Les deux Corées ont échangé des coups de semonce lundi matin, s’accusant mutuellement d’avoir enfreint la frontière maritime contestée avec un de leurs navires, nouvel épisode dans un contexte tendu depuis quelques semaines.
Dans un premier temps, un bateau marchand nord-coréen a enfreint ladite Ligne de limite du Nord, près de l’île de Baengnyeong, à 3h42 locales du matin, puis se serait replié vers le nord après les coups de semonce de la marine sud-coréenne, a déclaré l’état-major interarmées. « Les provocations continues du Nord et ses revendications irréfléchies sapent la paix et la stabilité de la péninsule coréenne et de la communauté internationale », a déclaré la même source dans un communiqué, en exhortant Pyongyang à les « cesser immédiatement ». De son côté, l’armée de Pyongyang a affirmé qu’un navire militaire sud-coréen a violé quelques minutes plus tard la frontière de facto de 2,5 à 5 kilomètres et l’armée nord-coréenne (APC) a répliqué en tirant dix coups de semonce à son attention depuis sa côte ouest. « Les unités de défense du littoral ouest de l’APC ont pris une première contre-mesure destinée à repousser de manière puissante le navire de guerre ennemi en tirant 10 obus de lance-roquettes multiples en direction des eaux territoriales, où un mouvement naval ennemi a été détecté, à 5h15 », a déclaré un porte-parole de l’état-major de l’APC dans un communiqué. « Nous avons une nouvelle fois adressé un sévère avertissement aux ennemis à l’origine de provocations maritimes qui viennent s’ajouter aux tirs d’artillerie et à la diffusion de messages transfrontaliers par haut-parleurs », a déclaré un porte-parole de l’état-major de l’armée nord-coréenne.
Point chaud
La « zone tampon » maritime a été établie lors d’un accord de 2018 destiné à prévenir les tensions entre les deux Corées. Mais elles se sont intensifiées ces dernières semaines, Pyongyang ayant procédé à plusieurs lancements de missiles et des tirs de barrage d’artillerie dans les eaux de ses côtes est et ouest, ciblant cette frontière, jugés provocants par la Corée du Sud et le Japon.
La Corée du Nord également récemment multiplié les essais d’armes décrits comme des simulations de frappes « nucléaires tactiques » contre des cibles en Corée du Sud. Séoul et Washington s’attendent à ce que Pyongyang, qui s’estime menacé par les manoeuvres militaires américaines, sud-coréennes et japonaises dans la région, reprenne prochainement ses essais nucléaires ce qui serait le septième. Les tensions ne cessent de d’intensifier dans la péninsule coréenne depuis le début de l’année.
La Corée du Sud a récemment procédé à des exercices à tir réel et les Etats-Unis, leur principal allié, ont déployé un porte-avion nucléaire dans la région afin de procéder à des manoeuvres trilatérales à grande échelle impliquant également Tokyo.
Le mois dernier, la Corée du Nord a par ailleurs déclaré que son statut de puissance nucléaire était « irréversible », fermant définitivement la porte à toute négociation de désarmement, et a fait savoir qu’elle s’autorisait des frappes préventives en cas de menace. « L’incursion du navire marchand et les tirs d’artillerie du Nord démontrent l’absence de consensus concernant la Ligne de limite du Nord », a déclaré à l’AFP Cheong Seong-chang, chercheur à l’Institut Sejong. « Le Nord pourrait plus tard tenter de la rendre caduque avec en toile la confiance qu’il aura, sur un plan militaire, en son arsenal nucléaire tactique », selon lui.
L’échange de tirs de semonce de lundi intervient le jour où la secrétaire d’Etat américaine adjointe, Wendy Sherman, se rend au Japon pour des discussions tripartites avec Tokyo et Séoul, tous deux alliés de Washington, en signe d’unité après la série de tirs de la Corée du Nord. Pyongyang affirme ainsi répondre à des « provocations » de Séoul et a décrit ces essais d’armes comme étant des simulations de « frappes nucléaires tactiques » contre des cibles en Corée du Sud.