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LA NÉCESSITÉ D’ALLER VERS UN DIALOGUE REVENDIQUÉE PAR L’ENSEMBLE DES FORCES VIVES DE LA NATION : Le départ des «3 B» posé comme préalable

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C’est tout le monde qui s’est mis d’accord sur le dialogue, qu’il s’agisse du chef d’état-major, Gaïd Salah, dans son message, lors de sa visite à Tamanrasset, la semaine passée, ou du mouvement populaire pacifique et la classe politique. Sauf que ces derniers exigent le départ des symboles du système, les «3 B», en l’occurrence, Bensalah, Bedoui et Bouchareb, pour aller sur la voie du dialogue pour sortir le pays de la crise et édifier un État de droit, libre et démocratique.

En effet l’Institution militaire a indiqué le 28 mai dernier que «l’unique voie pour résoudre la crise est d’adopter la voie du dialogue sérieux, rationnel, lors duquel il sera question de l’évaluation des circonstances que vit le pays et de concessions réciproques pour le bien du pays». Après cet appel des formations politiques et syndicales ainsi que d’autres personnalités ont réagi, réitérant le dialogue, comme voie de règlement de la crise en répondant d’abord à l’exigence du mouvement, à savoir le départ de Bedoui et Bensalah. Un dialogue qui doit trouver son chemin, après notamment l’annonce d’hier, par le Conseil constitutionnel de l’annulation du scrutin de la présidentielle du 4 juillet prochain, en vue de s’entendre sur le contenu et le mécanisme devant permettre au peuple de traduire des aspirations et revendications exprimées depuis le 22 février dernier. Des noms de personnalités n’ont cessé  d’être avancés par le mouvement comme par des partis politiques et acteurs de la société civile, pour conduire l’étape devant conduire à une élection d’un Président, pour ne citer que ceux de la Moudjahida Djamila Bouhired, Ahmed Benbitour, la constitutionaliste Fatiha Benabbou ou encore l’ancien ministre des Affaires étrangères, Taleb Ibrahimi.

Mokrane Aït Larbi pour «une présidence collégiale et une Constituante»
Dans une contribution publiée sur son compte facebook, l’avocat et militant politique Mokrane Aït Larbi a expliqué que la transition du système autoritaire qui reste à démanteler, vers un État de droit, démocratique et social à construire, pourrait se dérouler en deux phases «la présidence collégiale et l’assemblée constituante »
Dans son plan de sortie de crise Aït Larbi détaille la première phase qu’est la désignation d’une présidence collégiale «de 3 à 5 personnalités indépendantes, consensuelles, réputées intègres et crédibles». Il appartiendra ensuite «au peuple souverain d’exprimer son approbation par un carton vert, ou son rejet par un carton rouge, lors des marches du vendredi, qui ont valeur de référendum». «En cas de rejet populaire, la liste, modifiée partiellement ou dans sa totalité, pourrait être proposée une nouvelle fois (…) et une fois la Présidence collégiale de transition légitimée, elle prend ses fonctions pour une durée maximum d’une année, après la démission, sans délai, du chef de l’État par intérim et du gouvernement, et la dissolution du Conseil constitutionnel et du parlement avec ses deux chambres», propose l’avocat. Quant aux missions de la présidence collégiale, Aït Larbi les résume comme suit : « Prendre les mesures urgentes pour le redressement de l’Économie nationale, et lancer les procédures judiciaires appropriées pour le rapatriement des fonds publics détournés, et des capitaux transférés illégalement à l’étranger, réviser la législation électorale pour garantir un scrutin transparent et régulier ». En ajoutant une fois ces conditions réunies, «l’Assemblée constituante sera élue dans un délai n’excédant pas une année. Elle aura pour missions de désigner un chef de l’État et un gouvernement pour la période de transition, adopter une charte des libertés et des droits du citoyen qui aura une force constitutionnelle, opposable aux futures majorités présidentielle et parlementaire, adopter une Constitution qui sera soumise à l’approbation du peuple par voie référendaire et, enfin, organiser des élections présidentielles et législatives conformément à la nouvelle Constitution» fait-t-il savoir. Pour le même avocat «Sans garanties consensuelles préalablement établies par tous les acteurs politiques, autour des libertés et de l’égalité citoyenne, le suffrage universel risque d’être le tombeau des espoirs trahis depuis l’indépendance, et ressuscités par la révolution en cours», estime-t-il.

RAJ pour «une transition pacifique et démocratique»
Pour Abdelouahab Fersaoui, président de RAJ, aller vers «des présidentielles ne constitue pas une solution à la crise actuelle», selon lui le dialogue reste une solution mais avec des « gages de bonne volonté» en déclarant « pour nous, le pouvoir pourra désigner une commission composée de personnalités intègres et acceptées du peuple, qu’échoira la tâche de mener le dialogue avec les forces politiques et sociales». Fersaoui dit «oui» pour un dialogue ouvert et inclusif et sans conditions. « Pour discuter du contenu et les mécanismes de la transition démocratique et pacifique. Mais on ne peut pas dialoguer sur l’organisation des élections présidentielles et on ne va pas nous confiner au cadre constitutionnel » indique-t-il. Avant d’ajouter « la Constitution aujourd’hui a perdu de sa substance et toutes les solutions qui peuvent exister dans ce cadre sont dépassées». Le président de RAJ refuse de faire un dialogue avec les symboles du régime comme Bensalah ou Bedoui.

La société civile : «la transition concrétisera la rupture avec le système »
C’est le cas aussi de la société civile à travers ses factions qui a affirmé la nécessité d’opérer «la transition démocratique» qui «concrétisera la rupture » avec le système, et exprimé son attachement au «dialogue responsable, sérieux et raisonnable» avec la «nécessité du départ des trois B», afin de «répondre aux revendications du mouvement populaire en actionnant les articles 7 et 8 de la Constitution».

L’opposition entre  une Présidentielle et une Constituante
Depuis le début du mouvement populaire et citoyen contre le régime en place, et appelant au changement du système politique, plusieurs propositions de sortie de crise ont été faites par les partis, dont l’opposition. À travers ses différents partis, il y a ceux qui plaident pour une présidentielle, tel le cas du bloc de l’opposition regroupé, qui propose une rencontre nationale avant d’aller vers une présidentielle. De l’autre, il y a ceux qui plaident pour une Assemblée constituante comme solution de sortie crise, à l’instar du FFS et du PT, et également une partie de la société civile.
En effet, le FFS propose la tenue «dans des délais raisonnables» d’une Conférence nationale de concertation et de dialogue qui devrait regrouper les forces favorables au changement démocratique dans le pays. La conférence permettra d’élaborer «un pacte politique consensuel» qui définira «les contours du processus de transition démocratique.» De son côté, le Parti des travailleurs appelle à l’élection d’une Assemblée constituante souveraine, perçue comme un passage obligé pour aller vers «la refondation politique et institutionnelle» et vers la 2e République.
Le RCD, quant à lui, propose l’élection d’une Haute instance présidentielle composée de trois personnalités désignées parmi les syndicats autonomes, le corps de la magistrature et de l’Enseignement supérieur. La haute instance désignera un gouvernement de «salut national» qui aura à gérer les affaires courantes et aidera à la création d’une Instance nationale indépendante pour l’organisation des élections.
Sarah Oubraham

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