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TRANSPORT EN COMMUN DES ENTREPRISES PRIVÉES : Le règne de l’anarchie

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En l’absence d’organisation, de contrôle et de professionnalisme, l’anarchie règne dans le milieu des transports en commun. Alors que les autorités sont quasi absentes, les propriétaires de ces bus privés imposent leur diktat au simple citoyen, souvent confronté à toutes sortes de mésaventures au cours de son trajet quotidien soit-il ou occasionnel.

Il suffit d’emprunter une seule fois un bus privé reliant certaines banlieues d’Alger pour constater l’ampleur de cette anarchie qui ne fait que s’accentuer d’année en année et ce à travers le territoire national. Agressions, vols, conduite dangereuse, les risquent auxquels font face les voyageurs sont en effet multiples, au moment où rien n’est fait pour changer la situation et ou l’impunité prend largement place.

Quand les chauffeurs font la loi
Les usagers des transports en commun ne sont souvent pas maîtres de leur temps. Si l’on décide en effet de prendre un bus privé, l’on doit surtout s’armer de patience car l’on risque d’attendre longtemps voire très longtemps pour que ce dernier daigne démarrer. Non seulement les chauffeurs attendent à ce que toutes les places soient occupées, mais en plus, à ce qu’il y ait le plus de monde possible debout et ce à l’encontre des normes imposées notamment pour les petits cars. Cette pratique très répandue au milieu des transports en commun privés, continue de provoquer l’ire et la colère des voyageurs qui n’hésitent pas à faire des remarques mais à bon entendeur, car les répliques qu’ils reçoivent sont souvent: « si cela ne vous plait pas, prenez un taxi ». Ou encore : «c’est ça le transport, on ne peut rien faire pour vous».  En période des grandes vacances et de chaleur, c’est encore pire, car moins il y a du monde plus le temps d’attente est long. Mais ce n’est pas tout, la vie des passagers est carrément mise en danger en raison du comportement inconscient et irresponsable des chauffeurs de bus. Ces derniers s’adonnent à des courses entre eux, en plein trajet, en faisant des dépassements dangereux avec des vitesses dépassant la limite autorisée. L’objectif est de ramasser le plus de monde possible avant l’arrivée des autres, mais à quel prix! L’on relève aussi que la distribution des tickets de transport se fait à leur guise. Ils ne le font qu’en cas seulement de présence de barrage de police pour éviter les amendes et les sanctions. Sinon quand les passagers réclament ces tickets, ils font semblant de ne rien entendre ou ripostent de manière virulente. Cela sans parler des stationnements anarchiques, causant des embouteillages monstres, ou encore le non-respect des stations malgré les multiples réclamations des passagers.

Agressions, vols, injures et bagarres : les maîtres mots
Au cours d’un simple trajet, tout peut arriver. Des femmes se font agresser, et insulter parce qu’elles ont osé dénoncer un comportement malsain, parfois même violenter, au su et au vu de tous les passagers, alors que les propriétaires de bus restent totalement passifs. Il n’est pas possible de parler de ce phénomène sans évoquer l’histoire, largement relayée sur les réseaux sociaux, de cette jeune fille agressée, le mois d’aout passé, par deux jeunes hommes dans un bus assurant Béjaïa-Sétif. La scène s’est donc passée quand un jeune homme, accompagné de son ami, a essayé d’abuser de la jeune femme en procédant ostensiblement à des attouchements. La femme en question a riposté provoquant un échange verbal violent. Ayant tenté de résister à son agresseur, elle finit par recevoir un coup de tête dans la figure; ce qui a provoqué un saignement abondant, en présence des voyageurs qui n’ont rien fait pour lui venir en aide. Le propriétaire du bus n’a, quant à lui, pas réagi sauf pour faire sortir le jeune et son complice. Ceci n’est qu’un petit exemple de ce qui se produit, en effet, à bord de ces véhicules. Parfois, c’est plus dramatique comme ce fut le cas, à Constantine, où un policier en tenue civile a carrément perdu la vie en se faisant poignarder alors qu’il tentait de neutraliser un repris de justice en train de menacer les passagers avec une arme blanche. Ce malheureux incident avait provoqué une vague d’indignation et de colère contre l’insécurité. Mais il n’y a malheureusement pas que cela, les pickpockets se font quant à eux, des fortunes à travers le vol de téléphones portables, de portes monnaies, de bijoux et de tout autre objet pouvant avoir de la valeur. Souvent munis d’armes blanches, ces derniers prennent très vite la fuite, sans laisser le temps à leur victime de les apercevoir pour un éventuel dépôt de plainte dans les commissariats. Dans ces bus de fortune, les bagarres entre passagers, passagers-chauffeurs, ou passagers- receveurs sont également monnaie courante. Parfois, quand les disputes sont très violentes, l’on passe carrément aux mains, devant la plus grande indifférence des propriétaires des bus.

