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À l’arrivée d’une belle prestation collective, les « Verts » signent le 1er succès en dehors de leurs bases depuis deux ans et demi : Retour triomphal de Lomé : en «Vert» et contre tout

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Feghouli, l’avant-veille du périlleux déplacement des «Verts» au Togo qui se transformera en véritable balade annonciatrice d’un retour en force de l’Algérie aux devants de la scène africaine. Un joli, large succès (1-4) et la confirmation de propos justes en guise de recette à suivre justement pour faire redémarrer une machine en panne depuis quelques années et donnant la nette impression, des signes palpables confortés par la prestation de Lomé, avec la désignation de Belmadi à la tête de la barre technique, que les choses commencent à bouger. Dans le bon sens.

Par Azouaou Aghiles

Le cœur et les jambes
«C’est impensable de ne pas aller à la CAN» qu’il dira (dixit Feghouli) à la bible du football français, «France Football», en prévenant qu’il n’y a pas d’autre issue à une possible résurrection tant attendue par les millions de fans de la sélection, que de revenir à ce qui est la nature même de ce jeu si populaire : «Des choses basiques, comme gagner des duels.» Une précision de taille qu’il ne faut pas perdre de vue pour tout périple à travers les terrains du continent où les choses ne sont jamais simples, les pronostics et autres logiques jamais respectés, le détails et autres ingrédients imprévisibles sortis droit des coulisses. «Changer l’état d’esprit du groupe», martèlera, tout court, le sociétaire de la formation turque de Galatasaray. Sentant la pression monter de plusieurs crans chez ses partenaires qu’une crise de résultats a fini par déloger du sommet de la hiérarchie continentale après avoir longtemps figuré parmi ses chefs de file, cet élément à tout-faire, qui a rarement la langue dans la poche et dit ce qu’il pense, en allant toujours droit au but quitte à titiller l’entourage immédiat (cela lui vaudra une mise à l’écart sous l’ère Madjer non sans provoquer un tollé généralisé chez les supporters), le natif de Levallois-Perret (France) rappellera (il connaît maintenant les réalités des terrains africains sur le bout des doigts, aussi sûrement que leurs travers), par exemple, ce que tout le monde sait, mais que des éléments de classe mondiale pourtant, mais venus d’autres continents où tout paraît si simple, n’arrivent pas toujours, pour bien des raisons, à assimiler. On ouvre les guillemets: «Vous avez des matches où ça ne ressemble parfois même pas à du foot, mais plutôt du rugby. C’est du gagne-terrain lorsque les conditions sont catastrophiques. Il faut alors remonter le bloc et avoir une certaine discipline tactique en mettant plus d’envie.» à l’arrivée de cette sortie positive en terres togolaises, agrémentée de quatre belles réalisations et donc un opportunisme et une solidarité collective qu’on a un peu perdus de vue chez les «Fennecs» depuis leur retour (triomphal) du Mondial brésilien qui ne sera malheureusement pas fructifié, c’est une «prophétie» qui se réalise finalement pour celui qui mettra en valeur, donnera plus de sens aux propos de son nouveau coach qu’il dit respecter énormément. Encense même. Une expression qu’il a entendu (il le dit comme ça) de la part d’un Djamel Belmadi convaincu qu’il «faut avoir du cœur et des jambes» pour espérer (ndlr) réaliser de bonnes performances ou sortir indemnes de véritables matches-couperet tournant aux guets-apens. Avant d’aller en découdre avec Adebayor et sa bande dans un tournant considéré de décisif à l’occasion d’une avant-dernière étape qualificative pour la CAN placée sous le signe de tous les dangers, le vice-capitaine de l’E.N, qui considère les mots de son nouveau mentor, de chargés de symboles (le message est finalement passé chez des troupes en prise aux doutes après une longue série de contre-performances et au moral désormais en hausse), donne raison avec une appréciation à la hauteur de son talent en considérant que «c’est exactement ça (…) notamment quand vous allez jouer à l’extérieur, en Afrique. Si on met tous cette envie, ça peut le faire parce qu’on a de la qualité. On a des attaquants décisifs, on est en train de retrouver une certaine sécurité défensive, chose qu’on avait plus du tout. Une équipe et un noyau dur vont se dégager progressivement.»

