Alors que des milliers de civils, de tout âge, sont tassés aux frontières de pays européens, après avoir fui, les guerres et les conflits, dans leurs pays respectifs, en traversant par voie maritime et terrestre des centaines de kilomètres pour le seul but de sauver leur vie, d’une mort certaine, ils continuent d’être persécutés, en étant cette fois-ci la cible de comportements racistes et de discours haineux.
Conséquence directe de l’action politique d’acteurs occidentaux, à l’origine des désastres et du chaos dans lesquels ont été plongés des pays, à l’exemple de l’Irak, Syrie, Afghanistan, la Libye ou le Yémen et que les migrants et refugiés arrivés en Europe « font face à une xénophobie croissante» affirme Zeid Raad Al Hussein, un haut responsable à l’ONU.
Une situation de détresse humaine à l’extrême qui prévaut déjà dans les pays dévastés par le bruit des armes et les zones de conflits générés, faut-il le noter, par les options politiques des occidentaux ayant pour objectifs essentiels la domination des sources énergétiques et des voies d’approvisionnement de l’énergie, faisant fi de ce qui est dicté par les deux Pactes internationaux, des droits civils et politiques et celui sur les droits économiques, sociaux et culturels, dont le monde célèbre le 50eme anniversaire de l’adoption, en décembre 1966, de ces deux documents par l’Assemblée générale des Nations unies (ONU). Des textes qui sont, «le fondement d’une bonne gouvernance » sur le plan international a indiqué le Haut commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme, à partir de Genève, et que ces documents a-t-il ajouté « incarnent les espoirs de paix du Monde » a déclaré, Zeid Raad Al Hussein lors de la réunion du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU sur cet anniversaire. Alors que des responsables onusiens déploraient à partir de Genève, le traumatisme «des atrocités» que les migrants ont vécu dans leurs pays respectifs,-dont ceux précités-, arrivés en Europe, ils font face, affirme le responsable onusien à «une xénophobie croissante», racisme et maltraitance, eux les migrants qui ont tout quitté chez eux, pour survivre et ne pas être happés par la mort. La Grèce avertit qu’entre 50 000 et 70 000 personnes risquaient d’être bloquées au courant de ce mois, contre 22 000 actuellement et selon les fonctionnaires de l’immigration, près de 35 400 mineurs non accompagnés ont demandé l’asile en Suède en 2015, soit cinq fois plus que l’année 2014. Aussi, près de 6 500 migrants étaient bloqués samedi dernier, au poste-frontière d’Idomeni, dans le nord de la Grèce, et le ministre grec de la Politique migratoire Yiannis Mouzalas, avait indiqué que son gouvernement compter installer des «camps provisoires à travers le pays» pouvant abriter entre 2 000 à 3 000 personnes. Les migrants se sont retrouvés tassés après que la Macédoine a décidé de la fermeture de sa frontières aux Afghans, exigeant par ailleurs des papiers d’identité aux Syriens et Irakiens, ainsi que le laissez-passer des centres d’enregistrement grecs. Si les déclarations de responsables européens et des organismes de l’ONU abordent la question de ces migrants et réfugiés en s’appuyant sur leur nombre important pour pointer du doigt la gravité de cette situation, il est regrettable de constater que ces responsables s’occupent d’avantage du nombres des refugiés ayant foulé le sol européen oubliant, qu’il s’agit d’abord et en premier lieu, de personnes, de vie et de dignité humaine, d’histoire d’individu et de surcroît l’espoir de pouvoir survivre après avoir échappé à la mort.
Dans un monde, comme l’a rappelé à Genève, le responsable onusien Zeid Raad Al Hussein, les inégalités économiques persistent permettant à une minorité de personnes de disposer d’autant de richesses que tout le reste, il est à s’interroger sur les raisons de cet état de fait et aussi sur celles ayant fait que l’Europe soit la direction privilégiée de ces milliers de personnes, migrants et réfugiés. Et si la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, le Yémen et la Libye pour ne citer que ces pays n’étaient pas le théâtre des jeux dangereux de certaines grandes puissances occidentales précisément, et des pays du Golfe ainsi que la Turquie, les refugiés, les migrants et les exilés n’auraient pas été par milliers à tenter d’échapper à la mort pour traverser des chemins incertains pour une autre vie, où les bruits de mortiers et de bottes sont silencieux. Fin janvier, la chancelière allemande qui a été critiquée par ses collègues européens pour sa politique de porte ouverte aux refugiés, leur a déclaré que les demandeurs d’asile syriens et irakiens « devront rentrer dans leurs pays à la fin des conflits».
Une façon de leur signifier, voire leur rappeler que c’est la résultante des politiques occidentales en direction du Moyen-Orient mais aussi de les amener à consentir des efforts en vue de mettre un terme à ces crises, notamment en Syrie, en appuyant les efforts de l’envoyé onusien, Demistora, dont certains tentent de torpiller le processus en cours de dialogue de Genève entre syriens. En annonçant sa décision d’interdire, selon lui «temporairement» aux médias l’accès aux camps des migrants et des refugiés, prétextant pour « ne pas entraver les travaux en cours », le ministre grec de la politique d’immigration Yiannis Mouzalas ne cherche –t-il pas à cacher par là, des pratiques condamnables, maltraitances et répressions des migrants que les autorités grecques s’apprêtent à traduire, face à l’afflux continu de ces migrants? D’autant plus que l’Europe compte désormais sept pays membres de l’espace Schengen de libre-circulation à avoir rétabli des contrôles temporaires à leurs frontières, il s’agit de la Belgique, Danemark, Norvège, Suède, Autriche, Allemagne et France, qui sont autorisés dans des situations «exceptionnelles» comme le soulignent les textes de l’UE, relatifs à Schengen.
Et c’est à partir de Genève que des hauts responsables des Nations unies ont appelé les Etats membres de l’UE à ne laisser « personne de côté » notamment les plus vulnérables, comme il est souligné, dans le programme de développement durable, à l’horizon 2030, les invitant à « faire preuve de compassion envers les civils fuyant les violations systématiques de leurs droits ». Faire davantage pour prévenir les crises et protéger les populations, sera l’un des principaux appels à l’action lors du premier Sommet humanitaire mondial de l’histoire de l’Onu, prévu, les 23 et 24 mai prochains à Istanbul, selon le Secrétaire général de l’ONU, Ban-Ki-moon, qui s’exprimait à partir de Genève. Pour Ban Ki-moon, « élever des barrières infranchissables et durcir les régimes de demande d’asile ne fera rien pour régler les problèmes à l’origine de ces déplacements massifs de populations »a-t-il déclaré.
Karima Bennour