Des bus vétustes et très polluants en circulation
Les bus dégradés continuent d’assurer le transport des voyageurs dans la capitale, et dans les autres villes du pays, et ce en dépit des dangers encourus que ce soit pour les passagers que pour l’environnement. Alors que ni le ministère des Transports, ni celui de l’Environnement n’ont manifesté de réelles attentions pour remédier à la situation. Les passagers restent le maillon faible de la chaine. En effet, en plus du bruit assourdissant de leurs moteurs, ces véhicules vétustes ne sont pas confortables et n’assurent pas le minimum de sécurité. Avec des sièges, des vitres, et parfois même des portes cassées, ces bus continuent de circuler le plus normalement du monde au lieu d’être carrément à la casse. Le manque de propreté est également à relever, sans parler des odeurs nauséabondes et étouffantes qui y prolifèrent, sans que cela ne dérange les propriétaires car préoccupés que par la recette de leur journée. Il est très important de mentionner, d’autre part, que ces transports en commun ne sont dotés d’aucune spécificité permettant de déplacer ou de transporter des personnes aux besoins spécifiques, d’enfants ou de femmes enceintes. Même si c’est le cas, notamment, pour les grands bus de l’Etusa, elles sont dans la plupart des cas isolées voire ignorées.

Les trains, métros et tramways : ce n’est pas non plus parfait !
Il est important de souligner qu’outre les transports en communs privés, ceux relevant du secteur étatique, ne sont pas aussi organisés comme il se doit. Les usagers de trains, métros ou tramways, déplorent souvent le manque de professionnalisme des sociétés qui gèrent ces moyens de transports. Les passagers se retrouvent souvent pénalisés sans être informés au préalable. C’est le cas notamment pour le transport ferroviaire qui, malgré la forte demande, connait des suspensions surprises surtout lors des heures de pointes. Idem pour le tramway et parfois le métro qui n’informent pas leurs usagers d’un éventuel retard ou arrêt pour des raisons techniques ou autres. L’insécurité est un phénomène qui n’épargne pas non plus ce secteur des transports étatiques. L’on citera, à juste titre, le caillassage de trains qui prend de l’ampleur aux quatre coins du pays, faisant des victimes et occasionnant des dégâts matériels considérables.

Les bus de l’ETUSA pour absorber la forte demande
En plus de la nécessité urgente d’organiser le secteur des transports urbains relevant du privé mais aussi de l’étatique, et d’améliorer leurs services, les autorités sont appelés à mettre en circulation plus de moyens de transports notamment de bus relevant de l’Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger (ETUSA). Ceci, pour absorber la forte demande qui ne cesse de s’accroître que le secteur privé n’arrive pas à gérer, sachant qu’une telle mesure serait, surtout, rentable pour l’ETUSA, si toutefois les prix du transport soient concurrentiels. Pour remédier au problème plus sérieux de l’insécurité, de grands moyens doivent être déployés, nécessitant surtout une volonté politique.
Ania Nait Chalal

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