Du talent, de l’envie et de la générosité
C’est presque fait depuis Lomé et un match référence qui, en passe de remettre les choses à leur vraie place, vient confirmer (on peut l’espérer et c’est aussi le souhait de l’opinion, plus que jamais confiante que le plus dur est derrière nous) que s’en est définitivement fini du surplace. Ça en a tout l’air en tout cas. «Comment expliquer que l’Algérie ne parvienne pas à enregistrer des bonnes performances ? A-t-on pu hisser cette équipe trop haut, trop vite ?» à cette question toute de pertinence de l’interviewer, Sosso, comme l’appellent intimement ses proches, répond par une grande lucidité. En connaisseur, lorsqu’il tonne comme pour mettre de l’eau au moulin d’un sélectionneur qui sait ce qu’il veut et où il va. Avec qui, surtout, il compte travailler pour réaliser ses objectifs et mener à bien les différents chantiers dont il hérite. On l’écoute : «S’il n’y a pas un collectif soudé, exceptés Messi et Ronaldo qui peuvent vous faire des différences sur une action et marquer, personne ne peut se reposer sur des individualités. Il faut un collectif fort. Aujourd’hui, peut-être que ce ne sont pas les meilleurs qui doivent jouer, mais les plus rigoureux, les plus travailleurs. Il faut s’appuyer à 80% sur une base de joueurs généreux, qui en veulent. On doit fonder notre équipe sur quelque chose de fort, en se battant les uns pour les autres. Être sincère par les actes sur le terrain.» Tout un programme pour une sélection au talent certain et qui n’a pas attendu longtemps pour se mettre sur la même longueur d’onde qu’un technicien qui ne tournera pas longtemps en rond pour mettre le doigt là où se situe le mal. La démobilisation n’étant pas des moindres pour un «Club Algérie» auquel on n’aura pas fait de cadeaux. Encore moins accordé le moindre sursis, ses vedettes (elles sont nombreuses à l’image de son icône Mahrez qui crève l’écran en Europe et que jalousent bien des «consultants» locaux prêts à tout démolir) étant plus souvent que de raison, sur la sellette et trainées dans la boue. Une sélection peinant à se relever car mise à genoux intra-muros. Message reçu cinq sur cinq par un groupe retrouvant petit à petit son âme. Sur le retour, même s’il faut patienter encore. Ne pas trop s’enflammer. Réponse claire. Tonitruante. Avec un succès aussi large que flatteur. Mieux, faire sensation (ce n’est pas le mot ?) en y mettant et le cœur, et le talent et le collectif, près de 900 jours (898 exactement, soit un peu moins de deux ans et demi, c’était le 02 juin 2016) après son dernier match gagné (0-2, aux Seychelles, sous la coupe du français Christian Gourcuff) hors de ses bases. Au coup de sifflet final de l’arbitre kenyan, dans l’ambiance de folie qui suivra dans le vestiaire (une victoire convaincante qui fait du bien) et comme la veille, Belmadi jugera «inadmissible d’être resté autant de temps sans s’imposer à l’extérieur.» Que cela ne devrait plus, surtout pas, se reproduire. Qu’il est maintenant temps de savoir gagner aussi bien à domicile qu’à l’extérieur aussi.» Un quatre-un qui sonne comme une révolte chez les Attal, Chitta, Belaïli, Benzia, et autres, dont il juge la prestation d’ensemble «plus que satisfaisante, les joueurs ayant répondu présent en se donnant à fond.»

