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Zaim Bensaci, président du CNCpme au Courrier d’Algérie : « Les pouvoirs publics ont répondu en partie aux demandes pressantes des chefs d’entreprises »

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Le Courrier d’Algérie : Plusieurs mesures ont été prises dans la loi de finances complémentaire 2015 pour encourager les PME productrices. Certains professionnels doutent de la concrétisation de ces mesures et pour cause les dispositions précédentes n’ont pas abouti sur le terrain. Sachant que le Conseil national consultatif (CNC) de la PME a recommandé, en décembre 2014, d’introduire de nouvelles mesures destinées à promouvoir les PME pour réduire la facture d’importation et diversifier les exportations dans une conjoncture incertaine marquée par une chute des prix du pétrole. Est-ce que cette recommandation a été prise en considération par les pouvoirs publics ?
Zaim Bensaci : Les recommandations faites en décembre 2014 ne peuvent être concrétisées dans le délai. Néanmoins, notre ministère semble avoir pris conscience de l’importance et de l’urgence signalée pour mettre en place les mesures minimales devant servir à une amélioration qualitative de l’environnement des affaires dans les domaines de l’investissement en général, et celui de la promotion de la PME. À ce titre, je peux citer l’élaboration de plusieurs études sur l’état de notre tissu industriel, le projet de la nouvelle loi régissant l’investissement finalisé et soumis aux autorités responsables, l’élaboration d’une charte pour encadrer le partenariat public-privé, charte qui doit encadrer le partenariat entre les entreprises publiques et le secteur privé qu’il soit national ou étranger, la mise en place d’un cadre en vue de la substitution à l’importation dans différents domaines, la possibilité pour les entreprises publiques de nouer des partenariats avec le secteur privé, la possibilité de voir une ouverture du capital des nouveaux groupes industriels à des entreprises privées nationales ou étrangères, une réflexion profonde sur les aménagements nécessaires pour donner au programme national de mise à niveau toute l’efficacité lui permettant la réalisation des objectifs ambitieux et généreux que les pouvoirs publics lui ont assignés. Les pouvoirs publics ont répondu en partie aux demandes pressantes des chefs d’entreprises de production par l’amélioration introduites par la loi de finances complémentaire pour 2015.
Amélioration de la fiscalité, ajustement à la production nationale des produits entrant dans le cadre de l’exécution des marchés publics en réponse à la notion de patriotisme économique Une certaine clarification du code pénal, allant vers un allégement de la pénalisation de l’acte de gestion Une première mesure pour combattre les opérations informelles et amener les capitaux de ce marché à intégrer le cadre formel.

