Lors de la 36e marche populaire pacifique, organisée vendredi passé, le peuple a exprimé sa volonté d’investir les rues massivement le vendredi 1er novembre prochain pour fêter cette date historique du déclenchement de la Guerre de libération nationale, et pour réitérer, surtout, son attachement au changement radical du système en place. Pour plusieurs représentants de la société civile, cet appel à la mobilisation était «prévisible», car le peuple n’a pas dit son dernier mot.
Nacer Djabi, sociologue : «Il y a réappropriation de l’histoire par le Mouvement populaire»
« Depuis le début du mouvement populaire pacifique, les algériens se sont réappropriés leur histoire ainsi que les grands événements qui l’ont marquée comme cela s’est passé le 8 mai dernier ou encore le 5 juillet. Il est donc prévisible que ce soit la même chose pour le premier novembre prochain. À mon avis, ça va être une très grande journée de mobilisation où le peuple dira qu’il est sur la même ligne et qu’il reste accroché aux mêmes revendications qui n’ont toujours pas été satisfaites».
Boualem Amoura, syndicaliste : «Vers un autre 1er Novembre mais pacifique»
« C’était prévisible à ce que la révolution perdure, car depuis des mois rien n’a changé et le pouvoir continue de s’entêter. À mon avis, pour son départ, il faut encore de la résistance. C’est pour cette raison que le peuple appelle à une grande manifestation le 1er novembre prochain. Cette date est symbolique, elle représente la déclaration de la Guerre de libération nationale. Ça sera donc un autre premier novembre mais pacifique. Pour ce qui est de la répression des manifestants, je dirais que même si les deux dernières marches (mardi et vendredi) se sont déroulées sans arrestations, reste que les autorités sont imprévisibles. Quelque soit leur intention, toutefois, nous devons rester pacifique, comme c’est le cas depuis le début du mouvement ».
Abdelghani Badi, avocat : «Le 1er Novembre est synonyme de liberté»
«Aujourd’hui, le peuple sent qu’il n’est pas libre, qu’il n’a pas le droit au choix et que l’agenda de la transition lui a été imposé. Et comme la date du 1er novembre est synonyme de liberté pour lui, le prochain vendredi, qui coïncide en effet avec la célébration de cette date historique, sera décisif, car elle ressemble à celle de 1954 mais cette fois de manière pacifique.
Il faut dire qu’au 1er Novembre 54, la guerre était contre l’occupant, aujourd’hui elle est contre un groupe de Issaba qui s’est accaparé le pouvoir. Je pense que vendredi prochain sera le cri du peuple pour une nouvelle lancée pour une véritable transition, reste au pouvoir d’être sage et souple et de répondre à ses aspirations. Il doit renoncer à imposer une feuille de route qui permet, en réalité, une sortie de crise pour lui et non pour le pays ».
Ania Nait Chalal
