Accueil Culture+ Mostra de Venise : Marilyn réincarnée, Ana de Armas au sommet

Mostra de Venise : Marilyn réincarnée, Ana de Armas au sommet

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Ana de Armas a électrisé jeudi la Mostra en Marilyn Monroe dans « Blonde », biopic événement sur la plus grande star de l’histoire du cinéma, qui s’offre un ticket évident pour le palmarès.

En 02H45, le film souffle les paillettes qui ont toujours entouré l’icône de la culture populaire, morte à 36 ans, pour proposer un portrait cauchemardesque d’une artiste broyée par le système machiste en vigueur à Hollywood, et au-delà dans l’Amérique des années Kennedy. Côté psychologie, le film évoque l’enfance brisée par une mère violente, la quête jamais résolue du père et un ambivalent désir de maternité contrarié. Au risque de passer quasiment sous silence l’acharnement au travail de Marilyn, ou sa volonté de fer, davantage présents dans la biographie fictive et documentée de Joyce Carol Oates, dont est tiré le film. « Blonde » marque en tout cas la naissance d’une actrice, la Cubaine Ana de Armas, 34 ans, sur la pente ascendante depuis son arrivée il y a 15 ans aux Etats-Unis et qui trouve dans ce film le rôle de sa vie.

Naissance d’une actrice
« Si l’on met de côté la star, elle était une femme comme moi, du même âge, également actrice dans l’industrie » du cinéma, a déclaré Ana de Armas à Venise. « J’ai dû aller chercher dans des endroits de moi-même que je savais inconfortables, sombres et vulnérables, et c’est là que j’ai trouvé la connexion avec cette personne » de Marilyn, a ajouté l’actrice, qui s’est longuement documentée et a travaillé durant plusieurs mois sa diction pour effacer son accent et se rapprocher de celle de la star. Pendant le tournage, « elle était tout ce à quoi je pensais, ce à quoi je rêvais, tout ce dont je pouvais parler, elle était avec moi et c’était beau ». Le souci de réalisme a été poussé jusqu’à tourner dans la maison même où Norma Jeane a grandi, avant l’orphelinat, et dans celle où on a retrouvé son corps.
Le film n’ambitionne d’ailleurs nullement d’éclaircir les circonstances de son décès. « Ses cendres sont partout à Los Angeles », a témoigné sur le Lido le réalisateur, Andrew Dominik (« L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » (2007) avec Brad Pitt), qui a travaillé pendant dix ans sur le film, essuyant de nombreux refus avant qu’un producteur, Netflix, n’accepte d’ouvrir son porte-monnaie pour cet ambitieux projet. Le film, à la réalisation virtuose, alternant noir et blanc et couleur, multiplie les allusions à de nombreux clichés célèbres pour recréer fidèlement l’univers de Marilyn Monroe. S’y ajoute une bande originale impeccable, confiée aux rockeurs Warren Ellis et Nick Cave, des proches du réalisateur auxquels il a déjà consacré des documentaires. Un univers sonore et visuel qui restera toutefois réservé à quelques privilégiés: projeté en séance de gala à Venise, où il concourt pour le Lion d’Or, le film ne passera pas ensuite par la case cinéma pour le grand public. Netflix, qui l’a produit, le mettra directement en ligne pour ses 220 millions d’abonnés le 28 septembre. Sa réception constitue un test pour la plateforme et pour la Mostra, qui, contrairement à Cannes, ouvre grand ses portes à des films qui ne sortiront pas dans les salles traditionnelles.

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