Accueil ÉCONOMIE Entretien avec Abdelhamid Boudaoud, président du collège national des experts architectes

Entretien avec Abdelhamid Boudaoud, président du collège national des experts architectes

0

«Ils sont en train de gagner du temps à cause du problème du foncier»

Le Courrier d’Algérie : Malgré les multiples arguments présentés par les responsables du secteur de l’habitat sur le bon déroulement de la formule Aadl 2, les souscripteurs commencent à perdre patience avec les retards accusés, au début pour l’envoi des dossiers par courrier, ensuite pour le versement de la première tranche. Comment expliquez-vous cette situation ?
Abdelhamid Boudaoud : -Cette situation n’est pas nouvelle, elle a été déjà vécue dans pas mal de projets de logements et dans différentes formules qu’elles soient le social, le participatif ou l’AADL. En fait, le problème se situe chez différentes parties. D’abord pour l’agence de l’AADL, elle a prouvé auparavant son incompétence à gérer des projets d’une telle taille, soit par manque de personnel qualifié, soit par absence de stratégie. Mais à mon avis, c’est le deuxième point qui est le plus dangereux. Ensuite, à mon avis, le retard enregistré depuis le lancement de la formule AADL 2 est dû principalement au problème du foncier. Malgré que les responsables du ministère rassurent sur ce sujet, il reste néanmoins que les assiettes foncières sont rares surtout à Alger. Donc ils sont en train de gagner du temps. Ils ont commencé à fouiner dans les terres agricoles mais les choses ne semblent pas se régler. L’AADL est en train de temporiser, car elle n’a pas trouvé de terrain. Elle est en train de gagner du temps.

Pourtant, depuis la disparition du ministère de la Ville qui se chargeait de ce genre de problème, c’est actuellement le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville qui s’occupe de cette tâche ?
Oui absolument, le ministère de l’habitat se charge actuellement de la question du foncier, mais ce sont surtout les collectivités locales qui sont les premières concernées. Si les P/APC menaient correctement leurs activités, on ne serait pas tombé dans ce piège. Ils sont appelés, normalement à faire un recensement de tous les terrains vides qu’ils possèdent, d’avoir également des statistiques sur les besoins en logements dans chaque commune. Donc ils doivent recenser le patrimoine immobilier et le patrimoine foncier. Mais, malheureusement ce n’est pas le cas. Il faut savoir que le règlement de la crise du logement n’est pas seulement du ressort du ministère de l’Habitat, c’est toute une chaîne d’institutions et d’organismes, qui sont concernés.
Aussi, tellement que les gens sont obnubilés par la crise du logement, ils oublient que les autres infrastructures sont importantes. Je vous donne un exemple, lors du dernier séisme de Bologhine, les responsables du gouvernement se sont dirigés seulement dans les maisons, oubliant les écoles et les autres infrastructures.

En parlant du dernier séisme, certains experts reprochent au gouvernement de ne pas avoir de plan d’urgence, pour pouvoir affronter ce genre de problème comme le relogement des sinistrés, estimant également qu’il n’a pas tiré les leçons du passé, comme pour les inondations ou les tremblements de terre. Êtes-vous de cet avis ?
Je l’ai toujours dis dans mes interventions, il faut toujours avoir un plan d’urgence, pour affronter ce genre de catastrophe. Ce n’est pas le cas malheureusement. Et pour preuve, ce sont quelques logements, qui étaient destinés aux familles des bidons villes et des chalets, qui ont été distribués aux sinistrés. Pourquoi ne pas avoir toujours un quota de logements réservés spécialement pour les sinistrés, au lieu de construire par exemple 50 000 logements, on ajoute 15 000, sans les toucher et les laisser vides, pour les utiliser au cas où il y aurait des catastrophes. On comprend ici, qu’il n’y a pas de stratégie. Moi personnellement, je me moque du portefeuille financier, car je sais que ce n’est pas l’argent qui manque, mais ce sont les plans et les stratégies qui sont absents.

Revenant pour le projet de l’Aadl2, êtes-vous confiant pour ce qui est des délais annoncés dans ce sens ?
Non je ne suis pas optimiste, pour ce qui est du respect des délais.
On a déjà vécu ce genre de situation auparavant. Des promesses ont été faites et ont fait rêver des centaines de milliers de demandeurs de logements mais les résultats ont toujours été négatifs.
Entretien réalisé par Ines B.

Article précédentL1 Mobilis (2e journée) : le CSC seul aux commandes
Article suivantImmigration : 18 cadavres découverts sur un canot au large de Lampedusa

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.