune, Hamrouche a longtemps fait les louanges dU Hirak. «Le mouvement du peuple est un sursaut de survie et une action préventive contre une possible déstabilisation généralisée et internationalisée» écrit-il. Poursuivant, il souligne que «les Algériens, par l’ampleur de leur mobilisation et le caractère national, unitaire, pacifique et durable de leur Hirak ont, en plus, haussé le prestige de l’Algérie, nourri la fierté nationale et rendu à l’image de l’armée son éclat » malgré l’affligeant fait de voir, poursuit-il «  une kyrielle d’anciens hauts responsables en prison, ce qui dénote l’ampleur d’un désastre national », a-t-il observé. Hamrouche a livré un dur réquisitoire contre le système en place, qu’il qualifie de « non-système », à qui il reproche ses tentatives de tergiverser et de perte de temps au lieu de répondre aux revendications légitimes du peuple. « Des hommes et des gardiens du système pataugent dans leurs propres incohérences, turpitudes et crises » affirme-t-il avant d’ajouter, que ces derniers «tentent d’imputer toutes leurs dérives et les coûts de leurs défaillances au hirak». Ce qui l’amène plus loin à mettre en garde contre les résistances au changement démocratique, en plaidant en faveur d’«un démantèlement ou une déconnection des nuisibles castes d’allégeance et de coercition/corruption» une opération qui est selon Hamrouche «est indispensable, il y va de la cohésion de l’armée et de tout pouvoir national légal» souligne-t-il. Hamrouche affirme qu’«en réalité, le pays a cruellement besoin non pas d’un simple consentement ou un changement d’hommes, mais d’un vrai modèle institutionnel politique et étatique» précise-t-il.

«Le système a anéanti l’embryon de l’État (…), annihilé la loi et détruit la gouvernance»
Indiquant, plus loin dans sa contribution «d’autant que l’immensité des tâches et la nature des dégradations ainsi que des attentes politiques et des besoins sociaux rendent toute approche naïve ou parcellaire» Hamrouche estime que «toute précipitation ou rafistolage sera plus problématique, et plus coûteux que les vingt-cinq dernières années de blocage et de statu quo» affirme-t-il Dans son diagnostic, Hamrouche pense que « des élites timorées et incrustées dans des réseaux d’allégeance et de coercition/corruption continuent, malgré ce désastre, à vouloir garder le droit d’autogérer le pouvoir, de préserver leurs statut et position» tout en maintenant, poursuit-il «leur divorce avec le peuple et leur désincarnation sociale et identitaire».
Pour Hamrouche, «le commandement de l’ANP l’avait bien apprécié et avait affiché une position en harmonie avec celle du hirak en exigeant l’activation de l’article 102 en liaison avec les articles 7 et 8» et donc demander aujourd’hui, poursuit-il «l’organisation au plus vite des élections apparaît comme une logique froide de raison». Mais, pour Mouloud Hamrouche «il reste à savoir et à fixer les conditions, les garanties et l’organisation des vérifications, des contrôles et des voies de recours pour une élection qu’on veut exemplaire et originelle», a-t-il soutenu. Cependant, il a mis en avant le paradoxe qui entache le processus de dialogue actuel, que mène le Panel de Karim Younès, en indiquant que «toutes ces questions graves et plus décisives les unes que les autres échoient-elles à un processus de dialogue mené par ceux-là mêmes dont le hirak exige le départ ?» Et plus loin dans sa charge, Hamrouche a prévenu quant aux menaces encourues si le système en place perdure.
«Le système algérien n’est pas un modèle et ne ressemble à aucun autre» affirme Hamrouche, hier, dans sa contribution, dans laquelle il indique qu’il s’agit «d’un non-système appelé système pour indiquer ses complexes négations». Pour lui  c’est un système «liberticide, antipolitique, anti-militance, anti-gouvernance, anti-institutions, anti-organisation et anti-national» et c’est pour toutes ces raisons, poursuit-il «qu’il a anéanti l’embryon de l’État, fruit de la guerre de la Libération nationale, annihilé la loi et détruit la gouvernance » affirme Hamrouche.
Ce dernier averti que le système « pour sa survie, il finira par briser la cohésion de l’ANP» et d’ajouter que «les hommes et les femmes de l’ANP évalueront mieux que moi le degré de cette menace» précise-t-il. Hamrouche a plaidé pour l’émergence de «médiations porteuses de capacités, de vertus et d’honnêteté pour contribuer et aider à libérer le pays et l’armée des pièges de ce système mortel» et d’affirmer que «le peuple par son hirak pacifique, national et unitaire a déjà gagné en créant une situation algérienne nouvelle forte» sans manquer d’insister sur la nécessité d’«établir des passerelles et des confiances entre deux corps vitaux de l’Algérie, le peuple et son Armée nationale populaire» a-t-il précisé.
Hamid Mecheri

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