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Insuffisances rénales : plus de 10 000 patients en attente d’une greffe

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La greffe rénale en Algérie accuse un retard très important, en raison de l’insuffisance des dons. Attendre encore et toujours. Le quotidien d’un insuffisant en Algérie se résume à une attente, prolongée, interminable.
Au cours des dix dernières années, le nombre de malades a triplé, passant de 3 000 cas à plus de 10 000 personnes inscrites sur liste d’attente. Ainsi, le président de la Société algérienne de néphrologie, le professeur Tahar Rayan, a tiré, hier, la sonnette d’alarme quant à l’urgence de mettre en pratique le dispositif permettant le prélèvement d’organes sur des cadavres, afin de venir à la rescousse des 10 0000 insuffisants rénaux qui attendent d’être greffés.
Intervenant, hier, sur les ondes de la Radio algérienne, le professeur qui a fait savoir qu’environ 1,5 million d’Algériens à souffrir de diverses pathologies rénales, a fait état d’un cruel et «énorme déficit» de reins à greffer, faute de donneurs. Le professeur Tahar Rayan, qui est aussi chef du service de néphrologie du CHU Naffissa-Hamoud (ex-Parnet), a signalé, à cette occasion que depuis 1986, date à laquelle a été effectuée, au CHU de Constantine, la première greffe rénale, seulement 1 600 opérations ont pu être réalisées par les établissements hospitaliers nationaux maîtrisant la technique de transplantation, dont 265 l’ont été durant l’année 2015, par suite d’un don effectué par un parent. «Certes, le chiffre a augmenté de 70% par rapport à 2014, mais il est toujours insignifiant comparativement au nombre de malades», a-t-il dit. «On programme des journées de sensibilisation pour adapter notre société au don d’organes à partir d’une personne décédée», a encore précisé l’hôte de la Radio, qui regrette que dans 90% des cas les familles des défunts refusent l’idée de don d’organes.
Dressant, ainsi, un sombre tableau quant à la prise en charge médicale de ces patients, le Pr Tahar Rayan a affirmé, en termes plus clairs, qu’au rythme actuel de prise en charge, qui ne dépasse pas les 265 cas par an, «il nous faudrait 60 ans pour éponger le nombre de patients qui attendent, sans oublier que le nombre d’insuffisants rénaux ne cesse de progresser chaque année.
Il n’a pas manqué de relever la difficulté de se procurer des organes à greffer par le refus des familles de personnes décédées à consentir à un prélèvement sur leur cadavre, bien que, indique-t-il, la législation algérienne, tout autant que la religion musulmane, qui le considère avec bienveillance, autorisent cette pratique. Pour Tahar Rayan, «il s’agit d’une question culturelle» qui est à vulgariser, sans cesse, par des actions de sensibilisation de longue haleine à travers tout le territoire. Pour illustrer l’extrême détresse des personnes en attente d’un don de rein, le professeur Rayan signale que, chaque année, vient s’y ajouter une centaine d’enfants espérant une transplantation de ce précieux organe.
S’agissant des enfants souffrant d’une insuffisance rénale, l’intervenant a mis en garde contre les risques de l’hémodialyse sur cette catégorie. En effet, celle-ci qui affecte leur croissance engendre d’énormes dégâts sur leur futur. Ainsi, affirmant que chaque année plus de 100 enfants ont besoin d’une transplantation rénale, il a lancé un appel aux parents pour sauver leurs progénitures. Néanmoins, il a regretté que dans la majorité des cas, c’est la mère qui se porte volontaire pour sauver son enfant, appelant, ainsi, à changer les mentalités, vu que le donneur peut vivre avec un seul rein.
«Quand l’insuffisance rénale touche les enfants c’est un vrai drame. La prévention c’est de détecter cette maladie dès le jeune âge pour l’éviter par une simple intervention ou même des mesures hygiéno-diététiques», a-t-il rassuré.
Concernant la base de données de donneurs d’organes, l’hôte de la Radio algérienne a indiqué que c’est à l’Agence nationale de greffe d’organes de constituer la liste de donneurs et de receveurs. Cependant, il a regretté que celle-ci ne soit toujours pas «officialisée». Dans ce sillage, il a appelé à la mise à jour de la liste pour déterminer les besoins de l’Algérie en matière de dons d’organes. Par ailleurs, il a appelé à développer la transplantation rénale ABO Incompatible (groupes sanguins incompatibles entre donneur et receveur, ndlr) en Algérie, et ce, afin de «trouver d’autres sources de donneurs».
Lamia Boufassa

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