Qu’en est-il actuellement du programme de mise à niveau ?
Comme je l’ai dit à maintes reprises, l’exécution du PNMAN n’a pas répondu aux nobles ambitions attendues d’un tel programme. Il semble que nos autorités conscientes de cette situation, ont pris le taureau par les cornes, et s’attachent à combler les lacunes ayant entravé une mise en œuvre efficace d’un tel outil. En effet, tel qu’il est conçu, il ne peut, à mon avis, répondre à l’ambition mise en lui, par les pouvoirs publics dans le sens où tant dans sa conception que dans son exécution les mesures adoptées sont inadaptées aux nécessités du terrain. En effet le PNMAN ambitieux par le nombre de PME à mettre à niveau et générateur par l’enveloppe financière prévue à cet effet, après une décade, tout expert peut constater que les résultats sont pour le moins décevants, le manque de résultats est dû à plusieurs causes.
Au niveau de l’approche, les mesures contenues dans le PNMAN ne correspondent pas aux conditions de redressement de la situation existante, et les objectifs fixés par les PP sont condamnés à rester à l’état de vœux pieux.
Il nous semble que l’on peut donner le même remède à toutes les PME, tant elles sont diversifiées dans leur spécialisation, leur envergure et leurs productions.
Ce remède ne peut amener un plus que s’il supplée à certaines réalités négatives de la situation économique actuelle, mettre en place des locomotives pour une accélération de la densification du tissu des PME. Répondre aux sollicitations issues tant des vœux de la population que de la volonté politique d’une gouvernance économique locale, dans le cadre d’un développement harmonieux de toutes les régions en Algérie.
Les textes devront être assez clairs et assez précis pour ne pas prêter à différentes interprétations aux différents stades de leur exécution, interprétation, toujours sources de retards, sinon de blocage. En conséquence, en plus de la conception d’un cadre et de mesures plus ambitieux et plus courageux la réussite d’un tel programme ne peut pas faire de l’impasse sur la mise en place de nouveaux traitements différenciés et de procédures découlant de la nature et de l’horizon correctement apprécié des différentes PME.
Au niveau des structures mises en place pour l’exécution de ce programme, vu l’urgence affichée et l’efficacité attendue de ce programme, les structures chargées de la mise en place du PNAM pêchent par leur nature juridique que lui impose une gestion lourde administrativement, ne permettant aucune souplesse et adaptation lui permettant de réagir positivement face à des obstacles de conjoncture. Cette rigidité lui impose d’aborder leurs travaux avec esprit trop administratif et trop restrictif condamnant ce programme à l’échec alors que cet organisme est censé constituer un moteur par son action, sa contribution, et son savoir-faire pour trouver des solutions en cas de problèmes et ne pas être figé par des situations qui peuvent être bloquantes, cet organisme n’a pas assez de souplesse et d’autonomie pour y remédier.
Il y a des propositions et pistes en vue sinon débloquer la situation au moins de dynamiser et accélérer la mise en œuvre de ce programme. Reconsidérer les critères et les conditions d’éligibilité au PNAM répondant plus à la réalité du terrain, et aux véritables besoins qui ne peuvent être que différents pour chacune des entreprises candidates et que seul un véritable diagnostic au cas par cas peut évaluer.
Redéfinir les structures chargées de la mise en œuvre du PNAM telle l’ANDPME tant dans leur statut que dans leur organisation et effectifs pour leur permettre d’avoir le maximum de facultés d’adaptation leur permettant une gestion dynamique et ne pas en faire des outils rigides se grippant par la présence de simples grains de sable
Il faut revoir la composition humaine des structures chargées de la mise en œuvre du programme.
Au niveau de l’éligibilité, les personnes chargées de l’étude des dossiers doivent avoir les capacités nécessaires pour faire des études de dossiers rapides et avoir la certitude nécessaire dans la réussite de ce programme. En se focalisant sur le paramètre et critères en faveur de la réussite de ce programme et ne pas se perdre dans des doutes portant préjudice à la vitesse de traitement.
Au niveau de la conviction de l’opportunité et de succès de ce programme, les raisons bloquantes, invoquées par certaines structures pas trop bureaucratiques et routinières peuvent paraitre valables si l’on se trouvait dans une situation économique viable pour le pays. Or, les remèdes présentés doivent être considérés comme exceptionnels, comme étant les seuls à mettre en place pour satisfaire les ambitions des pouvoirs publics et être appréciés comme une nécessité absolue dans une situation de «vie ou de mort».
Au niveau de l’approche, penser à trouver des solutions aux situations bloquées en adoptant les attitudes nouvelles et productives en contradiction avec l’approche administrative classique.
Au niveau de la prise de risque, le risque zéro n’existe pas. Le risque de voir des entreprises faire défaut après l’étape du diagnostic existe. Au niveau de l’approche et des procédures, le même remède ne peut être efficace pour tous. Pour cela les approches et procédures doivent être différenciées par une certaine priorisation commandée par la dimension des PME, le secteur d’activité (production en substitution à l’importation, sous-traitance industrielle, à fort degré d’innovation, création d’emplois, à haute valeur ajoutée, tournées vers l’innovation).
Par la mise en place de procédures simples et efficaces
Par l’obligation d’assiduité de membres des structures chargées de l’exécution du programme pour éviter, en cas d’absence, à revenir sur ce qui a été déjà étudié.
Par un développement optimal des structures permanentes telles l’ANDPME chargées de la mise en place de ce programme

Plusieurs mesures ont été annoncées dans ce sens surtout lors de la dernière tripartite. Est-ce que ces mesures commencent à être concrétisées sur le terrain ?
Tout ce que j’ai avancé ci-dessus va dans le sens d’une prise en charge des résolutions prises

Renforcer la compétitivité des PME à travers des mises à niveau de «qualité» est nécessaire, estimez-vous. Pouvez-vous expliquer cela ?
En plus d’une approche quantitative, il convient de s’attacher à une prise en charge qualitative de la mise à niveau de PME à travers un traitement au cas par cas des entreprises à mettre à niveau tant ces dernières sont différentes par leur secteur d’activités leur taille, leurs besoins et leur impact sur le tissu industriel etc… Une priorisation des secteurs et des entreprises à traiter.
Entretien réalisé par I. B.

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