Alors que la quatrième réunion ministérielle des pays voisins de la Libye se déroule, ce lundi, au Caire pour tenter d’esquisser une ébauche de solution politique le pays s’enfonce dans l’anarchie et se soumet au joug des milices. La situation sécuritaire et politique en Libye demeure très préoccupante tant pour ses voisins que pour les pays riverains de la Méditerranée soumis aux flux incessants de migrants-réfugiés victimes des miliciens «negriers» libyens. L’anarchie s’est accentuée avec la chute de l’aéroport de Tripoli tombé aux mains de « groupes terroristes » tandis que l’Assemblée libyenne sortante va reprendre ses activités en dépit de l’existence du Parlement qui l’a remplacée. Un coup de force des islamistes et des frères musulmans notamment qui ont perdu en toute légalité les élections législatives mais qui refusent à l’admettre et accroissent le désordre avec la bénédiction d’une monarchie du golfe soucieuse de créer la confusion. Après plusieurs semaines de combats avec les miliciens de Zenten ‘’Ansar Asharia’’, les milices de Misrata appelées ‘’Fajr Libya’’, ont annoncé avoir pris samedi le contrôle de l’aéroport international de Tripoli. »Fajr Libya (Aube de la Libye) annonce contrôler totalement l’aéroport international de Tripoli », a annoncé la télévision locale Anaabaa. Cette installation stratégique, située à 30 km au sud de la capitale et fermée depuis le début des combats, était aux mains de miliciens de Zenten (Ouest) depuis la chute du régime de Maammar El-Kaddafi en octobre 2011. Fajr Libya est une coalition de milices libyens venant essentiellement de Misrata, à l’est de Tripoli alors que le groupe Ansar Asharia, contrôle quelque 80% de la ville de Benghazi (1 000 km à l’est de Tripoli). Pour le Parlement libyen, ces groupes qui agissent sous les noms de ‘’Fajr Libya’’ d’’’Ansar Asharia’’ sont des « groupes terroristes et hors-la-loi qui se dressent contre le pouvoir légitime ». Le Parlement s’est dit déterminé à venir à bout de ces deux groupes, dans un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche à Tobrouk (1 600 km à l’est de Tripoli), où il siège. « Ces deux groupes sont une cible légitime pour l’armée nationale, que nous soutenons avec force pour qu’elle continue sa guerre jusqu’à les contraindre à cesser les tueries et à remettre leurs armes », a-t-il ajouté. Peu après la prise de l’aéroport de Tripoli, les miliciens de ‘’Fajr Libya’’ ont retiré leur confiance au Parlement élu le 25 juin et au gouvernement provisoire, et invité l’Assemblée sortante, le Conseil général national (CGN) à reprendre ses activités, ce qu’il a accepté de faire. Le pays se trouve donc avec deux Parlements aggravant davantage la crise. »Le Conseil général national va se réunir en urgence à Tripoli pour sauvegarder la souveraineté du pays », a déclaré son porte-parole Omar Ahmidane sur une télévision locale. Le porte-parole a justifié la démarche du Conseil national par le fait que le Parlement élu n’a pas respecté la Constitution provisoire, qui l’oblige à siéger à Benghazi (1 000 km à l’est de Tripoli). « Le Conseil général national a décidé de reprendre ses activités en réponse à l’appel du peuple et pour éviter au pays un vide politique », a encore argumenté le porte-parole. Le Parlement a « outrepassé ses prérogatives en appelant à une intervention étrangère en Libye », a-t-il ajouté.Le Parlement est contesté dans la rue par des manifestants depuis qu’il a appelé le 13 août à une « intervention étrangère » pour protéger les civils en Libye. Par ailleurs, une télévision libyenne privée, diffusant de Tripoli, et soutenant les miliciens de Zenten, a indiqué que ses studios avaient été attaqués dimanche à l’aube par des miliciens qui ont enlevé l’équipe de nuit. La télévision « Al-Assima » (La capitale), a précisé qu' »une force de ‘’Fajr Libya’’ (Aube de la Libye) a attaqué pendant les premières heures de dimanche » son siège à Tripoli. La crise en Libye inquiète de plus en plus la communauté internationale en particulier les états voisins dont l’Algérie qui ne cesse de plaider pour « une solution politique sans intervention étrangère » dans ce pays. Cette approche est soutenue par plusieurs pays par les organisations internationales notamment l’Union africaine. Ce lundi au Caire Il sera procédé à « un examen approfondi des voies susceptibles d’aider les différents acteurs politiques libyens qui rejettent le terrorisme et ayant opté pour le dialogue comme seul moyen de sortie de crise, à aller de l’avant dans la quête d’un règlement définitif garantissant l’unité du pays et du peuple libyen ». La première réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye s’est tenue, à l’initiative de l’Algérie, en marge de la 17È conférence ministérielle du Mouvement des pays non-alignés (MNA), en mai dernier à Alger.
Mokhtar Bendib