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Incendie au port de plaisance de Sidi-Fredj : des bateaux engloutis et une vingtaine de milliards de dégâts

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Le port de plaisance de Sidi-Fredj, l’unique à l’échelle nationale, sis dans la commune de Staouéli, fait parler de lui en cette entame de la saison estivale.

Non en matière de loisirs, faisant son essence, mais des suites d’un incendie, survenu dans la nuit de samedi à dimanche, qui a ravagé et provoqué l’endommagement et l’engloutissement d’une vingtaine de bateaux, entre yachts et bateaux pneumatiques semi-rigides, accostés dans un espace maritime exigu. Heureusement, on ne déplore aucun dégât humain.
Mais, sur le plan matériel, en moyenne, les pertes avoisineraient les 250 millions de DA incluant les opérations de renflouement des bateaux et des objets s’étant dispersés à la faveur de l’immersion. Comme de coutume, une enquête a été diligentée par la Gendarmerie nationale pour déterminer les circonstances ayant abouti à ce drame.

Divergences sur les chiffres et les dégâts
L’incident est sujet à divergences. D’abord concernant la cause à l’origine. Du coté de la Direction du port de plaisance, on avance la thèse de l’étincelle suscitée lors d’une cérémonie festive organisée à bord d’une vedette « Nomade », probablement, selon les supputations avancées, en l’occasion du match-derby de la finale de la Coupe UEFA ayant opposé les deux clubs madrilènes, le Real et l’Athlético. L’étincelle en question aurait provoqué un court-circuit générateur, à son tour, de l’incendie immaitrisable, ayant entrainé l’effet domino : une vingtaine d’embarcations accostées dans la mitoyenneté des feux ont été touchés.
Ceci ne semble l’avis de beaucoup de propriétaires de bateaux. En l’absence du principal concerné, la rumeur bat son plein. L’un de ceux approchés met au défi les éléments de la Protection civile, en ces termes, et devant les caméras d’Echourouk Tv et Dzair Tv : « ils n’ont qu’à faire une plongée pour s’en convaincre que le bateau est cadenassé, donc n’ayant pas été utilisé depuis quelques jours. Et j’assume ce que je dis ». Un autre charge le laisser-aller caractérisant la gestion de cet espace tant convoité en été. « Un câble électrique a pété.
La cause ? Le fait de laisser les niches électriques, que vous voyez là, à l’abandon. Bien sûr, lorsqu’il pleut, des petites flaques d’eau se forment, provoquant une masse électrique. D’ailleurs, ce problème on l’a exposé l’été précédent à la Direction, lorsqu’une dame a été touchée et projetée dans le plan d’eau du fait de la force de la charge électrique, en vain. ». La Protection civile est mise à l’index, autant que la Direction du port de plaisance, de n’avoir pas réagi à temps. Sous l’effet de la colère, les occupants du port déclarent que le pire aurait pu éviter, sinon atténué. Les intervenants disent que les pompiers n’ont même pas autorisé aux volontaires de circonscrire les feux et de tenter de sauver ce qui pourrait être sauvé des bateaux filant vers la dérive. Du côté de la Protection civile, on avance l’argument de la concordance des faits de Sidi-Fredj avec un autre, un incendie également, qui s’est produit dans la commune de Birtouta, ce qui a eu pour effet de disperser la mobilisation requise.
Ensuite les chiffres. La Protection civile parle de 12 bateaux, la Direction d’une vingtaine. Les particuliers avancent le nombre de 25, alors que le président de la Fédération algérienne de plaisance et de motonautisme, Mustapha Tahar, énumère à 21 le nombre des bateaux toutes catégories touchés par le feu. Se faisant plus précis, ce dernier dira que les yachts sont au nombre de trois, alors que le restant de la totalité endommagée est constituée de ce qu’on appelle les petits bateaux. Notre interlocuteur estime les pertes à une fourchette entre 200 et 300 millions de DA, à raison de 30 millions de DA pour les yachts et entre 170 et 270 millions de DA la valeur des autres embarcations. Outre cela, il est prévu des opérations de renflouement que notre interlocuteur évalue à 5 millions de DA, chiffre référence du temps qu’il a été directeur du Port d’Alger. Un expert de Skikda, joint par téléphone, déclare, qu’en moyenne, ladite opération coûte 1 million de DA durant trois jours.

La sécurisation du site mise en exergue
Au-delà des chiffres et des lettres, la question qui se pose avec pertinence est la suivante : qui va supporter la facture des dommages et des opérations tous azimuts ? D’autant plus que le vide juridique planant sur l’activité de plaisance favoriserait toutes les dérives. C’est ce que déplore, à juste titre, Mustapha Tahar, qui, en six ans d’existence de la Fédération, n’a cessé d’alerter les pouvoirs publics sur cette brèche, et que l’incident de Sidi-Fredj vienne de remettre sur le tapis. Problème de sécurité, saturation du port, et ce, pour ne citer que ces deux facteurs, semblent inquiéter les propriétaires des bateaux, d’autant que ces derniers sont en règle vis-à-vis des institutions de l’État. « Nous payons nos droits de quai, à hauteur de 40 000 DA, et nos taxes annuelles évaluées à 30 000 DA. Que nous demande-t-on de plus pour mériter un port au moins comparable à celui de la Tunisie, disposant de niches électriques moins dangereuses, d’une sécurisation digne de ce nom ? », s’indigne un propriétaire d’un pneumatique. Certes, des mauvais et des non-payeurs existent, mais cela font partie d’une caste d’intouchables, tiennent à préciser, sommairement, nos interlocuteurs. Au sujet de la saturation, le président de la Fédération met le doigt sur la plaie, à savoir l’absence d’une tutelle, officiellement compétente et doté d’un sens de l’écoute à même de réaliser l’essor attendu.
Car, selon celui-ci, une proposition de créer un port sec destiné à accueillir les trois-quarts des bateaux accostés, comme cela se passe à l’échelle mondiale. En vain. L’une des régions les plus sécurisées du pays, Sidi-Fredj en l’occurrence, a été la proie d’un incendie qui n’a pas révélé tous ses secrets. L’enquête devra en faire son cheval de bataille.
Zaid Zoheir

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