Accueil ACTUALITÉ CRISE UKRAINIENNE ET MARCHÉ MONDIAL DU BLÉ : Quelles solutions pour l’Algérie ?

CRISE UKRAINIENNE ET MARCHÉ MONDIAL DU BLÉ : Quelles solutions pour l’Algérie ?

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L’impact de la crise ukrainienne sur les prix mondiaux des céréales constitue une sérieuse menace sur la sécurité alimentaire de nombreux pays.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé des alertes à propos des répercussions du conflit russo-ukrainien sur le commerce mondial et sur les prix de l’énergie, à la hausse, ainsi que les prix des intrants indispensables à la production agricole, entraînant des coûts de production plus élevés et des prix de produits alimentaires qui enregistrent des augmentations considérables.
Le professeur Ali Daoudi, enseignant chercheur à l’Institut national d’agronomie, a appelé à tirer les leçons de cette situation. Dans un entretien accordé, hier matin, à la chaîne 3 de la radio algérienne dont il était l’invité de la rédaction, il fait constater «la fin définitive de la période d’abondance et de prix bas des produits agricoles sur le marché mondial». Il prédit «une hausse de la demande mondiale avec une offre qui aura du mal à suivre et des crises de plus en plus fréquentes». Il appréhende une perturbation de l’offre mondiale sur le marché mondial provoquée par ce conflit qui oppose deux grands pays producteurs de céréales et d’oléagineux. En plus, le Pr. Ali Daoudi évoque «le retour de la Chine sur le marché mondial en termes d’achats» après l’annonce récente des conditions climatiques défavorables et d’une forte probabilité d’une faible récolte dans ce pays. Il fait remarquer que la hausse des prix du blé a débuté en 2021, mais elle s’est accentuée et a connu une forte accélération à partir de février et mars de cette année. Des indications données, à la fin février, par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni laissent penser que l’Algérie pourrait mettre à l’abri des perturbations du marché mondial, grâce à sa production nationale de céréales qui sera collectée en 2021/2022 et qui devrait se situer entre 27 et 30 millions de quintaux, ce qui lui permettra de réduire ses importations céréalières de 25%. En outre, l’Algérie mise sur l’augmentation de la superficie agricole dédiée aux céréales, l’amélioration des rendements agricoles à 60/70 quintaux par hectare, la généralisation de l’irrigation notamment dans les zones Ouest et centre du pays. L’agriculture saharienne peut beaucoup apporter à la filière au vu de ses atouts et son fort rendement qui peut atteindre 100 quintaux par hectare. Le programme appliqué par le gouvernement dans le secteur de l’agriculture et du développement rural vise à augmenter la production des céréales à 65 millions de quintaux en 2022 et à 71,8 millions de quintaux en 2024. Le Pr. Ali Daoudi exclut la pénurie en Algérie, mais il s’attend à une hausse de la facture d’importation des céréales, compensée, heureusement, par la hausse des cours du pétrole. Mais jusqu’à quand l’Algérie pourra-t-elle compenser la hausse des prix des céréales importés par les recettes, en hausse, elles aussi, des ventes d’hydrocarbures? Il est urgent, plutôt, de consacrer ces recettes financières à l’accroissement de la production nationale de blé pour réduire l’impact des aléas extérieurs liés à un conflit ou à une pandémie, ou à tout autre événement. L’Algérie doit être en mesure d’assurer sa sécurité alimentaire, en exploitant tous les atouts dont elle dispose (finances, ressources humaines, sols, climat,…) et en mobilisant le monde de la recherche, en particulier à l’Université, tout en revalorisant le travail dans l’agriculture. La priorité donnée par le gouvernement à l’axe de la sécurité alimentaire considérée comme un des enjeux stratégiques de l’Algérie, montre que les pouvoirs publics ont anticipé sur la crise actuelle et sur ses prolongements à l’avenir. Pour sa part, le Pr. Ali Daoudi propose «la création d’une Agence de sécurité alimentaire : un organe qui serait indépendant, qui ne subirait pas la pression des décisions à court terme et pourrait accompagner les gouvernements successifs dans la mise en œuvre d’une stratégie agricole à long terme».
M’hamed Rebah

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