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Brésil : Les pro-Lula irréductibles, sous les fenêtres de sa prison

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«Bonjour président Lula!!» Matin, midi et soir, les plus fidèles partisans de l’ex-président se rassemblent à heure fixe pour lui crier leur soutien, sous les fenêtres de la Police fédérale de Curitiba, où leur héros est emprisonné.

Ils sont une centaine d’irréductibles militants, 150 selon les organisateurs, des travailleurs ruraux pour la plupart, issus du Mouvement des Sans Terre (MST), à avoir élu domicile devant la prison depuis le 7 avril dernier, jour de l’incarcération du chef historique de la gauche brésilienne pour corruption. «Notre objectif c’est de maintenir une solidarité permanente avec Lula, de lui envoyer toutes nos énergies positives pour qu’il reste fort», affirme Paulo Baggio, 54 ans, de la coordination MST du Paran à l’Etat où se trouve Curitiba), un des principaux coordinateurs de la «Vigilia Lula Livre» (Veille pour un Lula libre). Aucune chance d’apercevoir Lula, les fenêtres de sa cellule ne donnent pas sur l’extérieur. Mais ses partisans savent que leur mentor les entend. Lula «nous envoie des petits mots, des lettres», «parfois il nous demande certaines chansons, et on les chante», explique Paulo Baggio, une casquette rouge au couleurs du MST vissée sur la tête, et la chasuble assortie sur les épaules. Le début de semaine risque d’être agité pour ces irréductibles. Mardi est le dernier jour accordé par la justice électorale au Parti des Travailleurs (PT) pour présenter son candidat à l’élection présidentielle du 7 octobre. Le PT a maintenu la candidature de Lula en dépit de son invalidation. Mais sauf coup de théâtre, son champion devra jeter l’éponge. Le campement s’organise sur plusieurs lieux: un chapiteau planté en face de la Police fédérale, et quelques maisons louées dans un rayon d’un kilomètre de la prison, située au milieu d’un quartier résidentiel de Curitiba. Les militants sont logés, nourris, blanchis. Le tout est financé par une campagne de solidarité. «Tout fonctionne comme un grand travail bénévole coopératif», affirme Paulo Baggio. Parmi les stocks sous le chapiteau: du riz, des bouteilles d’eau ou du papier toilette donnés par des habitants de Curitiba.

Thé à l’eucalyptus
Les militants MST se relaient tous les quinze jours. Pendant qu’ils sont à Curitiba, d’autres s’occupent de leurs exploitations. Le reste des troupes est composé de syndicalistes, de chômeurs ou de retraités comme Malvina Joana de Lima. Membre du PT depuis 1989, Malvina, femme noire de 66 ans, est à Curitiba depuis que son idole est en prison. «Je suis tombée malade, j’ai même eu une pneumonie mais je me suis soignée ici, je n’ai pas voulu qu’on m’hospitalise. Je vis (pour) Lula!», se vante-t-elle. Car sur le camp de base des «Lula livre», il y a même une infirmerie. Jefferson Conçeiçao Ricardo, 20 ans, l’infirmier en chef, prépare des breuvages naturels pour ses camarades. À Curitiba, dans le sud du Brésil, les températures peuvent descendre sous les 10 degrés en cet fin d’hiver austral. «Il y a beaucoup d’irritations de gorge, d’asthme», déplore Jefferson. Pour les maux de gorge il préconise le thé à l’eucalyptus et au citron, pour les douleurs d?estomac, l’infusion à l’hibiscus. Mais il y a aussi le thé apaisant pour calmer le stress des militants pro-Lula. Et il va en falloir des litres de thé, car ces acharnés de la lutte sont prêts à soutenir jusqu’au bout leur candidat, condamné à une peine de 12 ans et un mois.
«Nous resterons ici jusqu’à ce que Lula sorte et qu’il vienne embrasser son peuple pour que l’on reconstruise le Brésil ensemble», assure Pauilo Baggio. Et si malgré les multiples recours qu’il a déposés, Lula ne peut pas être candidat, tous voteront quand même pour le PT. «Si Lula me dit d’aller voter pour un moustique, j’irai voter pour un moustique. Je ferai toujours ce qu’il ordonne. C’est le seul en qui j’ai confiance, le seul qui fait de bonnes choses pour les travailleurs noirs et pauvres», affirme Melvina.

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