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L’ONU place le sort de Bachar al-Assad au cœur des négociations

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Le médiateur de l’ONU pour la Syrie a entamé lundi à Genève, des discussions avec le régime de Damas et l’opposition, avec pour objectif de mettre en place, d’ici à 6 mois, une transition politique, mais le sort du président Bachar al-Assad reste l’obstacle majeur.
Lors d’une conférence de presse, Staffan de Mistura, envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, a affirmé que «la mère de toutes les questions» était de trouver un accord sur une transition politique. «Nous sommes à un moment de vérité», a-t-il ajouté.
Il a entamé cette deuxième série de pourparlers par une rencontre peu après 11h00 (10h00 GMT) au Palais des Nations avec le négociateur en chef du régime de Damas, Bachar al-Jaafari. Le premier round de discussions s’était soldé en février par un échec en raison de l’intensification des frappes aériennes russes en Syrie pour soutenir le gouvernement de Damas. M. Jaafari, ambassadeur de Syrie auprès de l’ONU à New York, a déclaré dimanche qu’il n’y avait pas eu d’accord sur l’ordre du jour des discussions, sous-entendant qu’il n’avait pas accepté de parler de transition. Devant les journalistes, M. De Mistura lui a apporté un démenti en affirmant que «l’ordre du jour est fixé» et que l’objectif prioritaire est justement de mettre en place une transition politique devant permettre ensuite d’organiser des élections.

«C’est au peuple de décider»
«C’est au peuple syrien de voter, d’élire, de décider. Mais nous devons les aider», a dit le médiateur. L’opposition syrienne, représentée par le Haut comité des négociations (HCN) qui regroupe une myriade de groupes différents, exige le départ du président syrien Bachar al-Assad, mort ou vivant, dans les 6 mois qui viennent, avec la mise en place d’un «organe de transition» doté de tous les pouvoirs. Des élections législatives et présidentielle doivent ensuite être organisées dans les 12 mois suivants.
Pour Damas, dont les positions militaires sur le terrain ont été considérablement renforcées grâce à l’intervention militaire de son allié russe, il est hors de question de parler du sort du président Assad. Le régime considère la transition comme un simple remaniement ministériel avec un «gouvernement d’unité» élargi à des opposants, mais toujours placé sous l’autorité de M. Assad.
Washington et Paris ont mis en garde dimanche le régime syrien contre toute tentative de «faire dérailler le processus» de Genève en voulant exclure des discussions le sort du chef de l’Etat. L’opposition, qui aura à son tour mardi des discussions avec M. de Mistura, a affirmé qu’elle était venue avec un esprit de sérieux et qu’elle n’avait pas l’intention de se retirer des négociations, comme elle l’avait fait lors du premier round pour protester contre les frappes russes. La guerre en Syrie qui a débuté en mars 2011 après la répression sanglante par le régime de manifestations pacifiques réclamant démocratie et liberté s’est transformée en un conflit complexe impliquant une multitude d’acteurs locaux et internationaux. Elle a fait plus de 270.000 morts, poussé plus de la moitié des habitants à quitter leur foyer et provoqué par ricochet une importante crise migratoire.

Contexte différent
Le contexte des nouvelles discussions de Genève est toutefois radicalement différent en raison d’une cessation des hostilités sur le terrain entre les rebelles et le régime, instaurée depuis le 27 février.
Initiée par les Etats-Unis et la Russie, la trêve tient malgré quelques violations, et l’ONU avec ses partenaires ont pu apporter de l’aide à près de 250.000 personnes vivant dans des zones assiégées. Moscou déplore toutefois que les Kurdes syriens soient exclus des négociations, sous la pression de la Turquie.
«Le plus important est de faire en sorte que toutes les parties syriennes, y compris les Kurdes bien évidemment, soient représentées», a déclaré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. M. de Mistura a dit que «les prochains pourparlers seront plus structurés» et que «tous les Syriens devront avoir leur chance», sans toutefois citer nommément les Kurdes, grands absents de ces discussions en raison de la ferme opposition de la Turquie à leur participation.
Alliés de Moscou et de Washington, les Kurdes syriens contrôlent désormais plus de 10% du territoire et les trois quarts de la frontière syro-turque. Même en cas d’accord entre rebelles et régime à Genève, les combats risquent de se poursuivre en Syrie alors que les jihadistes du Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda et du groupe Etat islamique (EI) contrôlent plus de la moitié du territoire et sont exclus de la trêve en vigueur.

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