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Syrie : Des kamikazes de l’EI attaquent les gens fuyant le dernier réduit

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Le groupe Etat islamique (EI), sur le point d’être défait en Syrie, a lancé vendredi trois attaques suicide contre des personnes fuyant son ultime réduit dans le pays en guerre, tuant au moins six d’entre elles.

Ces victimes sont les dernières en date dans le conflit syrien entré dans sa neuvième année avec un bilan dépassant les 370.000 morts. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par une coalition internationale conduite par les Etats-Unis, tentent de briser les dernières défenses des irréductibles de l’EI, acculés dans un bout de terre du village de Baghouz, aux confins orientaux de la Syrie. Le «califat» autoproclamé par l’EI en 2014 sur de vastes territoires à cheval entre l’Irak et la Syrie n’est plus qu’un campement fait de tunnels et de tentes au bord du fleuve Euphrate. Mais le groupe jihadiste, responsable d’atrocités et de nombreux attentats sanglants, a de nouveau frappé. Trois kamikazes de l’EI se sont faufilés parmi les personnes fuyant le réduit et se sont fait exploser en trois endroits différents, selon un responsable des FDS Mustefa Bali. «Un kamikaze, caché parmi ceux qui fuyaient, s’est fait exploser, tuant au moins six personnes, des membres des familles de jihadistes», alors qu’ils empruntaient le passage ouvert par les FDS, a indiqué Jiaker Amed, un porte-parole des FDS.

Assaut ralenti
Au même moment, deux autres kamikazes ont fait détoner leurs bombes contre des rassemblements de déplacés près des positions des FDS, à deux autres points du passage, blessant légèrement trois combattants des FDS, a-t-il ajouté. C’est la première fois que l’EI cible des rassemblements de personnes fuyant son dernier réduit, la grande majorité présentée comme des familles de jihadistes. Vendredi, des centaines de jihadistes et de leurs familles ont encore pris la fuite, selon M. Amed. Depuis lundi, plus de 4.000 personnes en grande partie des jihadistes sont sortis du réduit, selon les FDS. Outre les contre-attaques jihadistes, l’assaut final des FDS, lancé à nouveau dimanche, a surtout été ralenti par le flot d’hommes, de femmes et d’enfants quittant, souvent blessés et affamés, le réduit. Dans la journée, le bruit des avions de combat de la coalition internationale a résonné dans le ciel sur la ligne de front, mais les tirs de mitrailleuses et de roquettes ont quasiment cessé, a constaté un correspondant de l’AFP. Les FDS «consolident leurs positions et effectuent des relèves des troupes sur le front», selon M. Amed. Plus tôt dans la journée, il s’est dit incapable d’évaluer le nombre de personnes encore présentes dans le lambeau de califat. «Ceux qui restent ont toujours un attachement très fort à l’idéologie (de l’EI). Il y a beaucoup de kamikazes prêts à résister jusqu’au bout». D’après un dernier décompte établi par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), quelque 60.000 personnes sont sorties de la poche jihadiste depuis décembre. Une sur dix serait un jihadiste. Les jihadistes sont arrêtés par les FDS et détenus. Les femmes et les enfants sont transférés par camions vers le camp de déplacés d’Al-Hol (nord-est). Parmi eux, de nombreux étrangers que les FDS et les Etats-Unis souhaitent voir rentrer dans leur pays d’origine. La France a annoncé avoir rapatrié «plusieurs» enfants de jihadistes, «orphelins et isolés, âgés de 5 ans et moins» qui se trouvaient dans les camps de déplacés.

Guerre complexe
La dernière phase de la bataille contre l’EI est l’un des aspects de la guerre complexe en Syrie. Déclenché avec la répression sanglante par le régime de manifestations prodémocratie pacifiques à Deraa (sud) puis à Damas, le 15 mars 2011, le conflit implique désormais des groupes rebelles, des mouvements jihadistes et des puissances étrangères sur un territoire morcelé. Il a coûté la vie à plus de 370.000 personnes, dont 112.623 civils y compris plus de 21.000 enfants et 13.000 femmes, d’après le dernier bilan de l’OSDH. Il a aussi chassé de leur foyer plus de la moitié des quelque 23 millions que comptait le pays avant-guerre. Les ONG dénoncent toujours les atteintes aux droits humains perpétrées par le régime de Bachar al-Assad, dont la famille est au pouvoir depuis 1971, accusé d’attaques chimiques meurtrières, mais aussi de tortures et d’arrestations arbitraires. Grâce à l’appui de ses alliés russe et iranien, le régime a reconquis près des deux tiers du territoire. La guerre a entraîné des destructions évaluées à 400 milliards de dollars. A Bruxelles, une conférence des donateurs a permis d’engranger près de 7 milliards de dollars pour aider les réfugiés, mais le déblocage des fonds pour la reconstruction a été conditionné à un processus de paix crédible.

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