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L’accord de libre-échange avec l’UE ou l’arnaque du siècle

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Par Ali El Hadj Tahar

Le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a jeté un pavé dans la mare en affirmant que les accords commerciaux et d’association signés par notre pays, dont le plus important avec l’UE, ont maintenu l’économie nationale «dans un état de dépendance et de consommation continues». Sans donner de détails ni de chiffres sur les effets négatifs de ces accords sur l’économie nationale, le ministre a dit en substance que « La relation économique de l’Algérie avec ses principaux partenaires est régie par des accords commerciaux, nobles en apparence, mais qui ont maintenu, des années après leur mise en vigueur, l’économie nationale dans un état de dépendance et de consommation continues de tout ce qui est importé».
Quant à Ali Bey Nasri, président de l’Association des exportateurs algériens, il a été très critique lors d’un passage sur la Radio nationale, affirmant que sur les 283 milliards de dollars que représente le volume total des importations algériennes des 28 pays de l’Union européenne (entre 2005 et 2017, dans le cadre de l’accord d’association), l’Algérie n’a exporté que 12 milliards de dollars de dérivés du pétrole, soit 4,2% ». À ce fort déséquilibre s’ajoute le fait que sur les 110 clauses inclues dans lesdits accords avec l’UE, cette dernière «n’a respecté que le volet commercial, tandis que la partie relative à la coopération et au transfert de la technologie et à la circulation des personnes, a été négligée», a dénoncé Ali Bey Nasri. Tout en regrettant que ces accords «n’aient pas fait l’objet d’études approfondies, ce qui les a rendus défavorables à l’économie nationale», il estime qu’ils constituent «un désastre pour l’économie nationale».
En effet, la volonté de l’Union européenne de «construire ensemble un espace de paix, de sécurité et de prospérité partagée » n’a pas tardé à se révéler un leurre pour notre pays, qui a ratifié cet accord entré en vigueur le 1er septembre 2005. Alors que le démantèlement total des tarifs douaniers doit aboutir en septembre 2020 à l’établissement de ladite zone de libre-échange entre l’UE et l’Algérie, le ministre du Commerce semble faire marche arrière, d’autant que cet accord jouit d’un faible soutien dans le pays. Par ailleurs, le président Tebboune vient de décider de relancer l’économie par une batterie de mesures commerciales protectionnistes que les citoyens, les travailleurs et les opérateurs économiques publics et privés ont saluées comme étant salutaires.
Plusieurs économistes ont insisté sur l’absurdité desdits accords dans un contexte de désindustrialisation tous azimuts, de bradage des richesses nationales, de désinvestissement … Dix-sept années après l’engagement avec l’UE, la souveraineté économique du pays est menacée et ceux qui craignent pour la crédibilité du pays en cas de nouveau report de ces accords ou leur dénonciation n’ont aucun autre argument à avancer, n’était-ce la qualité des produits qui nous viendraient de l’Europe, sans se soucier de ce qui pourrait les acheter s’il n’a pas de production nationale pour pouvoir les payer.
Tant que l’économie nationale est à 98% dépendante des hydrocarbures, cet accord ne fera que détruire ce qui reste du tissu économique national. Cyniques, certains défenseurs des accords avec l’UE osent même se réjouir que le démantèlement des tarifs douaniers et la libre circulation des marchandises puissent mettre à la disposition du consommateur algérien des biens et des prestations provenant de l’Europe moins chers et de meilleure qualité que les produits locaux. Grands défenseurs de l’import-import, ils ne se soucient ni de la relance de l’appareil de production nationale ni même de la fierté du citoyen, réduit à un tube digestif qui consomme sans se soucier de la provenance du produit, si tant est bien sûr que les recettes du pétrole puissent continuer à remplir les étalages.
A. E. T.

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