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Libye : vers le point de non-retour ?

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Au rythme accéléré des combats et des affrontements armés en Libye, à l’exemple de ceux qu’a vécus, du samedi au lundi, l’Est du pays, Benghazi, s’éloigne, de jour en jour, la perspective de voir les Libyens emprunter la voie politique, du dialogue interlibyen. Avec l’annonce tacite de soutien aux groupes armés et à la milice islamiste, faite par Al-Qaïda au Maghreb islamique, les choses se clarifient, en effet, et les desseins inavoués jusque-là sur les visées escomptées par la propagation des groupes armés et des milices islamistes se précisent. Porteurs de graves dangers sur l’avenir de la Libye et de sérieuses conséquences sur l’ensemble de la région. Verrons-nous une autre voie que celle qui se fait entendre, depuis l’éclatement du processus politique qui devait assurer le passage de la phase transitoire pour entamer celle de la construction des institutions de l’État. L’échec du Congrès général national, à majorité islamiste, a mené à terme la phase de transition en Libye, dont les principales causes sont la limitation du champ d’action des autres courants politiques, et l’incapacité politique du CGN à désarmer les groupes et les milices armés. Situation favorisant la primauté du droit de la force par les armes sur la force du droit, qui, lui, étant le ciment de tout processus de construction d’institutions qui en leur absence le chaos et le désordre ont régné et continuent de l’être, à ce jour. Qui en Libye est en mesure, aujourd’hui, de jouer un rôle porteur de perspectives d’asseoir un dialogue entre Libyens et les forces vives dans ce pays ? La prolifération des armes et de tout type de trafic ont fait de la Libye un marché à ciel ouvert, plongeant le pays dans une phase historique la plus déterminante pour son avenir est par contre profitable aux réseaux terroristes et ses ramifications. Les combats en cours entre les troupes de l’ex-général Hafter, d’un côté, et les groupes et les milices islamistes armés de l’autre risquent de perdurer au regard du cours des affrontements et la teneur de leurs discours respectifs sur la situation. Laquelle profite amplement à d’autres acteurs, ceux qui étaient au premier rang des soutiens de la rébellion du 17 février 2011, les membres de l’alliance atlantique qui se sont empressés de se manifester sur la scène libyenne par l’intervention militaire de l’Otan en Libye. La société libyenne qui s’appuie sur ses structures sociales, d’ordres tribal et clanique, a réussi dans son histoire passée à fédérer les synergies pour assurer ses lendemains. Cette héritage historique et la culture de l’appartenance à la tribu peuvent-ils encore une fois assumer et assurer ce rôle historique au regard des mutations opérées et des expériences vécues, depuis et à ce jour ?

Bon nombre d’observateurs de la scène libyenne n’écartent pas la possibilité de voir la structure sociale libyenne, les relations d’ordre tribal jouer un rôle à nouveau. À l’occasion de la célébration, le 25 mai dernier, de la journée de l’Afrique, un rassemblement de nombreuses tribus à eu lieu, à Bab El-Azizia, à près de 45 kilomètres au sud de Tripoli. Outre des chefs de tribus du lieu précité, d’autres des autres villes libyennes et des représentants de la jeunesse libyenne ont pris part à cette rencontre, hautement symbolique. En plus de la célébration de la Journée de l’Afrique, les présents ont voulu aussi commémorer un fait historique du pays. C’est à Bab El-Azizia, durant l’année 1914, après avoir repousser du littoral libyen les forces d’occupation italiennes qui se sont repliées à Tripoli, les chefs de tribus libyennes se sont réunis durant cette même année, en ce lieu (Bab El-Azizia) et ont constitué «l’Organisation des Combattants» pour la défense de la terre libyenne. Les présents à cette rencontre, selon des informations, ont mis l’accent sur la nécessité de «marquer un sursaut» pour préserver le pays de s’enfoncer davantage dans le chaos et le désordre. Avertissant sur les risques de voir la Libye aller vers sa «somatisation», au regard des événements gravissimes qui s’y déroulent et aussi sur le risque d’intervention étrangère aux desseins inavoués. Ne manquant pas, par ailleurs à cette occasion, d’exprimer leur opposition à l’existence de groupes et de milices armés dans le pays. Les tribus pourront-elles peser en vue de permettre à la Libye de dépasser sa crise politico-sécuritaire qui frappe de plein fouet le pays, ouvrant largement la voie, par ce chaos, à l’intensification des activités des groupes terroristes et de ses ramifications. Ce qui sera à l’origine de l’augmentation des risques de menaces sur les voisins frontaliers à la Libye, notamment l’Algérie, qui a pris à temps la décision de la fermeture de ses frontières avec ce pays et le rapatriement de son staff diplomatique.
Karima Bennour

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