C’est l’histoire d’un député qui faisait part, avec des formules ampoulées, de sa lecture d’un livre de Francis Fukuyama. Or le livre dont il parlait date de 1992. Et c’était la dernière lecture de notre élu du peuple. Depuis lors, il n’a pas jugé utile de pointer le nez sur un autre livre. Il est une aberration qui se répand jusqu’à devenir générale : la fin de la lecture du livre imprimé. Les gens ne lisent plus. Acheter un livre est devenu un acte obsolète de nostalgiques ringards.
Cette aberration est d’autant plus curieuse qu’elle s’est répandue au sein même de corporations qui doivent à la lecture la maîtrise de leurs outils de travail, c’est-à-dire qu’ils sont obligés de lire abondamment pour pouvoir comprendre et pouvoir s’exprimer : politiciens, journalistes, députés, publicistes, marketeurs, etc.
Certes, on ne demande pas à un plombier, un chaudronnier, un maçon ou un peintre de lire Chomsky ou Ibn Khaldoun, mais juste les manuels de leurs métiers. Mais pour ceux qui ont vocation de s’exprimer publiquement, d’écrire, de comprendre pour faire comprendre, lire est une dette.
I.M. Amine