C’est un moyen de protection contre le Covid-19 indispensable en ces temps de crise sanitaire dans le pays et dans le monde en général. Car, il s’agit de préserver la santé et du porteur et d’autrui contre la pandémie mortelle. C’est ce qui a poussé les autorités publiques à rendre son port obligatoire tout en plafonnant son prix afin qu’il soit à la portée du grand public.
En effet, le port du masque de protection est désormais obligatoire en toutes circonstances dans les espaces publics fermés ou ouverts, et le défaut de port sera sanctionné, a sermonné le gouvernement. Ces dispositifs de protection, fabriqués localement, seront « disponibles en grande quantité et leur prix sera plafonné à 40 DA l’unité », ont affirmé les autorités publiques à ce propos, avant d’annoncer le lancement d’une campagne de distribution gratuite de masques alternatifs grand public dans toutes les wilayas du pays.
Dans une déclaration à l’APS, le directeur de l’artisanat au ministère du Tourisme, Redouane Benatallah, a annoncé que des artisans contribueront à l’augmentation des capacités de production des bavettes à 10 millions unités/mois au niveau national, à même de fournir ce produit de prévention en quantités suffisantes. « Plus de 75 000 artisans couturiers, dont des femmes au foyer, ont exprimé leur disponibilité à participer à la production des bavettes multi-usages et lavables dans le souci d’endiguer la propagation du Covid-19 et de les fournir en quantités suffisantes et à des prix raisonnables au niveau des marchés, et ce, après le déconfinement», a fait savoir ce responsable du Tourisme. L’objectif visé étant de garantir la disponibilité des masques sur le marché à tous les pans de la société, avec un prix raisonnable qui soit à la portée des citoyens de toutes les couches sociales. C’est-à-dire, les prix ne doivent aucunement dépasser le plafond fixé à 40 dinars/unité. Qu’en est-il justement du suivi des annonces sur le terrain ? Le masque est-il disponible en quantités suffisantes ? Et les prix, sont-ils à la portée de l’acheteur ?
Les prix varient d’une officine à une autre
Hier matin, lors d’une virée faite à Alger-centre et la Place du 1er Mai, nous avons cherché à connaître les prix des masques destinés au grand public. Notamment, après que son port est devenu obligatoire. D’ailleurs, le non-respect de cette disposition est considéré comme une « violation des lois de la République ». Le contrevenant est passible de poursuites pour délit de mise en danger de la santé d’autrui et risque donc une peine de prison et une amende située entre 10 000 et 20 000 dinars. Dans une première pharmacie sise à la Rue du 1er Novembre de la Place des Martyrs : Une longue chaîne où les clients, femmes et hommes, semblent en respect de la distanciation sociale et des gestes barrières contre le Covid-19. Chacun porte le masque de sécurité sanitaire. Approchée en citoyen lambda, la vendeuse s’est excusée auprès de nous. «Pardon madame ! Nous ne disposons pas de bavettes et masques simples car il y a un manque de ce produit », dit-elle, tout en nous proposant un autre modèle de masques. « Celui-ci, lavable, est de type FFP2 (destiné aux professionnels, ndlr). Il coûte 650 DA », lance-t-elle.
Au sortir de cette pharmacie les mains vides, nous nous sommes dirigés à Khelifa Boukhalfa, chez une pharmacie très connue auprès des Algérois. Il y avait 4 personnes dans la pharmacie. Notre tour arrivé, nous avons demandé les types de masques qui existent dans cette officine. Le vendeur sort deux modèles destinés au grand public cédés à 70 DA l’unité, et un masque du type FFP2 dont le prix est à … 500 DA.
Surpris par ces prix qui ne correspondent pas à ceux fixés par les autorités et annoncés une semaine avant, nous quittons Meissonnier pour un quartier, plus populaire cette fois-ci. Rue Mohamed Belouizded, au 1er Mai, place de la grande avenue située pas loin du ministère de la Jeunesse et des Sports. Une petite pharmacie qui suit les mesures barrières contre la propagation du Coronavirus, et les applique sur ses clients. Après le passage de quatre personnes. Nous demandons les prix des bavettes. « 80 dinars », répond un vendeur qui prend le soin de suggérer une panoplie de différents modèles du produit… sous de différentes couleurs même. Un peu de temps auparavant, chez une pharmacie de la Grande-poste, sise à l’une des entrées de la bouche du Métro d’Alger, les masques destinés au grand public coûtent 60 DA, a-t-on constaté.
Les citoyens mécontents
Par ailleurs, en ce troisième jour après la fête de l’Aïd el Fitr, les rues d’Alger centre grouillaient de piétons et d’automobilistes. Une impression : comme si les Algérois étaient emprisonnés et venaient de quitter la prison. Point positif : tout le monde portait le masque de protection et évitait de se rapprocher les uns des autres. Les gens se saluent et s’échangent les vœux de la fête de l’Aïd, de loin, ou en se frottant les coudes. Voilà qui est bien !
Approchée, une femme, qui venait de sortir d’une épicerie, le sac à main dans la main et deux baguettes de pain dans l’autre, pour savoir si elle porte souvent le masque et que pense-t-elle des prix de ce produit. « Bien sûr ! Je n’enlève jamais mon masque quand je sort, c’est ma protection. C’est plus encore maintenant après qu’il devienne obligatoire. Pour les prix, je ne trouve pas des masques à 40 DA comme annoncé à la Télévision. Mon masque ? Je l’ai acheté a 100 DA », témoigne-t-elle. C’est trop cher ! Les pharmaciens gagnent beaucoup (d’argent, ndlr) !», tonne notre interlocutrice. Une autre personne, un homme rencontré à la Grand-poste, n’a pas caché son mécontentement sur les prix pratiqués. « Ils sont chers, il faut le dire. Je ne sais pas qui est responsable de ça, mais je pense que c’est le fournisseur. Il faut que l’État prenne des mesures à ce sujet. Comme elle sanctionne les citoyens qui ne portent pas de bavettes, elle doit faire la même chose pour les pharmacies qui ne les vendent pas à 40 DA », dénonce comme suggère-t-il à ce sujet.
Une disponibilité « à grande échelle » ?
Pour rappel, le gouvernement a décidé de rendre strictement obligatoire le port des masques dans l’espace public à partir du premier jour de l’Aïd El-Fitr, afin de mieux juguler la propagation du Coronavirus (Covid-19) durant cette période très favorable aux regroupements, aux déplacements et aux contacts directs de gens. « L’entrée dans les espaces et autres lieux publics tels que les marchés couverts, les souks, les cimetières, les parkings et les magasins, etc… est formellement interdite sans port de masque et respect de la distanciation physique », a-t-on précisé. Le gouvernement a affirmé, en conséquence, que ces masques seront disponibles « à grande échelle » et leur distribution aux citoyens sera assurée à travers les structures, comités et associations de la société civile. Le gouvernement « compte beaucoup sur la vigilance, la conscience et la solidarité de la population en cette phase de mobilisation citoyenne contre l’expansion du Coronavirus », ainsi les autorités ont fait appel au sens de la responsabilité individuelle et collective et à l’extrême vigilance des citoyens et les exhorte au respect des consignes de sécurité. Si maintenant un tel dispositif est à saluer tant il vise à épargner le danger sanitaire à la population, il n’en demeure pas moins que des mesures pratiques doivent s’en suivirent. C’est-à-dire : et la disponibilité des masques et le prix qui ne doit pas dépasser les 40 DA.
Sarah Oubraham