Pas de jugement définitif
«Un succès mérité» de l’aveu même d’un Claude Leroy, à la réaction certes amère, mais honnête en reconnaissant que «l’Algérie, qui possède un effectif de grand cru et des joueurs d’expérience, de niveau international, nous a été de loin supérieure.» En attendant la manière (ce n’est pas les promesses qui manquent depuis le détour par Lomé, c’est en tout cas le message qu’ont voulu délivrer des joueurs remis en confiance à l’issue d’un duel gagné superbement et devant constituer une base de travail pour avancer), Belmadi, s’il se montre confiant dans le sens de l’aboutissement de son projet (il n’hésite pas pour rien quand il parle de construction et/ou reconstruction) en avertissant que le plus dur va commencer pour tout le monde. Pour lui et pour ses «poulains», les futures batailles devant éclaircir encore mieux sa vision et la lecture qu’on peut en faire. Ainsi, et avant de revenir à Alger, il se livrera à un confrère («Compétition», ndlr) en rappelant sa philosophie. En commençant par rappeler, outre le volet disciplinaire, qu’ «aucun joueur n’est sûr d’être là au mois de mars», étant entendu bien sûr que, pour lui, la vérité d’hier, n’est pas celle d’aujourd’hui et encore moins celle de demain, lui, qui, dans son choix des hommes, ne fait aucune place aux sentiments. En rappelant que ceux, par exemple, qui ont été «privés» (momentanément souligne-t-il néanmoins en précisant qu’ «il n’y a pas de jugement définitif») du voyage de Lomé l’ont été pour avoir «failli par rapport à ce qui a été recommandé et dicté. Par rapport à ce qui a été mis en place.» Aimant apparemment les «surprises» et n’ayant pas peur des changements, il expliquera dans la foulée de la victoire, une fis l’euphorie dissipée, ou leur expliquera, entre autres, qu’«il n’y a aucune garantie malgré cette belle victoire (…) Ils ont compris ce que je recherchais chez les joueurs (…) Ça a pris un peu de temps, mais je pense qu’ils ont compris ce que j’attendais d’eux.» Dans le prolongement des convictions de l’un de ses cadres les plus en vue (Feghouli, sur «France Football», toujours), il mettra, à nouveau, un accent particulier sur une des principales conditions pour espérer rejoindre l’E.N. Tout simplement, «un supplément d’âme, jouer pour son pays, et on n’est pas n’importe quel pays, on est une grande nation, ça ne suffit pas de jouer comme en club, c’est un peu la réflexion que j’ai eue après le match contre le Bénin et mes choix aujourd’hui ont été dictés un peu par ça.» Heureux, en conclusion, de constater que le groupe, y compris la super star Mahrez (il ne tarit pas d’éloges pour le mancunien de City) a fini par répondre présent. Pas tort donc quand il insiste sur ce qui l’intéresse le plus (il y a eu du répondant et la suite, de ce côté-ci, ne devrait être que positive) c’est de «disposer, sur le terrain, d’éléments qui savent prendre leurs responsabilités dans tous les secteurs et dans toutes les lignes.» Ne faisant pas la fine bouche sur cette large victoire ramenée de l’extérieur, mais gardant la tête froide, Belmadi se dit satisfait de la réaction d’ensemble. Rassuré de pouvoir compter sur «un groupe très sain et bosseur.» Rendez-vous alors en mars avec la réception de la Gambie et un baroud d’honneur dans son jardin fétiche de Tchaker-Blida avec, en perspective, une nouvelle communion avec un public à nouveau rassuré et qui ne manquera pas de les aider à passer un nouveau cap. Un palier de plus où il s’agira d’accumuler un surplus de confiance après une traversée du désert qui aura duré près de trois longues années. De bon augure et l’impression que l’équipe renaît de ses cendres.
Aussi sûrement que c’est la fin d’un désamour préjudiciable. Et quand le public répond également présent…
A. A.

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