Accueil ACTUALITÉ CRISE UKRAINIENNE : Quel impact économique sur l’Algérie ?

CRISE UKRAINIENNE : Quel impact économique sur l’Algérie ?

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L’impact de l’opération spéciale russe en Ukraine sur les prix des matières premières a focalisé l’attention des médias et de l’opinion publique plus que le bilan des pertes humaines et des dégâts causés par cette guerre. La peur d’une envolée des cours des matières premières avec leur impact sur les prix à la consommation ou sur les activités économiques, est plus forte que les craintes pour les populations exposées aux affrontements armés. Ainsi, on connaît mieux l’évolution des prix du pétrole ou du blé que le nombre des victimes. C’est sans doute parce que les retombées économiques et sociales de la guerre en Ukraine touchent de nombreux pays alors que le conflit lui-même est limité géographiquement. Les nouvelles alarmistes qui ont circulé jeudi à propos des cours du pétrole (le baril de WTI américain était à plus de 100 dollars, et le Brent à plus de 105 dollars, une première depuis 2014) ont été nuancées hier après une stabilisation relative de ces prix qui sont descendus sous les 100 dollars. Vendredi, le cours du pétrole était à 99,17 dollars le matin, puis 97,65 dans l’après-midi. Selon les experts, la hausse fulgurante des cours enregistrée jeudi a été ralentie par la constatation que les sanctions occidentales contre la Russie étaient sans portées pour le moment sur l’approvisionnement russe en énergie. Il faut noter, toutefois, que le baril de Brent était déjà en hausse depuis la fin du mois de janvier. Certains analystes pensent qu’il pourrait atteindre 120 dollars en cas de réduction des exportations de brut depuis la Russie, et même s’envoler jusqu’à 150 dollars si les sanctions touchent entièrement ses exportations. Le risque de pénurie de gaz ou de pétrole à court terme est évoqué pour l’Europe, et surtout l’Allemagne. Parmi les produits qui sont susceptibles de connaître une très forte hausse, on cite également l’aluminium, le nickel, largement produits en Russie. L’attention des dirigeants algériens est certainement portée sur le cours du Brent exporté par l’Algérie, dont la hausse est bénéfique pour l’économie nationale. Mais, en contrepartie, il y a également la hausse des cours du blé, importé par notre pays. Après le début de l’opération spéciale russe en Ukraine, le cours du blé meunier a atteint 316,50 euros la tonne sur l’échéance de mars 2022 sur Euronext, «un plus haut historique», ont commenté les spécialistes. Selon les dernières informations, « l’Ukraine a cessé ses activités portuaires tandis que la Russie a bloqué tout trafic commercial dans la mer d’Azov, confirmant ainsi le risque de perturbations logistiques dans la région ». L’Égypte semble avoir anticipé en achetant, le mois passé, 420 000 tonnes de blé à l’Ukraine, la Roumanie et la Russie. L’Algérie pourrait se mettre à l’abri de ces perturbations et de leur impact, par sa production nationale de céréales qui sera collectée en 2021/2022 et qui devrait se situer entre 27 et 30 millions de quintaux, ce qui lui permettra de réduire ses importations céréalières de 25%, selon les indications données, il y a un peu plus d’un  mois, par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni. Selon la même source, l’Algérie mise en particulier sur l’augmentation de la superficie agricole dédiée aux céréales qui est actuellement de l’ordre de 3,3 millions d’hectares, l’amélioration des rendements agricoles à 60/70 quintaux par hectare, la généralisation de l’irrigation notamment dans les zones Ouest et centre du pays. Pour les responsables algériens du secteur, l’agriculture saharienne peut aussi beaucoup apporter à la filière au vu de ses atouts et son fort rendement qui peut atteindre 100 quintaux par hectare. Le Premier ministre, Aïmène Benabderrahmane avait affirmé, en septembre dernier, que le gouvernement appliquera un programme dans le secteur de l’agriculture et du développement rural visant à augmenter la production des céréales à 65 millions de quintaux en 2022 et à 71,8 millions de quintaux en 2024.
M’hamed Rebah

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