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CODE DE LA FAMILLE Des féministes montent au créneau

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Le militantisme féministe a toujours droit de cité dans notre sphère sociopolitique. Les supposés clichés phallocrates et conservateurs en sont les facteurs carburateurs, selon l’énumération des griefs qui en a été faite à l’encontre de la société et, parfois, de la hiérarchie dirigeante du pays.
Une volonté politique défaillante, une interprétation littéraliste du Saint Coran, un cursus scolaire distant des canons de la modernité, sont, entre autres, les causes ayant consacré, de l’avis de beaucoup de féministes, l’objectif de reléguer la femme dans une position peu enviable et remettant, par voie de conséquence, l’annonce de parité entre les deux sexes aux calendes grecques. Deux femmes, militantes RCD, avocates et adeptes de la politique de promotion des droits de l’Homme, semblent déterminées à en découdre avec le thème de statut de mineure à vie, posture dans laquelle on veut confiner la femme algérienne. Elles viennent de le publiquement énoncer lors des Assises de la femme RCD, qui se sont tenues, vendredi, à l’hôtel Riyad, Sidi-Fredj, dans la commune de Staouéli. Fetta Sadat estime que l’amélioration de la situation de la femme en Algérie reste tributaire de l’abrogation du Code de la famille, adopté dans le cadre de la loi n° 84-11 du 9 juin 1984 portant Code de la famille complétée et modifiée par l’ordonnance n° 05-02 du 27 février 2005, celui qui a consacré davantage le statut de mineure à la Femme, que le règlement des problèmes dans lesquels elle se morfond depuis des siècles. Car les lois n’ont, au demeurant, servi à rien. Selon l’interprétation qu’elle en a faite. Les Lois resteront ainsi tant que le pouvoir ne s’en sert que pour concrétiser ses ambitions éponymes. La preuve, la Loi organique sur le quota de représentativité de la femme dans les assemblées élues, annoncée pompeusement lors de la révision constitutionnelle de 2008, n’a, en réalité, permis à Bouteflika que pour briguer un troisième mandat, puisque les textes d’application y afférents ne furent promulgués qu’en 2012, soit quatre (4) ans après. L’égalité entre la femme et l’homme, une redondance, ne peut voir le jour tant que l’inégalité sévit déjà au sein de la famille : la femme est mineure au sein du couple. Elle y fait face, à cette échelle, à une criante inégalité juridique, pense la femme de loi. Aussi, la violence faite aux femmes est toujours d’actualité. La révision du Code pénal, qui a fait une odyssée de neuf (9) mois, entre l’APN et le Conseil de la nation, a eu un malheureux dénouement suite aux résistances islamistes qui ont pu, victorieusement, le faire capoter, mettant fin, ainsi, aux espoirs qui y sont rattachés. L’Algérie doit, de l’avis de Sadat, élaborer un vrai projet de société, en prenant en considération les traités internationaux qu’elle a, elle-même, ratifiés, notamment les articles 1,2, 3, 6, 7, 16, 21, 23 et 25 de la Déclaration universel des droits de l’Homme (DUDH). Elle doit, aussi, passer par une inéluctable réforme scolaire, devant la prémunir, à terme, des conséquences encore plus dévastatrices de l’esprit rétrograde qui la mine, et d’une interprétation, moins littéraliste et davantage moderne, du Coran. Pour sa part, Leila Hadj-Arab, élue à l’APW de Tizi-Ouzou, avocate et secrétaire nationale chargée du mouvement associatif au sein du RCD, émet l’urgence de se mettre au diapason international, à travers notamment une mise en synergie maghrébine dans le domaine de lutte contre la discrimination sexiste et contre la violence subie par la femme. Selon elle, la mise en adéquation avec tout ce qui se fait de plus moderniste en matière de respect des droits de la Femme et de concrétisation de l’égalité entre les deux sexes à l’échelle mondiale, on ne le trouve que dans les termes de la Loi tunisienne.
Dans ce cadre, l’esquisse de code alternatif suggérée par les associations de femmes maghrébines lors de la Conférence des ONG tenue à Houairou (Chine) en septembre 1995 parallèlement à la Conférence mondiale de la femme de Pékin est le meilleur exemple à suivre. Il s’agit de « 100 mesures et dispositions pour une codification maghrébine égalitaire du statut personnel et du droit de la famille ». Hadj-Arab propose, donc, d’y intégrer la démarche qu’elle préconise. Parmi les dites mesures qu’elle juge aptes à en finir avec le rôle de mineure attribuée à la femme, elle cite la suppression du tutorat matrimonial, l’interdiction de la polygamie, l’autorisation des mariages mixtes, l’interdiction de la répudiation (le divorce unilatéral), substitution de l’autorité parentale à la puissance paternelle, autorisation de l’adoption, la protection juridique des enfants avant et après la naissance par la reconnaissance de l’affiliation. Tout un programme !
Zaid Zoheir

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